Je vous propose de découvrir l'ancienne base aérienne de Juvincourt/Berry Au Bac qui fut tour à tour française puis anglaise, allemande, américaine, et de nouveau française entre 1917 et la fin de la seconde guerre mondiale. La "Flugplatz" de Juvincourt fut l'une des bases les plus importantes de la Luftwaffe dans la zone occupée de France.  En 1947, il est décidé de la remettre aux normes afin d'être remise au commandement de l'OTAN. La base ne sera pas utilisée et sera déclassée en 1970 du domaine public de l'Etat.

Vous vous trouvez devant la dalle circulaire de réglages des compas (boussoles) de navigation des avions de la Luftwaffe, l'armée de l'air allemande.

Les autres unités allemandes à avoir servi à Juvincourt sont:

La NachtGeschwader 4 (NJG 4)

Après le départ des unités de bombardements pour le front de l'est, des éléments de l'escadre de chasse de nuit NJG 4 arrivent à Juvincourt en septembre 1942. Cette escadre est équipée de Messerschmitt Bf-110C, Dornier Do-217 puis de Bf-110G et Junkers Ju-88. Ce groupe participe à la défense nocturne du Reich contre les bombardements alliés dans le cadre de la ligne de défense "Kammhuber".

Un Messerschmitt Bf-110F de la NGJ4 en vol près de Juvincourt.

Signilisation routière allemande de la Flugplatz Juvincourt.

De novembre 1943 à mars 1944, la NJG 4 quitte Juvincourt pour la base allemande de Mainz-Finthen. En mars 1944, le groupe est de retour. Ce sera son dernier séjour en France, l'unité accompagnant la retraite de la Whermacht se replie sur le terrain de Twente, au nord d'Arnehm au Pays-Bas en laissant beaucoup d'épaves sur place.

Des épaves de Bf-110G et de Ju-88G de la NJG 4. Au fond un B-26 Marauder de l'USAAF (United States of America Air Force).

La LuftBeobachtung Staffel 4

Cette escadrille d'observation pour la chasse de nuit est créée à Juvincourt le 1er mai 1944 et dissoute le 18 juin 1944. Elle est équipée de Junkers Ju-88 et de Messerschmitt Bf-110.

La base aérienne de Juvincourt vit l'arrivée de chasseurs à la pointe de la technologie de l'époque, je veux parler des premiers avions à réactions opérationnels. Les tout premiers furent mis au point par les britanniques mais ce sont les allemands qui développèrent la technologie le plus vite et ont réussi à créer des escadrilles avant la fin du conflit mondial. Heureusement, ces armes arrivèrent trop tard pour changer le cours de la guerre.

1./VVdOKL Kommando Götz

Les premiers avions à réactions allemands à atterrir à Juvincourt furent des prototypes : 2 Arados Ar-234 équipés de caméras. Seulement un seul arriva le 25 juillet 1944 en provenance du centre d'essai d'Oranienburg. Il fallut attendre plus d'une semaine pour que les trolleys (chariot tricycle) et les pods fusées arrivent à l'embranchement ferroviaire de camp de Juvincourt. En attendant, le plus moderne des avions de reconnaissance était cloué au sol.

Les reconnaissances menées par la Luftwaffe s'étant jusqu'alors soldées par des échecs, le 2 août 1944, l'Arado Ar-234 a pour mission de photographier les plages normandes. Il en ramène 380 photos, bien plus de renseignements que n'avaient plus rassemblés les unités de reconnaisance en plus de 2 mois. Ils apprennent ce jour-là avec effroi que plus de 1.100.000 soldats et 300.000 véhicules ont débarqué sur les côtes normandes. Trop tard pour inverser le cours de la guerre. Dans les 3 semaines suivantes, 13 vols eurent lieu avec l'arrivée d'un 2e Arado Ar-234 à Juvincourt. Le 28 août, les chars américains se rapprochent de Reims et les Arados doivent s'éloigner et partir vers la base belge de Chièvres.

L'Arado Ar-234 sur son trolley.

Le port d'Arromanches photographié le 2 août par l'Arado Ar-234 de la Flugplatz Juvincourt.

Le KampfGeschwader KG51 "Edelweiss"

Au fur et à mesure de la retraite allemande, le I./KG51 équipé de chasseur à réaction Messerschmitt Me-262 se replia sur Creil le 15 août. Le Me-262 appelé "hirondelle" était le premier chasseur bombardier à réaction opérationnel de l'histoire. Il fut construit sous la contrainte par de la main d'oeuvre forcée de toute l'Europe notamment à l'usine sous terraine de Reimahg, équipée d'une piste de décollage à son sommet. 15000 travailleurs esclaves furent pris dans différents camp de concentrations pour construire l'usine et participer à l'assemblage des "hirondelles".

Le 19 août, la Luftflotte 3 ordonne d'évacuer les munitions et le carburant vers Coulommiers et Juvincourt, ce dernier terrain étant préféré du fait de son plus grand éloignement des forces US. Le 21, le XI. Fliegerkorps signale que le terrain de Juvincourt possède assez de carburant J2 pour 17 missions. Cependant la faible distance entre les alvéoles de desserrement et l'existence d'une seule batterie de 20 mm Flak sont considérés comme limite. Les 24 et 25 août l'unité dispose de quatre Me-262 dont trois opérationnels. Le 26, trois avions de l'EinsatzKommando décollent pour attaquer des concentations de troupes alliées dans la boucle de Bonnières sur Seine avec des bombes anti personnel. Le 29 août, l'unité se replie sur la base de Chièvres en Belgique.

Décollage de deux Me-262 de Juvincourt vers le nord ouest de Paris.

Messerschmitt Me-262 du KG 51 "Edelweiss". 

Ceci marque donc la fin de l'occupation allemande de la base de Juvincourt.