Toute première série de Géocache, je vous propose ici un petit moment d’histoire autour du hameau de Conchis raconté par mon arrière-grand-père dans le livre de Jean Durand « Les nouveaux contes de la Burle » qui regroupe une série de reportages, de « portraits dressés à partir de témoignages recueillis auprès des derniers authentiques habitants (pour la plupart déjà vieux), du Haut-plateau Ardéchois, pays de la Burle… » :
« Avec la Jeanine et l'Aimé, Noëlle gardait les vaches dans le grand pâturage de la Condamine que domine le hameau de Conchis.
Son père, le Gustou, lui dit soudain :
"Ecoute... Tu entends les cloches de l'église engloutie ?"
Alors les trois fillettes se prirent par la main et firent la ronde.
"On croyait que l'on dansait sur le clocher de l'église engloutie", raconte Noëlle qui est l'épouse du garde-champêtre d'Antraigues et mère de famille.
L'église engloutie de Saint-Etienne-de-Conchis ? En tout cas on s'est transmis de génération en génération le récit de cette église située au bord d'un lac, à la Condamine de Conchis et qui, au XIIème ou XIIIème siècle, aurait été engloutie au cours d'une nuit d'orage.
Plus de lac comblé aujourd'hui d'une terre fertile. Plus d'église de Saint-Etienne-de-Conchis. Mais une longue histoire pleine de paysans laborieux, de moines, de pèlerins, et puis de ruines et d'abandon.
Conchis, c'est, avec Bise et Genestelle, près d'Antraigues, la trilogie de la commune de Genestelle (de "gene" qui engendre, et de "stelle", l'étoile, l'esprit divin).
Conchis, conche ou coquille Saint-Jacques, parce que longtemps occupé par les moines, le lieu fut fréquenté par les pélerins de Saint-Jacques de Compostelle qui, sur la voie de passage de la vallée du Sandron, se mélaient aux muletiers et bergers qui allaient du Meyzene au Coiron.
Il y avait alors à Genestelle trois églises, dont Sainte Mare de Genestelle, donnée par le seigneur Aldebertus, contemporain de Charlemagne, celle des moines de Charay (1187) dont l'emblème était le cœur saignant, et des moines de la Chartreuse de Bonnefoy (XIIème siècle).
Et Conchis avait sa chapelle des Bénédictins de La Chaize-Dieu.
De ce passé d'histoire et de religion mêlées, restent la maison forte du capitaine Galimard (1608) aujourd'hui restaurée et demeure privée, la maison du sire de Baruze (1635) successeur de Charlabreysse de Galimard; ici et là des fenêtres en forme d'ogives monacales, quelques pierres marquées du "cœur saignant" des moines du Charay, une belle cheminée de style espagnol (à Campustel), une inscription de 1669 sur une faîtière ("Vive le vin! Vive l'amour !") la croix de Saint-Roch. Et là-haut, sur le Dôme de Coucoulude, une pierre écrite, et aussi la "Pause", autel païen du temps des Celtes, sur laquelle on posait les cercueils que l'on montait au cimetière.
Et encore beaucoup de ruines, de vestiges détériorés, voire massacrés. Et puis des souvenirs de l'heureux temps de vivre. »
« Comme le dit le maire "il faut aussi parler de ce qui se crée et prouver que nos villages ne veulent pas mourir".
Et puis la montagne somptueuse, ce pays insolemment beau, tout en creux et en bosses (mille mètres de dénivellation pour une superficie de deux mille cent hectares).
Et toutes ces histoires qui font rêver au légendaire passé... cette église engloutie par l'ancien lac auquel certains croient toujours.
Le Xavier Johanny, lui, il y croyait tellement qu'il creusa une galerie dans l'espoir de trouver de l'eau. Mais tel l'Abel Reilhan de "L'Epervier de Maheux" de Jean Carrière, le Xavier mourut sans jamais avoir terminé l'œuvre entreprise. »
Vous venez (ou vous allez) passer le hameau de Conchis et ses vestiges d’un autre temps, comme par exemple son lavoir emblématique du centre du hameau ou ses fours à tuiles (re)découverts il n’y a pas si longtemps un peu plus haut dans le village… (Tous deux sur des domaines privés).
Sur le chemin de Conchis à Bise, emblématique du pays de la Burle, le châtaigner nourrissait et nourrit toujours son peuple. Cet arbre là aurait fait une belle histoire dans les contes de la Burle, malheureusement mon arrière-grand-père n’a pas pu assister à ce que par contre mon grand-père et mon père ont vécu : cet énorme châtaigner centenaire foudroyé il a plus de trente ans de ça…
Attention de veiller à ce que la boite soit bien refermée il faut forcer un peu sur les quatre coins pour qu’elle ferme bien, bonne balade à vous… !