Le diable est dans les détails Mystery Cache

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J’adore cette phrase, que l’on trouve dans le Zarathoustra de Fried­rich1Nietzsche autant que chez saint Thomas (avec Dieu à la place du diable…). Je l’adore car on peut l’entendre en de multiples sens, parfois diamétralement opposés. Elle pourrait6signifier que l’essentiel se loge dans1les détails, auxquels il faudrait alors prêter une attention maximale.3Cette idée pourrait être partagée aussi bien par Freud que par Sartre, ou par n’importe quel artiste ou artisan perfectionniste. Selon Freud, les détails peuvent être éminemment signifiants, révéler la force d’un désir refoulé, d’une vérité inconsciente. Selon Sartre, ils dessinent le projet d’une vie en train de se préciser, d’une liberté en train de s’inventer, de s’aracher au néant. Une manière de passer sa main dans ses cheveux, de marcher dans la rue ne sont alors en rien insignifiantes ; elles ont du sens : le diable, comme le bon7Dieu, la vérité ou la beauté, sont bien dans les détails. Dans le détail d’une gargouille de la basilique de Saint-Denis, on pourrait voir toute sa beauté ramassée.5De même, dans la cosmogonie de Leibniz, chaque partie contiendrait le Tout ; bref, le diable (ou Dieu) serait dans les détails1

Mais on peut aussi entendre la phrase en son sens opposé, assumant d’ailleurs qu’en elle le diable soit davantage mis en avant que Dieu. Elle signifierait alors que notre intérêt excessif2pour les détails, notre passion pour le superflu, puisse nous faire passer à côté de l’essentiel. Il y aurait quelque chose de diabolique dans cette manière dont les petits détails nous divertissent de l’essentiel, de la vérité, et pourquoi pas de Dieu. À l’aise dans l’accessoire ou le secondaire, le diable viendrait nous tenter, nous perdre. Comme le héros de Fight Club au début8du film, nous serions diminués par notre passion pour les meubles Ikea, nous faisant oublier que la vérité est ailleurs : dans notre corps, notre désir, notre véritable élan vital. À force d’accorder trop d’importance à des détails comme notre habillement ou notre apparence, nous passerions à côté de notre vérité d’homme. Il faudrait, dans ce cas, se désintéresser des détails. Le détail ne serait plus découpé dans un Tout dont il révélerait la vérité, mais arrachée5à cette vérité, faisant écran à elle. Le diable serait dans les détails : bien caché en eux, chez lui dans ce royaume des petites choses, sournois et à l’affût, prêt à nous détourner du Beau, du Vrai ou du Bien.

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