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Les 1001 visages de la rue Claude Pouillet Traditional Cache

Hidden : 4/18/2025
Difficulty:
1 out of 5
Terrain:
1.5 out of 5

Size: Size:   small (small)

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Geocache Description:


La courte et modeste rue Claude Pouillet cache bien son jeu. Sous ses airs discrets, elle dépasse en vérité les 1000 ans d’existence.

Il faudrait au moins un livre pour conter la richesse de son passé ! Ce maigre billet n’en a pas la prétention mais va néanmoins s’efforcer d’énoncer quelques dates et événements clés.

Pendant l’antiquité, le Doubs coulait probablement à son emplacement avant que son cours ne soit dévié par les Romains en vue de la construction du pont Battant (qui fut pendant longtemps le seul pont donnant accès au cœur de la ville). La rivière laissa place à la terre où, bien plus tard, se dressa la rue Poitune, de son ancien nom (on l’appela également la rue de la Fontaine pendant la Révolution).

Les historiens s’affrontent quant à l’origine du dénominatif “Poitune” : certains y voient une référence à Henricus Pictavinus, un seigneur du Poitou ayant visité Besançon au douzième siècle ; d’autres évoquent un lien avec les monnaies dites “pites” ou “poitevines” frappées dans le quartier par le Sieur Testelin, directeur de la monnaie à Besançon à la même période.

La mention la plus ancienne que j’ai pu trouver de la rue Poitune date de l’an 1233. 

Au moyen-âge, à l’arrière de l’une de ses maisons, une glacière profonde de 3m10 permettait de conserver les aliments. Abandonnée au XIVème siècle, elle devint un dépotoir, et fut remise au jour lors des travaux de construction du centre commercial des Passages Pasteur, qui a radicalement transformé le quartier.

Au niveau du numéro 27, existait un puits d’une profondeur de 18 mètres (que l’on peut encore admirer sur divers plans forts anciens de Besançon). Lui aurait succédé en 1856 une pompe, d’après Seraphin Droz dans son étude sur les fontaines de la ville.

Outre cet aménagement, la rue Pouillet avait depuis plusieurs siècles son destin lié à l’eau. Divers ports l’ont ponctuée depuis la construction de l’antique Vesontio. Au XVIIème siècle, le port Naime (ou Nayme), au niveau de son numéro 38 (désormais, des égouts).

En 1670, entre le pont Battant et la promenade Chamars, c’étaient le Quai des Cordeliers et le Quai Poitun, qui étaient séparés par ce Port Naime. En 1860, le lieu devint le Port aux Clercs “de ce que les écoliers avaient choisi ce lieu pour se baigner”, d’après l’historien Guénard.

A une date imprécise, la rue Poitune abrita les locaux de la justice consulaire, sans qu’on sache exactement à quelle adresse ni à quelle période, cette juridiction ayant fréquemment déménagé dans le quartier. Cependant, il me semble certain qu’à un moment ou un autre, l’adresse fut celle du 29 rue Claude Pouillet. En 1790, le nouvellement créé Tribunal de Commerce (notre ville est la seule de son département à disposer alors d’une telle juridiction) installe son siège rue Poitune, dans les locaux jusque-là dévolus à la justice consulaire. Il les occupera jusqu'à son transfert au Palais de Justice en 1792.

En ce temps-là, on trouvait rue Poitune des maîtres artisans (maître boulanger, maître forgeron, etc) ainsi que certains habitants liés à la paroisse Sainte Madeleine, toute proche. Par exemple, des musiciens d'Église. Mais aussi des ouvriers suisses du domaine de l’horlogerie, venus en nombre se réfugier à Besançon en 1793 pour fuir les persécutions politiques d’alors (la “Petite Vendée Comtoise”).

Le XVIIIème siècle est également synonyme de nombreuses modifications de la rue voulues par les nouveaux propriétaires. En témoignent divers plans et dossiers de demandes d’autorisations de travaux adressés aux services de la voirie et conservés aux archives municipales. On y découvre des extensions projetées et validées (dont le résultat est toujours visible aujourd’hui) des Sieurs Tourtette (au n°728, soit le n°6 actuel) ; Mussot (n°8) ; etc…

L’altruiste citoyen Jean Cottiny, maître couvreur, prend même la plume en 1788 au sujet du n°734 (l’actuel n°18, le futur célèbre “passage des 6 trous”) pour déplorer qu’à cette adresse ne se dresse qu’une façade sur la rivière “avec une rampe d’escalier point couverte sujette à tous les inconvénients et vicissitudes des temps, aux ordures et immondices et sans doute pour son entretien onéreuse à la Ville” et “qu’il conviendroit pour l’entière uniformité dans cette partie et contribuer à son embellissement, sans préjudicer aux confinans ni aux autres citoiens à raison du droit et de la commodité qu’ils ont du Lavoir” de “rendre cette portion vide habitable”, notamment pour répondre à la problématique d’une population qui s'accroît. Cottiny propose d’édifier “une habitation en lieu et place des Escaliers de la Barque” à ses frais. Aucune trace de la suite donnée à sa requête mais, à la vue des lieux concernés, il semble malheureusement que cet aspirant mécène n’ait pas réussi à s’entendre avec la municipalité. 

Si les foyers étaient populaires tout au long de l’artère, l’ancienne “place des Cordeliers” ou “place du Port Nayme” abritait des demeures d’un autre rang social. Celle d’un chanoine, mais aussi (malheureusement disparue pour laisser place au parking Pasteur) celle du Sieur Claude Lupicin Gras, sommité de son temps.

Ce médecin comtois était chirurgien-chef de l’hôpital du Saint-Esprit (dit “des enfants trouvés”), où, sous sa direction, les soins prodigués aux marmots s’améliorèrent grandement. Il fut également le médecin attitré de la prison, où son humanité se remarqua encore dans sa façon de vouloir absolument améliorer le sort des prisonniers. Nommé professeur de l’école royale de chirurgie par lettre patente en 1773, il continua néanmoins à soigner gratuitement les plus défavorisés. Il vivait au n°746 de la rue (le n°747 correspondant au n°25 actuel), aujourd’hui disparu, et sa demande d’érection d’une extension en 1786 permet de contempler un plan de cette façade oubliée. La rue des Béguines qui y apparaît correspond à l’actuelle rue du Lycée.

A noter qu’il semble que le Pr Gras était antérieurement propriétaire de l’actuel n°14 de la rue, d’après une demande de construction d’un troisième étage et d’une mansarde (toujours visibles) datée de 1775.

Par ailleurs, il n’y avait pas que des pavés rue Claude Pouillet ! Le Dictionnaire d’Agriculture Pratique de 1827 relate la présence d’une treille (pied de vigne à la longévité et aux proportions impressionnantes), laquelle disparut au XVIIIème siècle : “La gelée dont les vignes furent atteintes dans le département du Doubs, dès le commencement de l’automne 1739, pendant que les grappes pendaient encore au cep, le froid fut d’une telle intensité dans cette contrée, qu’il frappa de mort une treille de muscat blanc, plantée au midi et à couvert de toutes parts des vents froids, rue Poitune, à Besançon. On ignorait son âge, mais sa tige avait un mètre huit décimètres d’épaisseur ; ses rameaux s’élevaient à quatorze mètres de hauteur et tapissaient une muraille dans la longueur de plus de quarante. La perte de ce phénomène, car en France c’en était un, causa une pénible sensation dans toute la province”, précise l’écrit.

A l’époque, ce sont surtout des professions manuelles qui animent les habitants de la rue Claude Pouillet, comme le montrent divers documents d’archives : tailleur de pierre, horloger, charpentier, graveur, cordonnier, forgeron, menuisier

La tristement célèbre crue du Doubs du 21 janvier 1910 a naturellement eu un impact non négligeable sur le quartier (qui jouxte ledit cours d’eau). Imaginez, dans la pénombre matinale, un torrent d’eau sale, charriant une quantité impressionnante d’objets et de débris, s’engouffrant dans la rue à vive allure et la transformant en cité lacustre ! “Il était à peine jour que dans ce quartier l’affolement était général ; les tenanciers se précipitaient dans l’eau jusqu’à la ceinture et même jusqu’au cou pour tenter d’arracher à l'inondation le plus de marchandises possibles, mais, malgré leurs efforts et leur courage, à chaque instant des bonbonnes heurtaient les parois des caves et se brisaient. (...) des bonbonnes d’absinthes ont été ainsi brisées, et l’odeur caractéristique de l’anis rappelait le terrible incendie qui détruisit l’usine Pernot à Pontarlier il y a quelques années. (...) les riverains bientôt aidés par les employés de la Ville construisent à la hâte des pontons ; mais ceux-ci sont insuffisants, car l’eau monte toujours et avec une rapidité effrayante (...) Le torrent qui dévalait de la rue Poitune, après avoir enfoncé le mur extérieur du petit lycée et celui du jardin de l’hôpital, est venu sortir avec une violence inouïe par la porte d’entrée, près de la loge du concierge. Le courant était si fort qu’il était dangereux d’y passer même en barque. Le mur du Lycée s’est effondré sur plusieurs mètres (...) la rue Poitune est inondée par près d’1m50 d’eau. Les cuisines du Lycée de filles, les réfectoires et bureaux sont inondés par 1 mètre d’eau. Un lac pittoresque recouvre Chamars, l’Ecole de Médecine, l’Hôpital St-Jacques, les rues de l’Orme et de l’Arbalète jusqu’au Palais de Justice”, relatait alors la presse locale.

Au XIXème siècle, les tramways transportent les voyageurs aux quatre coins de Besançon. D’abord tractés par des chevaux, ils deviennent électriques et gagnent en vitesse. En nombre d’accidents aussi. Comme le 7 août 1929 où un tramway entre en collision avec une “auto de la maison Jaudel” à l’angle de la Grande Rue et de la rue Claude Pouillet, d’après le Petit Comtois.

La rubrique des faits divers de ce journal montre bien le caractère populaire du quartier et égrène quelques situations qu’on trouverait aujourd’hui ubuesques, tant les lois et les moeurs ont changé : 

  • 1908 : Violente discussion à la suite d’un pari d’une somme de 5 francs, le perdant, refusant de payer, sortit un révolver, et fut désarmé et mis en fuite par le patron du café où se déroulèrent les faits
  • Avril 1914 : “La police qui veille sur nos mœurs a dressé contravention à Mme G, débitante rue Claude Pouillet, pour avoir permis à sa bonne, la jeune Jeanne B, 18 printemps, de s'asseoir à table à côté des militaires, car nous sommes en carême”. 
  • 1937 : Un enfant de 11 ans logeant au n°21 surpris en train de voler dans les magasins fut en conséquence placé à l’assistance publique jusqu’à sa majorité (qui survenait alors à 21 ans) et sa mère écopa d’une peine de 2 mois de prison
  • 1938 : Une réclame signale la présence de Mme Jeanne, cartomancienne, également au n°21, au premier étage, 3ème porte à gauche, spécialisée dans le “marc de café”.
  • 1939 : Les frères Jean et Marcel Mercier (qui ne sont pas les célèbres Frères Mercier résistants), la vingtaine, marchands ambulants, domiciliés au n°11, sont verbalisés pour “avoir annoncé le prix de leur marchandise par des cris exagérés”. Jean sera également condamné à un mois de prison avec sursis en septembre 1941 pour avoir injurié un agent de police qui “l’invitait au calme” alors qu’il “menait grand tapage” nocturne sur la voie publique.

Appelée la “Rue de la Soif” au cours des dernières décennies, elle était déjà animée dès 1890 avec la présence, en son numéro 10, du Café Ganard qui ouvrait dès 4h du matin, comme l'indiquaient ses réclames de l’époque trouvées dans un vieux journal. 

Aujourd’hui, la rue Claude Pouillet reste fidèle à elle-même : populaire et festive, mais tout à la fois chargée d’histoire grâce à ses diverses façades dont certaines portent des inscriptions en latin. La plus ancienne et la plus belle, érigée en 1544, se trouve au n°25 de la rue.

Additional Hints (Decrypt)

Yà bù yr ebhtr rg yr tevf fr erapbagerag. (Wr fhvf yn cebcevégnver qh erfgnhenag Irttvr'f Pbeare, fvghé à pôgé qr yn pnpur. A'uéfvgrm cnf à cnffre zr snver pbhpbh dhnaq ibhf yn gebhirm, wr snvf gbhf yrf freivprf à y'npphrvy, p'rfg ha erfgb snzvyvny)

Decryption Key

A|B|C|D|E|F|G|H|I|J|K|L|M
-------------------------
N|O|P|Q|R|S|T|U|V|W|X|Y|Z

(letter above equals below, and vice versa)