Il y a mille ans, dans la forêt qui domine Antichan, sur les pentes du pic du Gar, a été construit un château imposant. Il faisait partie, comme les tours de Fronsac et de Bramevaque non loin, du système de défense militaire de la région, dans cette zone où la vallée de la Garonne commence à s’élargir.
Il y a cent ans, quand a été prise cette photographie, il n’en restait déjà plus grand-chose. Et maintenant, encore moins : ses pierres s’effritent, la végétation le ronge et ses fissures s’élargissent. Pour y entrer, il faut marcher sur ses débris recouverts de ronces, d’orties et de buddleias. Mais il s’élève encore à une hauteur d’une dizaine de mètres.
On nomme ce vestige de donjon la tour de Porcellus, d’un mot qui signifie cochon, ou tour de Pourcinglos, si vous préférez le patois au latin. En effet, ce coin de forêt regorge de sangliers, et il est fort possible que vous aperceviez leurs traces de fouissage en montant.
Pour mon fils, Porcellus, c’est le nom de la girafe qui habite dans cette maison en été, quand elle quitte l’Afrique afin de s’installer à Antichan pour la saison. C’est vrai que c’est une maison parfaite pour une girafe : très haute pour son long cou, aérée pour ne pas avoir trop chaud, avec une jolie vue sur les arbres pour se distraire de la savane, et des feuilles à brouter pour manger tout en restant chez soi.
Quoiqu’il en soit, château de cochon ou maison de girafe, on y accède après une montée d’une vingtaine de minutes depuis le village. Le plus simple est de se garer au bastion des Frontignes, de suivre la route au début, puis de bifurquer par une piste balisée en jaune (photo de gauche). Le sentier à suivre, dont le début est dissimulé par la végétation, part peu après à droite (photo de droite), dans un virage où la piste domine à peine la route.
Le chemin monte ensuite de façon évidente en longeant un lit de ruisseau asséché, et passe à mi-parcours devant une grange ruinée. La tour est légèrement à gauche lorsque le chemin se perd, en contrehaut d’une petite clairière entourée de hêtres. C’est ici que se trouve la cache, derrière une pierre, sous une arche formée par des arbres fusionnés.
