FĂ©vrier 1843 - Cour dâAssises du Calvados. - Le 10 dĂ©cembre dernier, la filature de la Potiche, Ă Saint-Marc-d'Ouilly, appartenant au sieur Roger, faillit devenir la proie des flammes, les ouvriers s'apercevant qu'une forte odeur de brĂ»lĂ© se faisait sentir, se livrĂšrent Ă des recherches minutieuses, et s'aperçurent que de la fumĂ©e sortait du lanternet du mĂ©tier de l'un d'eux.
Le sieur Delorier, un de ces ouvriers, retira du lanternet une petite boule de deastre de coton qui était imprégnée d'huile et de cambouis, qui s'enflamma dÚs qu'elle fut exposée à l'air. Si l'éveil n'eût pas été donné à temps, elle eût mis le feu à 80 kilog. de coton qui se trouvaient renfermés avec elle dans le lanternet, et la filature et les maisons voisines auraient été détruites.
Une fille ZoĂ© MalhĂšre, de condĂ©, abonnĂ©e Ă l'ivrognerie et Ă la paresse, qui travaillait dans cette filature, et qui avait reçu son congĂ© du chef de l'Ă©tablissement, fut fortement soupçonnĂ©e d'ĂȘtre l'auteur de cette tentative criminelle, et diverses circonstances, recueillies par l'information, donnĂšrent Ă penser qu'elle seule avait tentĂ© de brĂ»ler l'Ă©tablissement.
La tĂąche de la dĂ©fense confiĂ©e Ă M. Villet, Ă©tait d'autant plus difficile, que cette fille ne se recommandait pas par de bons antĂ©cĂ©dents, elle avait mĂȘme avouĂ© s'ĂȘtre rendue coupable d'escroquerie envers un de ses camarades, en se faisant prĂȘter 5o fr., sur un billet souscrit d'une signature imaginaire.
Le jury, aprĂšs une longue dĂ©libĂ©ration, a rapportĂ© un verdict d'acquittement. L'accusĂ©e a Ă©tĂ© rendue a la libertĂ©. (source : LâIndicateur de Bayeux)