Cette cache vous fera découvrir une stèle commémorative pour deux Allemands morts dans un avion le 21 décembre 1915.
( Description de CCCL68 )
Que s’est-il donc passé en ce mardi 21 Décembre 1915 ?
Il pleut des cordes sur la base aérienne de Habsheim. Les journées se suivent et se ressemblent en ce mois de décembre 1915 particulièrement doux, le plus chaud et le plus pluvieux relevé depuis près de 50 ans en Alsace. Le ruissellement des gouttes sur le tarmac a réveillé Oscar Neumann comme chaque matin. Comme chaque matin aussi, son camarade de chambre Ernst Fintelmann dort encore du profond sommeil des braves. Avant de le réveiller, Oscar pense à Noël dans quatre jours, qu’il passera loin de sa fiancée, native de Brauerberg comme lui d’ailleurs, à une cinquantaine de kilomètres de Leipzig. Plus que quinze jours jusqu’à sa prochaine permission et leurs retrouvailles. Sa carte de vœux achetée hier pour elle, il la lui écrira ce soir.
Ce matin du 21 décembre, le Lieutenant Seber qui dirige le bataillon fait un rapide rapport des événements de ces derniers jours, et la tension sur son visage est encore palpable. Ordre est donné de ne rien changer au programme journalier habituel : les instructions ont déjà été transmises aux monteurs, afin de préparer les avions aux décollages pour les survols de reconnaissance prévus à ce jour. Fintelmann et Neumann savent qu’ils voleront ensemble : on ne change pas un tandem aussi rodé ! A raison de un à deux vols par jour au dessus des nuages, on finit par se connaître dans les moindres détails, une complicité sans faille se construit.
Leur avion est déjà prêt sur le tarmac de l’aérodrome : il s’agit d’un biplan AVIATIK. Depuis le début de la guerre, l’usine AVIATIK tourne à plein régime et les usines de Bourtzwiller produisent 150 appareils par an. Au début des hostilités, les avions sont réquisitionnés et armés. Plus tard, le site d’assemblage sera déménagé vers Munchhouse, puis à Fribourg et Leipzig. A chaque fois qu’il grimpe dans l’avion, Fintelmann ne peut s’empêcher de penser à tant de prédécesseurs aux records glorieux qui ont pris leur envol ici à Habsheim : Ainsi en 1911 par exemple, Habsheim fut relié à Strasbourg en un peu plus d’une heure en passant à 2000 mètres au dessus du Ballon d’Alsace. Autre exploit réalisé au départ de cette même piste : Il y a un peu plus d’un an, fin mars 1914, Ernest Stoeffler couvre la distance Habsheim-Fribourg en Brisgau en 14 minutes à la vitesse de 230 Km/heure … nouveau record du monde de vitesse ! Pour conjurer le mauvais sort avant chaque décollage, ça fait du bien de se rappeler de tels exploits. Mais ce jour là, ces pensées positives n’auront pas suffit.
Que s’est-il passé ensuite après le décollage pour que le biplace s’écrase dans l’Oberholz de Helfrantzkirch ? Incident technique, mauvaises conditions météorologiques – rappelons que ce mois de décembre était le plus chaud et pluvieux depuis près d’un demi-siècle -, ou alors l’avion a t’il été victime de tirs pour l’abattre ? Compte tenu de la tension qui règne dans la région depuis l’été dernier, cette hypothèse ne peut pas être écartée. Les faits relatés dans cet article se réfèrent à des écrits d’Ernst Udet.
Ajoutons qu’à quelques centaines de mètres de là, à la ferme des Trois Maisons, un petit bambin prénommé Joseph Helterlin écrira le lendemain, le 22 décembre 1915, dans une lettre adressée à son oncle qu’une énorme déflagration a perturbé les cours de l’instituteur à l’école communale. Quant à la carte de vœux à la fiancée d’Oscar, elle n’arrivera jamais à destination … Oscar non plus ! Sale guerre !