Skip to content

La lumiĂšre 🚹 sur la balade des hĂ©rissons Traditional Geocache

Hidden : 5/9/2023
Difficulty:
2.5 out of 5
Terrain:
2 out of 5

Size: Size:   other (other)

Join now to view geocache location details. It's free!

Watch

How Geocaching Works

Please note Use of geocaching.com services is subject to the terms and conditions in our disclaimer.

Geocache Description:


LA FEMME AUX MAINS DE LUMIÈRE

Dans la montagne verte fut autrefois la citadelle d’un guerrier Ă  l’ñme forte nommĂ© PsĂ©badĂ©, et de son Ă©pouse Adaya, belle comme un soleil. Cette demeure sauvage Ă©tait bĂątie au bord d’un torrent impĂ©tueux et profond. C’était une retraite sĂ»re. PsĂ©badĂ© n’y craignait personne.

Quand il partait en expĂ©dition, Adaya s’asseyait Ă  la fenĂȘtre de sa plus haute tour, tendait ses mains au-dehors et Ă©clairait son chemin. Car cette femme incomparable avait le pouvoir de faire jaillir la lumiĂšre de ses doigts blancs. Elle assurait ainsi les pas de son Ă©poux, tandis qu’il descendait dans la brume de l’aube vers les plaines fertiles. Et quand, la nuit, l’ennemi aux trousses, il revenait chargĂ© du butin de ses razzias, elle lançait un pont de toile au travers du torrent et l’illuminait puissamment. DĂšs que PsĂ©badĂ© avait passĂ© ce pont, elle s’empressait de le relever, puis Ă  la hĂąte cachait ses mains rayonnantes. Alors ceux qui le poursuivaient se perdaient dans les tĂ©nĂšbres et, mouillĂ©s de l’écume des cascades qu’ils n’osaient traverser, ils s’en retournaient Ă  grand-peine chez eux.

Or, il advint que ses exploits enviables gonflĂšrent PsĂ©badĂ© d’orgueil bavard, au point qu’un jour de festin parmi des voyageurs de passage il se prit Ă  s’enflammer de ses vantardises.

― Qui pourrait me vaincre ? dit-il. Personne. MĂȘme du pays des gĂ©ants cyclopes, je reviendrai vivant et riche, s’il me prenait fantaisie d’aller piller chez eux. Hier encore, j’ai franchi le torrent avec dix-huit chevaux pommelĂ©s et vingt et une vaches dĂ©robĂ©es dans la plaine. Aucun de ceux qui me couraient au train (ils Ă©taient plus de cent) n’a pu me rejoindre !

Adaya, l’entendant ainsi parler, baissa le front et murmura soudain renfrognĂ©e :

― Ne suis-je donc pour rien dans tes faits d’armes ?

Psébadé la toisa un moment en silence puis répondit, les sourcils joints et la bouche   arquée :

― Je vais seul en razzia. Marches-tu à ma place ? Est-ce ta vie ou la mienne que les flùches menacent ? Tais-toi donc femme, tu ne sais ce que tu dis.

― Homme, ta vanitĂ© me fait honte, gronda la belle Adaya, relevant fiĂšrement la tĂȘte. Il est des hĂ©ros plus braves que toi dans le monde.

PsĂ©badĂ©, cognant des deux poings sur la table, se leva, le cƓur trouĂ© de rage.

― Tu sauras bientît quelle est ma vraie valeur, dit-il.

Sur l’heure, il sella son cheval et s’en alla.

Cette fois, il se perdit inexplicablement. Il erra, de jour en jour plus amer. Partout oĂč le hasard le conduisit, il fut repoussĂ©. Il ne put piller que maigre pitance. Sa monture se traĂźna bientĂŽt sur les chemins pierreux, prise d’étrange fatigue, et sa belle pelisse de feutre, dĂ©lavĂ©e par les pluies et les soleils, se fendit au milieu du dos. Alors, Ă  bout de forces, il dĂ©cida de rentrer chez lui.

Pour ne point revenir bredouille sur le chemin du retour il attaqua un village aux enclos foisonnants de bĂ©tail. Il ne put rien voler et se trouva poursuivi par une meute de guerriers aux chevaux vifs. Une nuit, Adaya, du haut de la tour oĂč elle s’était enfermĂ©e, l’entendit appeler Ă  l’aide, de l’autre cĂŽtĂ© du torrent. Elle contempla sur ses genoux ses mains de lumiĂšre, mais ne bougea pas, pensant qu’il devait vaincre seul les tĂ©nĂšbres, puisqu’il en avait ainsi dĂ©cidĂ©. Elle attendit, guettant le bruit de la porte et le pas ferrĂ© de son Ă©poux sur les dalles. Le silence s’obstina.

Alors, prise d’inquiĂ©tude, elle vint Ă  la fenĂȘtre, ouvrit le volet, tendit au-dehors ses doigts Ă©blouissants. Le bord du torrent Ă©tait dĂ©sert. Au loin, vers les terres basses, elle vit une tache noire sur une vaste pierre plate. Elle sortit Ă  la hĂąte et, bondissant de rocher en buisson le long de la rive, elle parvint toute Ă©chevelĂ©e oĂč Ă©tait le corps de PsĂ©badĂ© que le courant tumultueux avait emportĂ©. Il Ă©tait mort. Elle poussa un hurlement de dĂ©tresse et d’effroi, s’abattit sur lui et le tint embrassĂ© jusqu’à l’aube. Quand le jour vint, elle l’ensevelit, s’agenouilla sur sa tombe et pleura. Elle resta ainsi sept jours et sept nuits, le visage dans ses mains.

Au matin du huitiĂšme jour, vint Ă  passer un cavalier. Il Ă©tait beau et large. Sa chevelure brillait au soleil neuf. Voyant cette belle femme perdue dans son chagrin, il mit pied Ă  terre et lui demanda pourquoi elle se lamentait ainsi.

― Qu’importe, lui dit-elle. Tu ne peux rien pour moi. Passe ton chemin.

L’homme lui rĂ©pondit :

― Secourir une femme dans la peine porte chance aux aventureux. RĂ©flĂ©chis. Dans une heure, je reviendrai. Alors tu me diras quelle douleur te tient, et je t’aiderai.

Il remonta en croupe et s’en fut le long du torrent.

Adaya le suivit des yeux. Elle le vit bientĂŽt pousser son cheval dans les eaux tourbillonnantes. Elle pensa : « Il va se noyer. » Elle voulut lui crier de prendre garde. Elle n’en eut pas le temps. La monture et le cavalier, ruisselants d’écume, dĂ©jĂ  reprenaient pied sur l’autre rive. « Quelle vaillance ! se dit-elle. Le hĂ©ros que je pleure fut moins brave que lui, pour mon malheur. Par la souveraine des mers et des riviĂšres, il faut que j’éprouve cet homme ! » Elle releva la tĂȘte, ouvrit les bras et pria ainsi le Ciel :

― DĂ©esse terrible et gĂ©nĂ©reuse, fais que le jour s’obscurcisse, que la tempĂȘte gronde, que les Ă©clairs dĂ©chirent les nuĂ©es, que les cascades submergent les terres !

 

La sĂ©vĂšre dame des riviĂšres l’exauça. À peine Adaya avait-­elle parlĂ© que de lourds nuages s’élevĂšrent, effacĂšrent la lumiĂšre du jour, tombĂšrent en aveuglants dĂ©luges. Dans le fracas de la tourmente, la femme aux doigts de lumiĂšre, courbĂ©e sur la tombe de son Ă©poux, entendit soudain un galop crĂ©pitant. Elle se redressa et vit au travers de l’averse le cavalier accourir Ă  nouveau vers elle.

― Pourquoi es-tu revenu ? lui cria-t-elle.

Il lui répondit en riant :

― Pouvais-je t’abandonner dans une pareille tempĂȘte ?

― Tu as risquĂ© mille morts Ă  franchir deux fois ce torrent. Vois comme il est furieux.

― Ce n’est pas moi qui l’ai franchi, c’est mon cheval, dit l’homme, riant de plus belle.

Cette rĂ©ponse plut Ă  Adaya. Elle baissa la tĂȘte pour dissimuler la lueur de ses yeux. Le cavalier s’assit Ă  cĂŽtĂ© d’elle et couvrit ses Ă©paules de son vaste manteau. Alors, tout soudain, la pluie cessa, les nuages se dispersĂšrent, le soleil Ă  nouveau brilla, haut dans le ciel, et la terre alentour verdit. Seul, le sol de la tombe resta aride et noir.

― Regarde, dit Adaya. Tout, autour de nous, semble Ă©prouver du bonheur Ă  vivre. Tout a fleuri en un instant, sauf ce carrĂ© de terre oĂč est un mort. Pourquoi ?

― Parce que celui qui est couchĂ© lĂ  n’aimait que lui-mĂȘme, rĂ©pondit l’homme. Il n’aimait pas la vie.

Adaya baissa la tĂȘte et murmura :

― Celui qui est couchĂ© lĂ  m’aimait et je l’aimais. Il Ă©tait mon Ă©poux.

― Tu l’aimais, mais il ne t’aimait pas, dit l’homme. S’il t’avait aimĂ©e, sa tombe se serait couverte de fleurs.

Il regarda la jeune femme, lui sourit. Un long moment elle le regarda aussi.

― Comme ta chaleur est bonne, dit-elle.

Puis elle sortit brusquement de l’abri du manteau et se mit Ă  disperser Ă  grands gestes rageurs le tertre qu’elle avait Ă©levĂ©. Son compagnon lui demanda pourquoi elle se prenait ainsi de fureur. Elle gronda :

― Cet homme qui n’aimait que lui ne mĂ©rite pas qu’on se souvienne de sa vie.

― Tu as pris une peine inutile Ă  Ă©lever cette tombe, lui dit le cavalier. Tu prends une peine inutile Ă  la dĂ©truire. Qu’elle demeure telle qu’elle est et, en la voyant stĂ©rile, que rougissent de honte ceux qui n’aiment qu’eux-mĂȘmes.

L’homme aux mains puissantes et la femme aux mains de lumiùre se levùrent et s’en furent ensemble le long du torrent, sous le soleil paisible.

Additional Hints (Decrypt)

Ovra Ă  y'noev, zrepv qr ovra erzbagre yn pnpur 😉

Decryption Key

A|B|C|D|E|F|G|H|I|J|K|L|M
-------------------------
N|O|P|Q|R|S|T|U|V|W|X|Y|Z

(letter above equals below, and vice versa)