🔔 Les Glises : Demptézieu Traditional Geocache

Dans la série des Glises : Demptézieu

Au Xeme siècle, une communauté de moines devait habiter à Demptézieu, ne serait-ce que pour la construction d'une église. Ce monastère, sous la dépendance de l'église de Lyon, gérait le bourg, ses terres et ses vignes.

Vers 1172, cette église est placée sous le patronage de Saint Chef et jusqu'en 1801, elle est patronnée par le diocèse de Vienne.

Au XIeme siècle, le château de Demptézieu, était défendu par 15 tours reliées par un mur d'enceinte de 800m de long sur 1.30 d'épaisseur. Ces fortifications allaient jusqu'à la Chapelle Seigneuriale (l'église actuelle).

En 1462, on signale la chapelle comme église paroissiale.

Au cours des âges, l'Eglise de Demptézieu fût construite en 3 étapes et subit de nombreuses transformations. Un plan de 1728 fait apparaitre une Eglise en forme de croix :

A droite du chœur, la chapelle Sainte Madeleine. A gauche du chœur, la chapelle Saint Etienne. Le clocher était situé au centre du chœur.

En 1885, l'église est trop petite. On fit allonger les chapelles en 2 nefs latérales, ce qui transforma la croix latine en une église à 3 nefs.

(in https://www.mairie-st-savin.fr/notre-village/patrimoine-communal/eglise-de-demptezieu )

Mais revenons un peu en arrière voulez-vous.

Nous sommes en 1338. Le village de Demptézieu est prospère. Près de 800 habitants, bien plus qu’à St Savin, petite dépendance de Demptézieu avec ces 170 âmes.

Les batailles entre le Dauphiné et la Savoie pour savoir à qui appartient ce territoire s’apaisent juste.

Non loin du château, dans une petite ferme bien située, avec un bout de terrain, une belle vue imprenable, car le terrain de devant est non constructible, et quelques dépendances facilement ré-aménageables en chambres d’hôtes, avec tout le confort pour les bêtes au moment où se déroule l’action ; Marie pousse. Elle pousse fort et des cris ; dans la suite parentale, le coin de la pièce principale de la ferme où elle dort habituellement avec Arnaud, son mari, elle met au monde une future charmante petite fille.

Emilie fut rapidement son prénom, et chose assez rare à l’époque, elle passa plutôt bien sa première année, fut même en vie la deuxième et cela allait continuer pour un temps encore. Marie, sa mère, était parmi les plus belles femmes de la contrée, ce qui rendait Arnaud fier et heureux.

Emilie prit le chemin de sa mère. Elle grandit au grand air, courant tout le temps à droite et à gauche, pour s’occuper des poules et chicaner les anciens et l’inverse. Tout le monde adorait cette gamine. Elle souriait tout le temps, était plutôt futée et adroite en tout. Elle rendait service à tout le monde bien volontiers et aidait aux travaux pénibles de la ferme.

Mais, alors qu’elle allait avoir 10 ans, un malheur s’abattit sur Demptézieu, comme dans les villages autour, la peste noire fauchait à tour de bras. Arnaud, le papa d’Emilie tomba malade très vite et trépassa à la même vitesse. Marie, sa mère décida de quitter le village avec sa fille pour se mettre à l’abri à l’écart de tous. Le lendemain du décès d’Arnaud, à l’aube, elle avait fait des paquets, chargé ce qui pouvait l’être sur la charrette et tirés par leur brave cheval elles quittèrent Demptézieu et descendirent dans la vallée vers le nord, là où nulle ferme, nul village, nul être humain ne les conforterait à la maladie.

Elles ne firent pas grand voyage et s’installèrent dans un bois proche de l’étang. Emilie trouvait se voyage fort amusant mais se demandait quand son père les rejoindrait. Elle mit du temps à faire son deuil. Mais il faut dire qu’à l’époque, la mort faisait beaucoup plus partie de la vie et Emilie à 10 ans était déjà de taille à supporter cette perte tant elle en avait vu partir déjà au village, des anciens comme des nouveaux nés.

Cette histoire devient vraiment triste et inquiétante. Je n’y peux rien, les temps étaient durs. On blaguait parfois, on riait aussi, mais c’est beaucoup plus tard que les one-man show firent leur apparition. En ce temps, l’idiot du village faisait rire parfois à défaut d’être utile à la communauté, mais alors, n’était-ce pas là un rôle utile, et d’autre part, je crois que je m’égare.

Au bout de quelques temps, sans jamais avoir croisé personne, mais en voyant de loin, souvent, des fumées noires rejoindre le ciel, elles décidèrent de rentrer. Les feux s’apaisaient.

Au village, c’était l’hécatombe. Il ne restait que deux familles et demi. Tout le monde était mort. Le village était désert. 13 habitants en tout.

Monsieur Mathian, qui avait, dès le début de l’épidémie, repris le rôle du chef du village, avait réussi à protéger ses proches, mais il toussait sérieusement. Un matin, il constata que son pied pourrissait. Il était atteint ! Emilie lui apportait de l’eau propre pour qu’il se lave, qu’il boive. Elle tenta de le bander mais ne savait que faire pour lui venir en aide. Il suait à grosses gouttes. Emilie était accroupie devant lui et lui lavait le pied. Alors dans un sursaut de courage, Monsieur Mathian lui demanda d’apporter sa hache et de lui couper l’orteil pour éviter le pourrissement.

-« Tu es forte Emilie, tu peux le faire ! Je le vois dans tes yeux. » dit Mathian avant de fermer les siens et serrer très fort le foulard qu’il avait mis entre ses dents. Emilie trancha.

Il fit alors vœu et promesse que, s'il avait la vie sauve, il offrirait au patron de la paroisse : Saint Barthélémy, un "quart" (12kg) de blé, au cours de la messe patronale du 24 août.

Et vous vous en doutez, il survécut à la peste.

Depuis 650 ans, chaque année, le 24 août, une bénédiction de l'offrande du blé est faite pendant la messe. Ainsi depuis cette époque, l'ainé des descendants Mathian perpétue la tradition de l'offrande du blé bénit. Tous les participants de la messe emportent une poignée de ce blé bénit, symbole de la protection de leur maison.