Si l'on s'en tient à son appellation, le moulin Neuf est sûrement plus récent que celui de Saint-Gény dont il est très proche et légèrement plus au sud. Sa date de construction reste inconnue mais il avait des propriétaires sous l'Ancien Régime. Ses heures de gloire sont liées à la fondation et l'existence de la tannerie royale de Lectoure dont il est un complément fondamental. La corporation des tanneurs a recours systématiquement à l'énergie hydraulique pour moudre l'écorce de chêne (le tan) et assurer le traitement des peaux. Chaque tannerie avait donc un ou plusieurs moulins à tan et le moulin Neuf est le seul moulin à tan du Gers. Il a dû cesser de fonctionner au début du vingtième siècle. Laissé à l'abandon, les matériaux ont servi par ailleurs.
Le canal de dérivation du moulin, d'une longueur d'environ 700 m prend son alimentation sur la rive gauche du Gers, à environ 400 m en amont du pont de Saint-Gény, comme on peut le voir sur le plan de l'époque. Juste à l'entrée de la confluence, il reste un petit pont de pierre. Le canal d'amenée passait précisément sous la route N21 à hauteur du pont de Pin - il y a toujours un pont actuellement. Il faisait ensuite un coude pour partir vers le nord et atteindre le moulin. Le canal de rejet était plus court et proche du Gers.
Cet environnement a été quelque peu modifié, lors des travaux de construction, entre 1863 et 1865, de la ligne de chemin de fer Agen-Auch qui traverse ce site. Pour éviter d'être inondée, la voie ferrée est surélevée et 3 ponts ferroviaires ont dû être construits : l'un sur le canal d'amenée, l'autre pour permettre l'accès au moulin Neuf et le dernier sur la rivière Gers.
De ce qu'il reste du moulin, on devine tout juste quelques pierres qui n'ont pas été recouvertes par l'eau ou les broussailles. Entre les 2 moulins et à l'est de la voie ferrée, un terrain est affecté à un campement de voyageurs - ne pas déranger.
Mais malgré ces différents changements, le canal de dérivation existe toujours sur le terrain et son tracé n'a pratiquement pas changé, si on le compare avec le tracé actuel sur la carte IGN (voir site Géoportail). La végétation a certes envahi les berges et par endroits, le canal a été comblé. Une brève incursion vaut quand même la peine - passage à un point de l'ancien canal de rejet.
Je remercie l'historien local G. Courtès, pour m'avoir communiqué toutes ces informations.