L'ancien tricâble du Château

Entre la fin du 19e siècle et la première moitié du 20e siècle, le travail des champs et des bois effectué en montagne se heurtait parfois à un problème de transport. A une époque où ni les routes telles qu'on les connait aujourd'hui, ni les voitures n'étaient répandues, il fallait trouver le moyen de transporter rapidement bois, foin ou matériel vers la vallée ou vers les hameaux sans perdre trop de temps et d'énergie en transport.

La première idée fut d'utiliser des "câbles", un long câble métallique tiré entre un endroit en altitude et un autre endroit bien plus bas et où on venait accrocher une poulie et à laquelle on suspendait le barillon de foin ou un peu de bois. Cette méthode à l'aide d'un cable unique était efficace mais pour des charges restreintes, hors de question d'utiliser ces mécanismes pour charrier de grosses quantités de bois sans quoi le système finirait par crouler sous le poids de son chargement. De plus, le système reposant sur des poulies personnelles (chaque utilisateur possédait ses poulies), l'utilisation était de fait limitée.

De l'autre côté de la frontière, au Nord du Royaume d'Italie, des bucherons spécialisés avaient amélioré le principe du câble en le renforçant, passant de un à trois câbles et en motorisant l'installation, d'abord avec des systèmes à vapeur, puis avec des systèmes à moteur thermique et électrique quand ceux-ci se démocratisèrent, ce systmèe s'appelait "tricâble".

Cette technologie n'étant maîtrisée que par les italiens, de nombreuses entreprises de bucheronnâges se rendirent en Italie afin de constituer des équipes spécialisées pour installer ces dispositifs sur le territoire français. D'autres se rendirent en France d'eux-même dans le but de démocratiser ce système et de s'enrichir.

La technologie du tricâble

Le tricâble fonctionne sur un système en 3 parties :

- une station de départ constituée d'un système motorisé fonctionnant soit à la vapeur, soit au pétrole suivant l'époque, dont le but est de maîtriser la vitesse du chargement en modulant la vitesse du câble, une zone de chargement et un "départ de téléphérique", deux poteaux en bois soutenant chacun le câble en mouvement, un système de poulies est disposé sur le câble central pour équilibrer le tout

- une zone de transit sur câble, consistant en la présence de deux câbles reliant la station de départ de celle d'arrivée, un câble central immobile et un câble mobile en boucle qui permettait de descendre et remonter le chargement OU l'inverse, deux câbles immobiles et un câble tracteur chargé de remonter le système d'accroche.

- une station d'arrivée avec une zone d'arrêt munie d'une grande roue métallique pour "retourner" le système et renvoyer le matériel à vide en haut  et le système de déchargement avec encore une fois les deux poteaux en bois soutenant chacun un câble.

Ces systèmes perdurèrent jusque dans les années 80 pour les hameaux les plus reculés, avant que la mécanisation de la production de bois et l'exode rural mette petit à petit fin à ces pratiques. Seuls quelques exemplaires encore entiers subsistent dans certains massifs , dont certains fonctionnent encore pour la récolte de foin en moyenne montagne ou le transport de denrées vers des coins isolés (chalets, hameaux...). Certains passionnés ont également reconstitué certains ensembles de tricâble pour faire perdurer la mémoire de ces mécaniques historiques.

Du tricâble à la remontée mécanique

Une fois abandonné certains câbles à foin ou tricâbles furent démantelés, d'autres tombèrent en ruine (tels que celui du Château) et certains donnèrent naissance à un principe de nasselle transportée sur un système de tricâble identique : le remonte-pente, le télésiège et la télécabine, car oui, ce système est en quelque sorte l'ancêtre des systèmes de remontées mécaniques que nous connaissons aujourd'hui pour les sports d'hiver !

La cache

La géocache est postionnée sur un ancien morceau de tricâble forestier, il ne reste ici que le système moteur sensé actionner et réguler le mouvement des câbles pour expédier le bois vers le bas de la vallée, des restes de systèmes similaires sont encore observables ça et là dans le massif forestier ainsi que d'anciens câbles encore tendus (comme du côté de la Lauzanne).