Dans la série des Glises : Saint Alban de Roche
Historiquement, Saint-Alban-de-Roche sâest Ă©tabli au bord dâune importante voie romaine, la via Agrippa qui, venant de Vienne se dirigeait vers Bourgoin avant de gagner lâItalie.
De 1030 Ă 1355, Saint-Alban-de-Roche fit partie dâune enclave savoyarde en terre dauphinoise et fut souvent le thĂ©Ăątre de conflits delphino-savoyards demeurĂ©s cĂ©lĂšbresâŠ
Au Moyen Ăge, le village sâest dĂ©veloppĂ© Ă lâintĂ©rieur de remparts, autour dâun chĂąteau dĂ©pendant des seigneurs de Maubec et dâune Ă©glise dĂ©diĂ©e Ă Alban, martyr chrĂ©tien dĂ©capitĂ© en Angleterre en 303 et dont lâaspect actuel date de 1841. La maison-forte de Gramond et son pigeonnier couvert de lauzes (xve siĂšcle), celle de la GavotiĂšre (xviie siĂšcle) ou encore la maison-forte du Rousset dite Villa Rose complĂštent un patrimoine de chemins, des lavoirs et des fontaines, ainsi que de belles demeures en pierre du pays.
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Avant que les vieilles pierres fassent le charme de ce village, avant que les seigneurs ne saignent, avant, avant⊠il y avait ici dĂ©jĂ des constructions, sommaires, certes, en bois et boue principalement, ok, mais des gens habitaient ici et ne se souciaient pas trop de lâavenir mouvementĂ© que connaitra ce village avec les batailles et les martyrs.
Ces gens Ă©taient dĂ©jĂ appelĂ©s « seins dâAlbanĂ©e ». Lâorigine et la signification de ce gentilĂ© sont parfaitement connues bien que souvent tues. Vous ne trouverez nulle part la vĂ©ritable histoire du peuple qui sâĂ©panoui ici et dâAlbanĂ©e, leur mĂšre Ă tous.
Alors pour vous, qui aimez trouver de petits trésors, la voici :
Nous sommes aux alentours dâavant la naissance du rĂ©fĂ©rent datation occidental. En la ville de ViĂšna, dans une maison sur les hauteurs, construite par GĂ©oplĂ©e et ses cousins, naĂźt AlbanĂ©e.
Seule fille parmi cinq enfants elle est rapidement promise Ă un marchand local qui, fortunĂ© mais agĂ©, lui aurait apportĂ© tout ce dont elle aurait eu besoin. Mais elle, elle veut sâoccuper des petits. Pas devenir une marchande.
Vous vous en doutez, cela ne se passa pas comme prévu.
AlbanĂ©e nâen faisait quâĂ sa tĂȘte, bien faite, trop, pour se laisser dicter sa vie. Alors, quelques jours avant ses Ă©pousailles, elle fila avec un jeune paysan du coin avec qui elle flirtait depuis quâelle savait marcher, gambader, batifoler et avec qui elle projetait dâavoir un milliard de bĂ©bĂ©s (oui, dans les rĂȘves de jeunesse on voit grand parfois). Cela ne surpris personne dans la famille et rien ne fut entrepris pour lui courir aprĂšs. On dĂ©dommagea le marchand, sâexcusa platement, puis la vie repris son cours.
Un enfant de perdu dix de retrouvĂ©s⊠une fille qui plus est⊠Câest triste, mais câĂ©tait comme cela dans cette famille dont on oubliera vite le nom. Je ne mâĂ©talerai pas sur les frĂšres non plus qui firent des unions plus ou moins douteuses et calculĂ©es mais qui, mystĂ©rieusement nâeurent, aucun, jamais de descendance. On parle ici dâune malĂ©diction mais jâai dit que je ne mâĂ©talerai pas.
Lâabandon de ses parents fit la joie dâAlbanĂ©e qui sâinstalla avec son chĂ©ri un peu plus loin vers Bourgoin-Jallieu, pas encore appelĂ©e ainsi, mais câest une autre histoire.
En bordure de plateau, sur les hauteurs de la mer dâoĂč on pouvait apercevoir lâĂźle dâAbo (voir GC9H0FH) par jour clair, AlbanĂ©e et Thomas fondĂšrent leur petite famille. Et quand je dis « petite », souvenez-vous des projets de notre hĂ©roĂŻneâŠ
Ils travaillaient aux champs, aux bĂȘtes (principalement des poules et des chĂšvres) et surtout pour AlbanĂ©e, aux enfants. Elle sâĂ©tait dĂ©couverte une vocation pour la maternitĂ© et lâĂ©levage de petits dâhommes. Jouer Ă la poupĂ©e avait Ă©tĂ© une chose, voir son ventre pousser, pousser et donner la vie en Ă©tait une autre. Formidable. La nature la prĂ©disposait surement aussi un peu, mais quand on a ça dans le sang, câest mieux. AlbanĂ©e enfantait donc chaque annĂ©e dans la joie.
Notez quâen ces temps reculĂ©s, alors que les romains ne foulaient pas encore les chemins et fermiĂšres de la rĂ©gion, enfanter Ă tout va nâĂ©tait ni courant ni signe dâune longĂ©vitĂ© particuliĂšre. Leur voisine, HĂ©mĂ©die, par exemple mit deux fils au monde et sâen fut pour le troisiĂšme, Ă lâĂąge dâĂ peu prĂšs dix-neuf ans seulement. Elle avait commencĂ© sur le tard il faut dire. Une autre amie dâAlbanĂ©e, GĂ©ronse, faillit perdre son deuxiĂšme bout de chou et ne sâen remit pas Ă tel point quâelle dĂ©cida de ne plus partager la couche de son mari ni des voyageurs de passage.
Câest Ă ce moment-lĂ que la lĂ©gende dâAlbanĂ©e commença Ă sâĂ©crire. Elle fit la nourrice des enfants de ses voisins et amis. A tel point que dâadoption en adoption, de couche en couche, ce furent bientĂŽt pas moins de vingt-trois enfants qui vivaient dans la ferme. De seize ans Ă tout bĂ©bĂ©, les bouches et les bras se multipliaient.
Puis Albanée et son mari décidÚrent que cela suffisait. Ils cessÚrent de se reproduire, mais Albanée continua de nourrir et faire pousser les enfants des autres. Et deux de ses filles reprirent sa suite en partageant leurs seins que dame nature avait fait productifs.
Vous lâaurez compris, tout le village, rapidement, Ă©tait passĂ© par les seins dâAlbanĂ©e.