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[DM} Résistance à alland'huy sausseuil Multi-cache

Hidden : 3/5/2022
Difficulty:
2 out of 5
Terrain:
1.5 out of 5

Size: Size:   small (small)

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Geocache Description:


Avril 1944 : La Gestapo de l'avenue Foch, infiltrée, décime la Résistance ardennaise...

...dans la région d'Attigny...

Dans les environs d'Attigny, Roger Mathieu et Charles Saint-Yves plaçaient, le plus souvent, les aviateurs dans des fermes : au Petit-Ban, à Écordal, chez la famille Sagnet ; à la Maronnerie, entre Écordal et Tourteron, chez la famille Thomas ; à la ferme Fricoteau, à Roche ; chez Henri Logeart, maréchal-ferrant à Givry-sur-Aisne ; chez Charles Lambert, commerçant à Attigny. L'épicentre du réseau Samson en cette région, c'était la ferme du Chesnois, située à Alland'huy. Propriété de la famille Fromentin, elle était le lieu de rassemblement des aviateurs, dont la fille, Lucienne, organisait les départs jusque Paris, en train depuis la gare d'Amagne-Lucquy, ou par Reims, dans la camionnette de M. Logeart. Ils furent nombreux les aviateurs à transiter en ces lieux. Mme Paulette Delvaux, la plus jeune des deux filles de la famille Sagnet, se souvient que depuis l'été de 1943 (au moins), des aviateurs étaient toujours présents à la ferme du Petit-Ban, quatre par quatre au fur et à mesure des évacuations, jusqu'à ce que, début 1944, la filière s'essouffle, sans que l'on sache pourquoi, et que la solution se présente à cette inertie par l'arrivée de Nicolas, introduit par le chauffeur-mécanicien de la laiterie « Maggi » d'Attigny, Jean Méréo, qui passait tous les jours relever le fruit de la traite des bêtes et qui jouait le rôle d'agent de liaison entre les différents relais du réseau :

" Le 1er mars 1944, le jour de mes 20 ans, il y avait cinq ou six américains qui étaient chez les Thomas, dit Paulette Delvaux. Ils les avaient amenés chez nous, avec les trois ou quatre que nous hébergions. Nous avons fait des gaufres. C'était juste un mois avant les arrestations. Nous sommes allés ensemble, avec papa, emmener les Américains à la ferme du Chesnois, et c'est Nicolas qui est venu les y chercher, et ce Nicolas était avec la Gestapo quand celle-ci est venue arrêter mes parents."

Paulette se souvient particulièrement d'un ramassage à la ferme du Chesnois, où elle était allée accompagner quelques aviateurs (selon Marcelle Fromentin, Nicolas vint au Chesnois en chercher 13, et un Français « gaulliste » cherchant à rejoindre Londres, vers le 15 mars), et où Nicolas, un homme grand, costaud, au crâne dégarni, était arrivé dans sa camionnette, un véhicule d'une couleur sombre et de forme oblongue. « Ça ferait un beau corbillard, non ? » avait-il demandé après avoir chargé ses passagers...

Le 31 mars d'abord. Ce jour-là, vers 19 heures, Saint-Yves bavardait avec un ami sur la place de la mairie d'Attigny lorsqu'il fut prévenu que la Gestapo, ou la Milice, perquisitionnait son domicile. Il prit aussitôt la fuite.

Un peu plus tard, quatre individus armés de mitraillettes firent irruption au domicile des époux Lambert, commerçants à Attigny. Ils commencèrent par fouiller la maison, puis n'y trouvant rien de compromettant, demandèrent à Charles Lambert où se trouvait Saint-Yves, où étaient cachés les Américains ainsi que l'argent et les armes reçus de Londres. Ils finirent par gagner la confiance de M. Lambert, qui observait le mutisme le plus complet, en lui déclarant qu'ils étaient de la Résistance, « envoyés par les grands bureaux de Paris », pour cacher Saint-Yves que les Allemands recherchaient. Puis ils se firent rassurants : « N'ayez pas peur, nous voyons à qui nous avons à faire. Nous avons vu que vous ne vendez pas les amis, aussi maintenant nous avons confiance en vous. » Charles Lambert ne savait pas où était Saint-Yves, mais la Gestapo connaissait son rôle dans le réseau, et différa simplement son arrestation.

Ils se rendirent ensuite chez Henri Logeart, à Givry-sur-Aisne, que Nicolas avait déjà rencontré alors qu'il allait chercher des aviateurs à la ferme du Chesnois. Il venait de sortir quand les miliciens pénétrèrent dans son domicile. De dépit, ils arrêtèrent sa femme.

Les quatre hommes se dirigèrent ensuite vers la ferme du Chesnois, où ils se livrèrent à une perquisition en règle, tenant sous la menace de leurs armes les hommes de la maison (Georges Fromentin, son fils Jean, ainsi que le commis de culture, Robert Couvin), et procédant à l'arrestation de deux aviateurs belges cachés dans la demeure. Vers 23 heures, d'autres individus armés rejoignirent les premiers, accompagnés par Jean Méréo qui croyait avoir à faire aux résistants qu'il connaissait et qui étaient déjà venus enlever des aviateurs.

La famille Fromentin fut cantonnée à l'étage de la maison, les autres s'attablèrent dans la cuisine et ripaillèrent toute la nuit, jusqu'à six heures du matin, avant de quitter les lieux. Malgré cette épée de Damoclès suspendue au dessus de leur tête, car contrairement à Jean Méréo ils avaient compris à qui ils avaient affaire, personne ne quitta les lieux.

Le lendemain, 1er avril, à l'aube, sept individus armés se présentaient à la ferme de Jean Fricoteau, se déclarant « amis » et demandant à ce dernier où était Saint-Yves et où étaient cachés les trois Américains qu'il logeait. Les visiteurs partirent sans avoir obtenu de réponses mais promirent de revenir en fin de matinée. Trouvant à ce moment là porte close, Jean Fricoteau ayant pris la fuite, ils pénétrèrent par effraction dans la maison et se livrèrent à son pillage.

Un peu plus tard dans la matinée, Nicolas et quelques autres, accompagnés de Jean Méréo, se présentèrent à la ferme du petit-Ban, chez les Sagnet, toujours sous le prétexte de rechercher Saint-Yves afin de le soustraire aux recherches des Allemands. Il y avait, attablé là, Marcel Picot, résistant FTP rescapé du maquis de Launois et hébergé pour quelques jours avec son ami, René Delvaux, alors absent. Nicolas demanda à Picot s'il accepterait d'aller avec eux à Charleville afin de récupérer des explosifs en vue d'effectuer un sabotage sur voie ferrée. Picot accepta et monta dans leur véhicule. Conduit à Charleville, il fut mené au siège du SD, avenue Nationale, et immédiatement mis en état d'arrestation. Méréo découvrit alors qui étaient ses amis. Il subit le même sort que Picot.

En fin de matinée, six tractions-avant, bondées de miliciens et d'Allemands bloquèrent les routes menant au Petit-Ban. Nicolas procéda aux arrestations de Paul, Blanche et Madeleine Sagnet. Paulette fut épargnée.

« Je revenais quand les Allemands m'ont empêché de rentrer. J'étais revenue par Écordal, je suis restée au virage là-haut. Ils m'avaient pris pour la fille de la ferme voisine. J'ai vu Nicolas et je l'ai tout de suite reconnu, je lui ai tourné le dos. Un gars de la Gestapo m'a demandé d'attacher le chien de la ferme d'à côté, qui ne cessait d'aboyer, et de rester près de lui. Ce que j'ai fait. Ils sont partis avec papa, maman et ma soeur. »

La Gestapo attendit une semaine pour procéder aux dernières arrestations. Ce ne fut que le 6 avril au petit matin qu'elle se présenta à la ferme du Chesnois : arrivée de voitures remplies d'Allemands et de miliciens, arrestations des personnes présentes : Georges, Georgette, Jean et Lucienne Fromentin, Robert Couvin. La mère de ce dernier parvint à s'enfuir par une porte dérobée à l'arrivée des Allemands. L'épouse de Jean, Marcelle, qui était enceinte, fut laissée libre.

Ce même jour, la Gestapo procédait aussi à l'arrestation de Charles Lambert, à Attigny.

Toutes les personnes arrêtées dans le cadre de cette affaire furent emmenées à la prison de Charleville et y restèrent enfermées jusqu'au 27 juin, date à laquelle les hommes furent transférés au camp de Compiègne et les femmes au fort de Romainville.

Le bilan de la répression fut très lourd...

Le 2 juillet à 9 heures 15, à la gare de Compiègne, Jean-Marie Chardenal, Henri Baudry, Jean Rolland, Paul Dubois, Alfred Desson, Émile Lambert, Pierre Robert, Robert Wesse, Roger Willième, Robert Couvin, Georges et Jean Fromentin, Jean Méréo, Charles Lambert, Paul Sagnet, et Lucien Charlot furent entassés dans des wagons à bestiaux composant le convoi n° 7909, qui sera plus tard appelé « Le train de la mort ». Ce fut le plus important convoi de déportation n'ayant jamais quitté Compiègne (2166 déportés politiques, résistants, droits communs). À destination du camp de concentration de Dachau, il fut sans doute aussi le plus meurtrier (530 hommes trouvèrent la mort dans des conditions épouvantables pendant le voyage).

« À la frontière, à Novéant, en Moselle, il y avait déjà des morts que nous débarquions. Pour moi, ce fut le plus terrible de tout, ce train. Voir des gens qui deviennent fous et s'entretuent, c'est terrible... J'ai eu de la chance, car j'ai été l'un des premiers à saigner du nez (signe annonciateur de l'asphyxie), comme un bœuf c'est le cas de le dire, les autres me mirent près de la petite lucarne pour que je respire un peu et un médecin vint me voir et dit qu'on pouvait me remettre au fond, car j'étais sauvé...

Après trois semaines à Dachau, le 22 juillet, nous sommes partis en Kommando au camp de Neckargerach, dans la vallée du Neckar, entre Stuttgart et Mannheim.

Nous travaillions pour la construction d'une usine, sous la montagne, pour la firme Messerchmitt. C'étaient d'anciennes carrières de gypse, vieilles de centaines d'années, qu'il fallait déblayer et où nous devions creuser des galeries. Là-dessous, les Allemands ramenaient les machines des usines de la Ruhr qui étaient bombardées. Nous en avons construit une et nous en étions à la deuxième lors de notre libération. Nous étions des milliers de personnes à travailler : des prisonniers de guerre, des travailleurs libres, des civils allemands, des déportés etc... Mais nos gardiens s'arrangeaient toujours pour que ces différentes catégories de travailleurs ne se croisent pas et ne se voient jamais. Parfois, on déchargeait des péniches de ciment ; on pesait environ 40 kilos, et on nous mettait un sac de 50 kilos sur le dos et ... March !...

Nous étions surveillés par des anciens de l'Afrika Korps qui étaient impitoyables : certains qui s'approchaient du fleuve pour y prendre un peu d'eau étaient tout de suite fusillés : "Tentative d'évasion !!!..."

Mais les pires étaient les kapos. Le nôtre fut un Ardennais qui avait été déporté avec nous, un homme de Charleville. Quand je suis rentré on me l'a présenté comme un "Héros de la Résistance", ce que je ne conteste pas puisque je ne le connaissais pas. Mais son attitude lors de la déportation ne fut pas à la hauteur de cette réputation. Après notre retour, il fut décoré de la Légion d'honneur, il a été président départemental des Déportés... On crevait de faim et j'avais un jour réussi à voler quelques pommes de terre. Il me les avait retirées, lui, un Français, un Ardennais ! Le Père Paul (Paul Sagnet), alors que l'on était de corvée d'épluchures, m'avait dit : "Si je reviens, celui-là, je lui mettrai deux balles dans la peau"... Paul Sagnet n'est malheureusement pas rentré, il est mort d'épuisement. J'étais toujours avec lui, il avait fait la guerre de 14-18 avec mon père, à Verdun, et on se retrouvait là... De toute façon, on ne s'est jamais quittés pendant notre déportation, Paul Sagnet, Georges et Jean Fromentin et moi.

Je n'ai quitté Jean que lorsque nous fûmes transportés à l'hôpital militaire de Spire en Allemagne, après la libération du camp. Sur l'ensemble des déportés, nous ne sommes restés qu'à douze qui n'étions pas malades...»

Témoignage de Robert Couvin, publié dans Ami, si tu tombes...

Jean-Marie Chardenal, né le 14 mars 1915 à Troyes, est décédé le 15 février 1945 au camp de Ohrdruf (Kommando du camp de concentration de Buchenwald).

Henri Baudry, né le 23 janvier 1903 à Donchery, est décédé au camp de Hersbruck (Kommando du camp de concentration de Flossenbürg) le 23 novembre 1944.

Jean Rolland, né 22 janvier 1890 à Dinan (Côtes-du-Nord), est décédé au camp de concentration de Dachau le 4 avril 1945.

Paul Dubois, né le 10 février 1920 à Sedan, fut libéré par les Américains le 30 avril 1945.

Alfred Desson, né le 28 juillet 1902 à Maubert-Fontaine, rentra de déportation.

Émile Lambert, né le 28 février 1886 à Rocroi, est décédé à Dachau le 27 décembre 1944.

Robert Wesse, né le 24 avril 1924 à Sedan, est décédé à Hersbruck le 6 décembre 1944.

Roger Willième, né le 28 octobre 1901 à Sedan, est décédé à Hersbruck le 2 décembre 1944.

Pierre Robert, né le 24 janvier 1902 à Maxilly-sur-Saône (Côte d'Or), fut libéré à Dachau par l'avance américaine le 29 mai 1945.

Georges Fromentin, né le 20 novembre 1885 à Alland'huy, est décédé à Dachau le 8 février 1945.

Jean Fromentin, né le 30 septembre 1920 à Alland'huy, est décédé à l'hôpital de Colmar le 12 juin 1945.

Robert Couvin, né le 16 janvier 1926 à Alland'huy, fut transféré de Dachau à Neckargerach, Kommando du camp de concentration de Natzweiler, il fut libéré à Osterburken le 4 avril 1945.

Charles Lambert, né le 14 octobre 1900 à Reims, est décédé à Léonberg (Kommando du camp de Natzweiler) le 2 février 1945.

Paul Sagnet, né le 24 mars 1892 à Écordal, est décédé à Dachau le 29 décembre 1944.

Jean Méréo, né le 3 octobre 1916 à Sommatino (Italie), rentra de déportation.

Lucien Charlot, né le 1er janvier 1909 à Ecordal, mari de Lucienne Fromentin, rentra de déportation

Les femmes quittèrent Romainville dans un convoi qui atteignit le camp de « Neue Bremm » à Sarrebrück le 4 juillet. Le 27 de ce mois, elles furent transférées au camp de concentration de Ravensbrück.

Georgette Fromentin, née le 20 août 1889 à Alland'huy, fut gazée à Ravensbrück le 6 mars 1945.

Lucienne Fromentin, née le 14 mai 1911 à Alland'huy, est décédée à Warenn le 8 mai 1945.

Blanche Sagnet, née le 21 décembre 1901 à Jandun, est décédée à Ravensbrück le 27 mars 1945.

Madeleine Sagnet, née le 23 décembre 1923 à Écordal, fut libérée le 27 avril 1945 à Neubrandenbourg (Kommando de Ravensbrück).

Roger Mathieu fut fusillé au Bois de la Rosière, à Tournes, avec 12 autres patriotes tirés des geôles de la prison de Charleville, le 29 août 1944. Quant à Marcel Picot, qui n'appartenait pas au réseau mais à un groupe de FTP, il fut abattu sommairement par la Gestapo dans les bois d'Étalle le 6 juillet 1944.

Le bilan de la répression directement imputable à l'action de la Gestapo de l'avenue Foch dans les Ardennes, à la suite de l'infiltration de la filière d'évacuation des aviateurs alliées baptisée Samson, se monte donc à 22 personnes arrêtées : 20 furent déportées, 2 furent fusillées, 13 sont mortes en déportation.

Né le 19 juin 1912 dans les Deux Sèvres, Henri Nicolas était un ancien repris de justice. Arrêté comme réfractaire au STO au début du mois de décembre 1943, envoyé en Allemagne, il avait regagné la France et avait passé la frontière grâce à des résistants qu'il fit arrêter par la suite. De retour à Paris, il entrait en rapport avec la milice de Pierre Costantini, qui dirigeait un groupuscule de l'utra-collaboration, « la Ligue Française ».

À la fin de cette même année, il fit la connaissance de Joseph Placke, officier du SD de l'avenue Foch à Paris qui le prit dans son équipe. Nommé au SD de Saint-Quentin, il participa à plusieurs opérations, et il fut directement impliqué dans l'affaire dite « des parachutistes » qui entraîna les arrestations de vingt-sept aviateurs britanniques et américains en mars et avril 1944, ainsi que de nombreux résistants dans l'Aisne et dans les Ardennes. À la Libération, Nicolas s'enfuit en Allemagne, puis parvint à intégrer le CIC américain comme chauffeur. Démasqué, arrêté, transféré à Marseille, il sera jugé pour ses crimes dans le cadre de l'affaire de la Gestapo de l'avenue Foch et condamné par la Cour de Justice de la Seine, et fusillé le 5 mai 1950.

Source « Ardenne, Tiens Ferme ! »

 

 

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