Le Queyras, vallée d’altitude éloignée des centres de pouvoirs religieux, est devenu au 16e siècle terre de Protestantisme. Dans cette vallée où beaucoup savaient lire et écrire, hommes et femmes ont choisi leur religion en adoptant la Réforme de Luther et Calvin. Cet épisode a profondément marqué le territoire, il explique ses liens avec l’Allemagne où beaucoup de queyrassins émigrèrent après la reprise des persécutions et la révocation de l’Edit de Nantes.
Valdésius fonde les Pauvres de Lyon en 1170. Il traduit la Bible en franco-provençal. Ils sont condamnés car ils prêchent sans être prêtres et appelés Vaudois par les juges de l’Inquisition. Ils fuient en Italie. Du Piémont, la foi vaudoise se propage dans le Queyras.
A Saint Veran, il existe une église et un temple protestant, qui furent tour à tour détruits puis reconstruits au gré des guerres de religion. Aujourd'hui les deux bâtisses, dont l'architecture se ressemble, semblent être un miroir l'une de l'autre... Symbole de la paix enfin retrouvée ?
Le cimetière protestant se trouve à l'écart du village, au dessus du hameau du Raux. Le cimetière catholique se trouve quant à lui autour de l'église.
Les saint-véranais ont une façon bien à eux d'enterrer leurs morts : ici, pas de pompes funèbres, ce sont les habitants eux mêmes qui se réunissent pour enterrer l'un des leurs. Le trou est creusé par les villageois, collectivement appelés lors d'une corvée de village, et de toutes confessions confondues.
Dans le cimetière protestant, les cercueils sont enterrés à même le sol, avec en général une simple croix en bois marquant l'emplacement. Ces croix finissent par disparaître sous les assauts du temps. Compte tenu de la population et de la taille restreinte du lieu, on a le temps de "faire un tour de cimetière" avant que de nouvelles places "se libèrent". Les défunts sont donc enterrés sur des emplacements jadis occupés : place aux jeunes !
La cache se situe à l'extérieur du cimetière