Le prebytère de Curtafond
La construction d'une cure relève pendant la période du Concordat de l'architecte diocésain. Le poste d'architecte diocésain de l'Ain vient d'être pourvu suite à la démission pour cause de maladie de JOURNOUD. Cette fonction s'exerce alors sous l'autorité directe du Ministère de l'Instruction des Beaux-Arts et des Cultes (Les cultes relèveront par la suite du Ministère de l'Intérieur). Depuis le 26 février 1884, Tony FERRET, né à Mâcon en 1851, est, entre autres fonctions, architecte du département de l'Ain. Nommé par décret le 30 octobre 1896, Tony FERRET devient l'un des rares architectes départementaux à cumuler la charge d'architecte diocésain. Le travail d'architecte diocésain consiste dans l'entretien annuel des édifices diocésains (églises, cures ...) et la rédaction d'un compte-rendu détaillé annuel ce qui suppose la visite régulière des édifices.
Quand FERRET est sollicité pour le presbytère de Curtafond, il débute donc comme architecte diocésain, poste où il sera très actif jusqu'à la Séparation.
Tony FERRET dresse un Devis descriptif. Le cahier des charges daté du 20 mai précise le projet. La dépense s'élèverait à la somme totale de 11989 francs 10 centimes. le mode de construction, à employer, serait celui du pays ci comprenant des murs de maçonnerie du fond des fouilles au niveau du socle et l'élévation en dessous en pisé de terre en angle de briques et encadrement de baies en pierres de taille. Les solivages et charpentes seraient en sapin, les parquets et boiseries intérieures en Pich-pin et en sapin, les boiseries extérieures en chêne et la couverture en tuiles mécaniques avec forgets saillants abritant entièrement les murs.
Le 3 octobre 1897, le conseil de fabrique prend acte à la fois de la proposition de l'architecte et de l'aide et de l'approbation de la commune. L'entente apparaît bonne entre les deux conseils. Le maire d'alors est Alphonse GUERRY. L'adjoint au maire, Claude MILLIET est aussi président du conseil de fabrique ce qui facilite certainement les relations.
Les bénévoles de l’association église Saint-Maurice ont réalisé un parcours qui cible quelques bâtiments conçus par cet architecte à l’occasion du centenaire de sa disparition. Vous pourrez ainsi aller de villages en villes dans le département de l’Ain pour découvrir ses œuvres et le patrimoine en général.
A Neuville-les-Dames, il intervient trois fois :
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Construction de l’église Saint-Maurice (1889/ 1892)
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Construction de la mairie-école (1898/1899)
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Travaux d’aménagement de l’ancienne mairie-école (1898)
Tony Ferret nait le 16 septembre 1851 à Azé en Saône-et-Loire et meurt le 19 novembre 1923 dans sa propriété de Treffort dans l'Ain.
Son père, menuisier puis vérificateur en bâtimentsl’encourage à suivre des cours à l'école municipale de dessin de Mâcon, dirigée par Eugène Chambellan.Il sort en 1870 avec un certificat professionnel. Puis il travaille comme dessinateur dans le cabinet de l’architecte départemental de Saône et Loire, Monsieur Berthier, également architecte diocésain d’Autun. Il parfait son apprentissage à Paris chez Charles-Jean Laisnéet il commence à créer un réseau de relations. Il revient se marier à Macon en 1873 avec Antoinette Verchère.Deux enfants naissent de cette union : Marie et Georges.
Il fonde son propre cabinet d’architecte en 1876 dans cette ville et il adopte la tactique des concours publics pour se faire un nom. Il remporte le premier en 1879 pour les abattoirs de Beaune et de nombreux suivent.
Le préfet de l’Ain, en janvier 1884 lui propose de concourir pour le titre d’architecte départemental de l’Ain qu’il obtient. C’est ainsi qu’il rencontre l’élite locale et qu’il obtient de nombreux chantiers.
A l’exposition universelle de Paris en 1889 (date de la construction de l’église Saint-Maurice de Neuville- les-Dames), il reçoit une médaille d’argent pour le travail qu’il a réalisé avec l’entreprise Perrusson et Desfontaines d’Écuisses. Entreprise avec laquelle il a œuvré pour cet édifice en le décorant avec ces céramiques architecturales et décoratives.
Il accède au poste d’architecte diocésain de Belley en 1896.
Il réalise de très nombreux plans pour divers bâtiments administratifs et religieux, et des monuments dans le département de l’Ain, du Jura, de Saône et Loire, du Rhône. Il entretient de très bonnes relations avec les différents élus. Il effectue de très nombreuses restaurations : église de Brou, Notre-Dame, le théâtre…
Il côtoie également une importante clientèle privée.
Tony Ferret, en plus d’être architecte de renom, est un dessinateur habile, un écrivain érudit, un musicien, un escrimeur, un chasseur. il a démocratisé la musique et la gymnastique en créant La Société Philarmonique de Bourg et la Société de Gymnastique, La Gauloise à Macon.
Il prend sa retraite d'architecte départemental en 1916 et en 1917, s'occupe exclusivement du service des monuments historiques et du dépôt d'évacuation des objets d'art provenant du front Nord-est.
Il acquiert le château médiéval de Treffort qu’il réhabilite. Il y décède en 1923.