FORÊTS CARTUSIENNES
Quand, au XIe siècle Bruno et ses compagnons s’installèrent au Désert, Hugues, évêque de Grenoble, leur abandonna ses droits et forêts, imité rapidement par l’abbé Seguin de la Chaise Dieu et par quelques particuliers.
Ces bois reculés représentaient peu d’avantages pour leurs possédants laïques, aussi ils troquaient volontiers ces biens temporels pour des biens célestes espérant être blanchi de leurs péchés.
Les Chartreux acquirent par la suite les forêts enclavées pour agrandir leur domaine forestier.
Ils consentirent, aux habitants voisins, des droits d’usages de pâquerage, bûcherage et charbonnage.
Très vite les Chartreux ont dû établir des bornages pour éviter les contestations ;
Des croix ont été gravées dans le rocher, des bornes mises en place et les lignes furent tracées entre ces points.
Mais leur disparition causa de nombreuses difficultés. Plusieurs fois rétablies, notamment par
ordre du Pape Paul III (bulle du 1er mai 1538) pour confirmer les Chartreux dans leurs privilèges et domaines, ce long travail leur coutait.
Pour éviter ces conflits à répétitions, Dom Gubou muni d’un pinceau et d’un pot de peinture, part, comme il le fait périodiquement,
rafraichir ces limites en leur ôtant la mousse et leur appliquer un peu de peinture.
Ansi, après s’être recueilli quelques instants à l’oratoire du col si charmant, Dom Gubou sort ses anciennes cartes des possessions cartusiennes pour se repérer et emprunte la rampe raide du Pas de l’Âne, passe devant la galerie abandonnée et prit à gauche le sentier menant au Goulet.
Une succession de petites montées et replats l’amène à un étroiture débouchant sur un vaste alpage ; il se posa là où le soleil pointait ses rayons et profita des lieux. Il entendit, au loin, le sifflement d’une marmotte avertissant l’approche d’un renard ;
Il ne se lassait jamais d’admirer ces paysages Chartrousins.
Esquisse à l'encre de Chine de DOM GUBOU
N’oubliant pas pour autant sa mission, il prit la direction du sud et par une traversée arriva en une vingtaine de minutes à un nouveau col du même nom puis descendis droit jusqu’à la limite des trois communes où sa tâche débutait. Encore 3km400 à marcher pour rejoindre son point de départ en suivant non pas le sentier bien visible mais la limite entre les deux communes faisant démarcation avec la forêt cartusienne.
Archives Départementales de l'Isère
Ce retour débute par un premier tronçon pénible de 800m, ce n’est pas une mince affaire que de marcher le plus droit possible dans ces lapiaz recouverts de mousses!
S’ensuit une belle ligne droite obliquant sur la gauche d’environ 1200 m; il retrouve les croix 29 et 28 qu’il nettoie consciencieusement avant d’appliquer une couche de peinture verte et reprend son périple pour buter contre le marquage 27 situé contre un gros banc de rocher.
Puis vient la descente « dré dans le pentu » sur environ 500m ; La 26 lui a échappée mais la jolie borne 25 se dévoile.
Dom Gubou affectionne particulièrement celle-ci car il y a trouvé un objet fort étrange qu’il a replacé à son emplacement.
Ensuite ce n’est que formalité, le terrain est agréable et le sentier proche, les deux suivantes, espacées de 130m, sont bien visibles et leur rafraichissement est rapide puis une série de bornes et voilà la croix 19, l’oratoire est proche et c’est rassuré qu’il termine son pot de peinture.
Carte Géoportail
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