Synonyme de développement économique et symbole de prestige, au XIXe siècle, les villes ont pour combat permanent d’accueillir des troupes militaires. Quand en 1879, le 5e régiment de chasseurs à cheval s’installe à la caserne Latour-Maubourg, avenue de Romans, Valence compte près de 3 000 militaires, soit un septième de la population. La venue de ce régiment de cavalerie est une promesse faite à la Ville de Valence par le ministre de la Guerre, en compensation de la perte de son école d’artillerie, transférée à Nîmes. Pour héberger ces soldats, la construction d’une quatrième caserne est votée le 17 mai 1876 par le conseil municipal. La Ville finance un tiers des travaux (400 000 francs).
Des hommes et des chevaux
Le nouveau bâtiment est construit sur le principe des casernes de cavalerie de type Troisième République : une implantation en « U » autour d’une cour centrale. Au fond, le corps de logis : les réservistes cohabitent avec les munitions sous les toits. Les chambrées sont réservées aux soldats de métier qui se partagent une chambre pour 24 et 1 lit pour 3 (deux soldats dorment, le troisième assure un tour de garde). De chaque côté, deux écuries abritent chacune environ 200 chevaux. Dans l’alignement de la cour, les manèges (actuelle université).
Cette configuration permet de séparer les hommes des chevaux, et de réaliser ainsi des économies. Les écuries-docks sont construites de plain-pied, avec des matériaux moins coûteux que la pierre de taille : en brique et en métal. Le prix de revient du cheval est de 450 francs à Latour-Maubourg contre 7 à 800 francs à la caserne Chareton.
Fière de ses soldats
Les exercices militaires se déroulent sur le polygone d’artillerie, face à la caserne. Un vaste espace adapté à l’apprentissage du tir aux canons dont se plaignent parfois les habitants de l’actuel quartier de la Chamberlière qui retrouvent des morceaux de boulets dans leur jardin... dus aux ricochets ! Le terrain militaire accueille par ailleurs des manifestations publiques tels un concours hippique ou un meeting d’aviation.
Les officiers participent à la vie de la cité et à l’activité économique locale, fréquentant les cafés et les restaurants, les réceptions de l’élite valentinoise... La Ville, fière de ses soldats, fête la Sainte-Barbe, patronne des artilleurs. Le maire fait aussi appel à eux pour assurer la sécurité de la population lors de sinistres. L’armée quitte la caserne en 1994.
Le quartier Baquet est aujourd’hui le dernier et unique lieu d’implantation militaire dans la ville. Le 1er régiment de spahis, après un accueil temporaire à Latour-Maubourg, s’y est installé en 1984 et y réside depuis.
Source : Service Patrimoine - Valence Romans Sud Rhône-Alpes Pays d’art et d’histoire.
1886
Le général Boulanger, ministre de la Guerre, réorganise en 1886 les casernes de Valence. Chacune prend le nom d’un officier drômois s’étant illustré par le fait militaire : la caserne Saint-Félix devient Championnet, la caserne de la citadelle devient Chareton, la caserne du Petit-Séminaire devient Brunet, la caserne Saint-Jacques devient Latour-Maubourg.
Marie Victor Nicolas de Fay de Latour-Maubourg est né en 1768 dans la Drôme, à La Motte de Galaure. Il embrasse la carrière militaire en qualité de mousquetaire de la reine alors qu’il n’a que quatorze ans. Le marquis de Lafayette suit sa carrière avec bienveillance. En 1789, le jeune homme accède au rang de sous-lieutenant des Gardes du Corps. C’est à ce titre qu’il protège Marie-Antoinette en la conduisant auprès du roi, lorsque les révolutionnaires envahissent Versailles le 6 octobre 1789. Latour-Maubourg s’illustre ensuite par de nombreux faits d’armes sous l’Empire, auprès de Napoléon Ier. Ministre de la Guerre de Charles X, de 1819 à 1821, il décède en1850 à Dammarie-les-Lys.
