Le hangar en bois
Durant la Première Guerre mondiale, la Marine nationale décide d'employer les dirigeables pour contrer les sous-marins allemands. Un terrain est trouvé au hameau de la Bazirerie, à Écausseville, protégé des vents d'ouest dominants et permettant un décollage avec les vents ascendants.
Entérinée le 6 décembre 1916, la construction par la société Sainte-Beuve et Garnier d'un hangar en bois s'étale entre janvier et août 1917. Ayant pour dimensions 150 x 20 x 22 mètres, il accueille le Sea Scout.
Au 1er plan le hangar en bois et à droite le hangar actuel en construction.
Dirigeable qui sort du hangar en bois
Le hangar en béton
Le 31 octobre 1917, l'Armée décide de lui adjoindre un second hangar, cette fois en béton, destiné à abriter un aérostat de type ZD3.
La construction s'étale du 12 novembre 1917 au 18 août 1919. La couverture est formée de 3 552 tuiles en ciment armé produites sur place, elles reposent sur un comble parabolique de 12 mètres de rayon articulé à la base du rayon et au sommet, et une charpente de 25 fermes en béton armé, formant un bâtiment de 150 mètres de longueur, avec une largeur à la base de 40 mètres sur une hauteur de 31 mètres, couvrant 6 000 mètres carrés au sol. Le ciment provient de l'usine du Ham, les châssis vitrés de Saint-Gobain (Aisne). Les usines métallurgiques de Lorraine étant en zone occupée par l'armée allemande lors du début des travaux, les fers à béton viennent de Pittsburgh (Etats-Unis). La grande porte à deux battants, nécessitant six hommes pour l'actionner depuis la tourelle de manœuvre, est posée en 1920.
Le hangar actuel en béton
Les réaffectations
Dès 1922, l'aviation rend obsolète les bâtiments. Les hangars sont désaffectés en 1927, celui en bois est même rasé en 1931.
Durant l’entre-deux guerres, le hangar est utilisé par la Marine nationale pour y entreposer des armes et y installer une école d’artillerie.
Pendant l’occupation allemande et jusqu’en 1944, le hangar est utilisé comme une base logistique pour l’organisation Todt qui a en charge la construction du Mur de l’Atlantique.
En 1944, après son occupation par les Allemands durant quatre ans. Le hangar est libéré le 9 juin, après un dur combat par le 8e régiment d'infanterie (8th Infantry Regiment) de la 4e division d'infanterie américaine (4th US Infantry Division). Les Américains vont l’utiliser, dès lors, comme base logistique pour la réparation des véhicules. Des réserves de carburant ou encore d’importantes quantités de pneumatiques y sont stockés.
De 1946 à 1960, une entreprise privée en fait centre de récupération et de découpe de ferrailles de la bataille de Normandie, ferrailles vouées à la Reconstrucction.
Durant la guerre froide, le hangar est utilisé, dans le plus grand secret, par le CEA (Commissariat à l’Energie Atomique) pour la mise au point de ballons destinés aux essais des premières bombes H pour le centre de tir de Mururoa.
Puis il sert à stocker le matériel des unités de Marine de Cherbourg, jusqu'en 1994.
La protection
Inscrit aux monuments historiques le 30 août 2000, ce hangar, dernier bâtiment de ce type du fait de la destruction de ceux construits à Brest, Rochefort et Orly, est classé par arrêté du 7 janvier 2003. Il possède un nombre très important de graffitis de 1930 à 1969, dont beaucoup allemands et américains (1941-1944). Les graffitis sont aussi classés aux monuments historiques.
Graffitis du hangar
L'Association franco-américaine des aérodromes normands de la 9e US Air Force se porte acquéreur du lieu en 1999, et tente de valoriser ce patrimoine avec l'Association des amis du hangar à dirigeables d'Écausseville. La communauté de communes de la région de Montebourg rachète le hangar en 2008, l'Association des amis du hangar conservant la mission de réhabilitation, valorisation et faire vivre le site.
Le 1er janvier 2017, il devient propriété de la Communauté d’agglomération du Cotentin.