Les maisons d’assemblée du Velay
Établies au centre des hameaux et des villages du Velay, les maisons d’assemblée servaient d’école, d'ouvroir, ainsi que de logis à la « béate », femme pieuse assurant l’éducation des enfants et des femmes et l’accompagnement religieux de la communauté.
L’institution des béates
Sans appartenir à une congrégation religieuse, les béates – du latin beata, bienheureuse – sont placées sous le patronage des demoiselles de l’Instruction, fondées au Puy en 1665 par Anne-Marie Martel, qui les forment à enseigner dans les campagnes. La béate dispense aux enfants une éducation scolaire rudimentaire et le catéchisme ; aux grandes filles et aux femmes elle apprend la dentelle. À l’heure du déjeuner, elle sonne l'angélus; le soir, elle organise les veillées et les « couviges » (groupe de dentellières se réunissant pour travailler ensemble) ; le dimanche, elle fait réciter prières et cantiques. Elle se charge aussi de visiter et soigner les malades, de veiller les morts… Ainsi, la béate rythme la vie des villages et des hameaux, parfois très isolés. En échange, les habitants assurent son logement et sa subsistance en lui procurant des vivres.
Taxé d’obscurantiste et d’antirépublicain au 19e siècle, et évincé par les lois de Jules Ferry (1881-1882) rendant l’instruction gratuite, laïque et obligatoire, l’enseignement des béates régresse très nettement dans les premières années du 20e siècle pour disparaître totalement dans les années 1960.
Les maisons d’assemblée
Chaque béate est placée dans un village où elle est logée dans une assemblée, petite maison bâtie par les habitants sur le couderc, vaste place sur laquelle se trouvent les autres équipements communs : église ou grande croix, four à pain, lavoir, métier à ferrer, abreuvoir ou fontaine... La maison de béate est reconnaissable à sa cloche, seul édifice du village avec l’église à en posséder une.
À l’intérieur de l’assemblée se trouvent la salle commune, la salle de classe et le logement de la béate. Pauvreté et sobriété caractérisent les pièces : le mobilier, fourni par les habitants, est sommaire (lit clos, armoire, table et chaise). Différents objets de culte - crucifix, statuettes de la Vierge à l’Enfant, images pieuses - rappellent les activités religieuses de la béate.
Aujourd’hui, si la plupart des maisons de béates sont à l’abandon (voire en ruines) ou ont été transformées en logements, certaines sont devenues de petits musées, telle la maison d’assemblée de Civeyrac à Loudes.