Récemment, l'association Mémoire d'un Pays a restauré un bel édifice peu connu de la commune, la fontaine de Larré.
Une remise en état par les herqueleurs
Les travaux se sont déroulé avec l'aide des herqueleurs, en trois étapes :
Le premier épisode a consisté à nettoyer la maçonnerie du monument au karcher en évitant soigneusement de toucher à la sculpture de Jean Mazuet. C'est Stéphane Tessier, qui réside tout près de la fontaine qui a fait le travail. Stéphane entretenant parfaitement le monument depuis qu'il a été dégagé par l'association en 2015.
Deuxième phase : la pose d'un seuil devant l'entrée de la fontaine qui n'en comportait pas jusqu'ici. Cette partie a été réalisée par les services techniques de la commune de Plessé. Le seuil a été placé le 21 juillet, avec le concours d'agents de la commune.
Troisième opération : la reconstitution du petit soubassement à gauche du seuil dont les pierres avaient disparu. Si deux ont été retrouvées dans les broussailles près de la fontaine, il en manquait encore et il fallait sceller des pierres en granit, ainsi qu'a été bâti le monument à l'origine. En cherchant à droite et à gauche, c'est... au Croisic que l'association a trouvé ce qu'il fallait, aux teintes des pierres en place !
Dernière étape : le nettoyage de la sculpture de Jean Mazuet. Nécessaire pour la libérer des mousses et lichens.
Toute une histoire
Sur le site du hameau de Larré, isolé entre les routes Plessé/Savenay et Blain/Redon, l’actuelle fontaine de Larré date de 1954. C’est le curé de la paroisse de Plessé qui a ordonné sa construction pour marquer l’année mariale. La fontaine a été dessinée par le chanoine Pierre Bouchaud, prêtre du diocèse de Nantes et professeur de dessin à l’Externat des Enfants Nantais. Elle a été décorée d’une sculpture de Jean Mazuet, représentant l’une des apparitions de la Vierge à Bernadette Soubirous à Lourdes en 1858 : elle raconte la scène où, sur l’ordre de la Vierge, Bernadette grattant le sol, une source a jailli.
En remontant le temps, nous savons que le site de Larré a été habité dès la préhistoire. Un tumulus se trouvait là, de même qu’un peu plus loin sur la route de Redon et un autre dans le hameau de Rozay. Plus récemment, ces deux lieux, Larré et Rozay, se trouvaient le long d’une voie romaine reliant Blain à Port-Navalo, à l’entrée du Golfe du Morbihan. Cette voie de communication très fréquentée explique pourquoi la contrée a toujours été habitée : au XVIIème siècle, une chapelle se trouvait sur la butte au-dessus de l’actuelle fontaine. La croix que nous apercevons aujourd’hui correspond sans doute à son emplacement. Dans son enclos, comme beaucoup d’autres églises ou chapelles en Bretagne, se trouvait un cimetière. Et jusqu’au règne de Louis XIV, une foire annuelle s’y tenait, sous l’autorité des seigneurs de Carheil.
Jusqu’à une date récente, la fontaine était un but de procession des paroissiens de Plessé à chaque 8 septembre, une des fêtes mariales dans le calendrier. Elle n’a jamais tari et longtemps, les cultivateurs des fermes des alentours venaient y puiser l’eau pour abreuver leur bétail. Aujourd’hui, l’eau n’est plus potable mais le monument a retrouvé sa simplicité et mérite d’être mieux connu des habitants.
Un conte
Il existe une belle histoire sur la fontaine de Larré, d'Eugène Cogrel, conteur gallo de Guémené.
La fontaine avait la réputation de permettre aux femmes allaitantes d'aider à la production de lait. Aussitôt l'eau bue, le lait coulait. Un vrai miracles. Et cela fonctionnait également pour tous les animaux, vaches, brebis...
Seulement un jour, un soldat passa par là. Très assoiffé, il s'assit sur la margelle et but une gorgée. Aussitôt il vît un changement dans son corps, des seins poussèrent, et le lait se mit à couler
Depuis, plus un homme n'ose se poser à la fontaine, de peur d'y voir l'arrêt du lait.
Moralité, fais attention en buvant l'eau de la fontaine de Larré !
(Source : Mémoire d'un pays. merci Manu Nicolas pour le conte)