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Dans la série des Glises : Domarin
Lorsque jâai commencĂ© la sĂ©rie des Glises, je nâavais pas pris la mesure de la tĂąche. Mon objectif est de faire dĂ©couvrir ces bĂątiments cultuels ou culturels de notre patrimoine. Les beaux Ă©difices comme les moins jolis. Souvent ces Glises sont situĂ©es en hauteur et permettent dâavoir un joli point de vue sur les ouailles. Lâhistoire locale est souvent riche de lĂ©gendes enrubannĂ©es, parfumĂ©es, enjolivĂ©es ou encore toutes inventĂ©es. Mes prĂ©fĂ©rĂ©es.
Vous ĂȘtes ici Ă la Glise de Domarin. Comme dirait Pelo : « Domarin est une commune française situĂ©e dans le dĂ©partement de l'IsĂšre en rĂ©gion Auvergne-RhĂŽne-Alpes. »
Mais savez-vous dâoĂč vient ce nom Ă©trange ?
Au temps jadis du quaternaire, alors que les glaciers creusaient la vallĂ©e, que les Ă©toiles brillaient et que les oiseaux chantaient, un homme habile fort et musclĂ© du ciboulot habitait en face, sur lâisle aux moutons avec sa tribu. Ils Ă©taient bergers mais surtout pĂȘcheurs et se nourrissaient de moutons, forcĂ©ment, de poissons, de lait et de tout ce qui leur tombait sous la main. Abo Ă©tait le nom auquel il rĂ©pondait. Il aimait garder ses moutons et tailler des bouts dâos. Sa fantaisie Ă©tait de souffler dans ces os pour faire des sons.
Mais vous vous en doutez, cela ne plaisait pas Ă tout le monde. Certes, les trois autres hommes vaillants de la tribu Ă©taient plutĂŽt des pĂȘcheurs, mais mĂȘme sur les plages de lâisle ils entendaient les sons dâAbo et de son flutiau. Ils pensaient que cela faisait fuir le poisson.
Les femmes du village, elles, Ă©taient sous le charme de ce beau berger. Alors Abo Ă©tait Ă chaque dispute celui qui avait raison. Il nourrissait plus le village que les pĂȘcheurs, les habillait pour lâhiver et son cĂŽtĂ© « artiste » lui confĂ©rait des charmes supplĂ©mentaires. Les mauvaises langues disaient quâil ensorcelait tant ses moutons que les habitantes du village.
Rapidement il se rendit compte du pouvoir de sa magie. Il dĂ©veloppa des mĂ©lodies pour regrouper les moutons, faire chanter les femmes, rythmer la vie de la tribu. Il arriva mĂȘme Ă trouver les notes pour apaiser les pĂȘcheurs et faire venir le poisson dans leurs filets. Il comprit que les moutons pouvaient se garder presque seuls et que les enfants y parviendraient. Alors il se perfectionna dans lâart ancestral de la pĂȘche, Ă savoir lancer des filets et les remonter en espĂ©rant avoir des prises. Mais il poussa plus loin. En taillant un gros tronc il parvint Ă se construire une embarcation. La premiĂšre du coin.
Son succĂšs nâen fut que plus grand et il fut imitĂ© par les autres. Petit Ă petit les hommes du village et quelques femmes aussi, partaient au lever du jour, sur des grosses buches, pour pĂȘcher plus au large. Les prises Ă©taient de taille. Largement assez pour le village. Une sorte de commerce sâorganisa avec les tribus alentours.
Mais tant de fortune attira convoitises et haines de la part des autres tribus. LâIsle dâAbo devint le village Ă abattre.
Le pauvre Abo connu alors la mĂ©chancetĂ© de sa propre tribu ; voyant que son succĂšs Ă©tait aussi la cause de leurs ennuis, et prĂ©fĂ©rant vivre petitement plutĂŽt que dans le luxe enviĂ©, ils lâexilĂšrent lui et son flutiau, sur la colline dâen face.
On raconte que câest en mĂ©moire de ses talents de flutiste et de marin que la commune qui fut crĂ©Ă©e Ă la place de sa cabane dâermite fut nommĂ©e le Do-Marin.
La boite se trouve au dos dâun carrĂ©.