Guillaume Apollinaire, fils d‘une mère polonaise et d’un officier italien, naît à Rome en 1880. Avec sa mère il s’installe à paris en 1900 avant de partir en Rhénanie comme précepteur pour la fille d’une vicomtesse d’origine allemande. C’est à cette époque qu’il publie ses premiers textes.
De retour à Paris en 1902, il devient proche des milieux littéraires et artistiques et se lie d’amitié avec Picasso, Alfred Jarry ou le Douanier Rousseau. Après avoir collaboré à diverses revues, il publie son premier livre en 1909, l’Enchanteur pourrissant, suivi d’autres recueils dont Alcools en 1913 qui rassemble ses meilleurs poèmes.
En 1914, il s’engage dans la Grande Guerre ; il sera naturalisé à ce moment-là. Il en sort blessé en 1916. Reprenant une grande activité littéraire, il publie un drame surréalisme Les mamelles de Tirésias, ainsi qu’un recueil d’idéogrammes lyriques, Calligrammes, qui substitue la linéarité à la simultanéité et constitue une création poétique visuelle qui unit la singularité du geste d'écriture à la reproductibilité de la page imprimée.
Affaibli par sa blessure, touché par la grippe espagnole, Guillaume Apollinaire est mort pour la France le 9 novembre 1918.
Le pont Mirabeau
Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Et nos amours
Faut-il qu'il m'en souvienne
La joie venait toujours après la peine.
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure.
Les mains dans les mains restons face à face
Tandis que sous
Le pont de nos bras passe
Des éternels regards l'onde si lasse.
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure.
L'amour s'en va comme cette eau courante
L'amour s'en va
Comme la vie est lente
Et comme l'Espérance est violente.
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure.
Passent les jours et passent les semaines
Ni temps passé
Ni les amours reviennent
Sous le pont Mirabeau coule la Seine.
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure.
recueil Alcools 1913