LA GRANDE AVENTURE DU PETIT TOUT      Â
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Madame Tout et Monsieur Tout sâaimaient.
Ils sâaimaient tellement quâils fabriquĂšrent un merveilleux petit Tout.
Le petit Tout grandit au milieu des rires de ses parents.
Il adorait quand son papa et sa maman sâenlaçaient, le serrant bien au chaud au milieu dâeux. Il se sentait Ă lâabri. Ă lâabri de tout.
Avec le temps, monsieur et madame Tout sâembrassaient de moins en moins. Parfois mĂȘme, ils se disputaient.
Mais ils embrassaient toujours tendrement leur petit Tout.
Et puis un soir, madame Tout ne rentra pas Ă la maison.
Monsieur Tout et petit Tout lâattendirent pour manger, pour se coucher.
Mais ce soir-lĂ , Madame Tout ne revint pas.
Le lendemain matin, quand elle rentra enfin, elle dit quâelle avait beaucoup rĂ©flĂ©chi et quâelle nâaimait plus monsieur Tout.
Petit Tout se demanda comment une telle chose Ă©tait possible.
Madame Tout emménagea dans une nouvelle maison et prit petit Tout avec elle.
Petit Tout voyait monsieur Tout de temps en temps.
Mais jamais assez à son goût.
Petit Tout avait lâimpression quâon lâavait coupĂ© en deux par le milieu.
Pourtant, madame et monsieur Tout faisaient tout pour que petit Tout garde le sourire.
Parfois, ils mangeaient tous les trois au restaurant.
Et petit Tout Ă©tait content.
Un jour, madame Tout présenta un monsieur à petit Tout.
« Câest mon amoureux », dit-elle.
Comme petit Tout était trÚs poli, il dit : «
Bonjour. »
Et il ajouta : « Je vous appellerai monsieur Rien, si ça ne vous dérange pas ! »
Puis il courut dans sa chambre pour pleurer sous son oreiller.
Monsieur Rien Ă©tait gentil comme tout.
Mais le problĂšme, câest quâil nâĂ©tait rien pour petit Tout.
Et le pire, câest quâil sâinstalla dans la maison de madame Tout et de petit Tout.
Et le pire du pire, câest que madame Tout et monsieur Rien sâaimaient tellement quâils fabriquĂšrent un petit Quelque Chose.
Ce petit Quelque Chose, petit Tout lâappela Rien du Tout.
Il ne le regardait pas, ne lâembrassait pas, ne jouait pas avec ses petites mains.
Il lâignorait et puis câest tout.
Le petit Rien du Tout grandit aussi.
Il se mit à courir partout, à prononcer des mots doux rien que pour petit Tout, qui était toujours coupé en deux par le milieu.
Alors petit Tout commença à rire avec petit Rien du Tout.
Ă jouer, Ă courir dans le jardin, Ă grimper aux arbres.
Et puis, lâair de rien, il se mit Ă lâappeler « mon petit Tout ».
Mon petit Tout chĂ©ri par-ci, mon petit Tout dâamour par-lĂ .
Et comme le petit Tout avec grandi grandi, il sentait Ă lâintĂ©rieur de lui de tout petits morceaux qui se recollaient. Oh, bien sĂ»r, ça piquait, ça mordait. Mais les deux parties se rapprochaient, formant un tout.
Et câest ainsi que le petit Tout, au fil du temps, devint un merveilleux grand Tout.
Un jour, il prit la main de son petit frĂšre, et il lâemmena voir son papa Ă lui.
Monsieur Tout prit son grand Tout dâAmour dans ses bras et dit : « Il a les mĂȘmes yeux que toi. »
Et le grand petit Tout sourit de tout son cĆur agrandi.