Le gué du Scardon se nomme aussi gué de Drugy. C’est un passage qui permet de passer à pied le cours du Scardon, et qui fut utilisé de nombreuses fois depuis le Moyen-âge. Aujourd’hui, un petit pont permet de traverser les pieds au sec, et je l’ai utilisé plusieurs fois lors des pèlerinages Abbeville – Saint-Riquier quand j’étais jeune. Une ballade sympathique est possible depuis ce point en suivant le scardon jusque Neufmoulin.
Pour les plus mordus, un peu d’histoire :
Le cours actuel du Scardon qui prend sa source à Saint-Riquier pour se déverser dans la Somme à Abbeville avait au Moyen Âge, au XVIIIe et au XIXe siècle, un débit beaucoup plus important.
Les données de la géologie et les historiens, d’Hariulfe à ceux du XIXe siècle, attestent que l’emprise du Scardon s’étendait sur plusieurs dizaines de mètres, alimenté par plus de 7 sources permettant le fonctionnement de moulins à eau tout le long de son cours et la navigation des barques de pêcheurs qui, venus de la côte picarde par Abbeville alors port de mer, pouvaient atteindre Saint-Riquier lors de la marée haute.
Depuis lors le Scardon, dont le débit s’est considérablement réduit, n’est plus alimenté que par deux sources, celle « de bonne fontaine » dans Saint-Riquier et celle « des trois pleureuses » ou « de Mirandeuil » à Drugy.
L’eau du Scardon, des marais, des étangs et des viviers, ainsi que l’eau des puits était indispensable à la vie de la population locale, et ce jusqu’au XIXe siècle.
Marais, étangs, viviers et cours d’eau fournissaient des poissons de rivière, mais permettaient aussi l’acheminement des poissons de mer, essentiels à l’alimentation. On y trouvait les osiers et les saules pour la couverture des maisons et pour la fabrication d’ustensiles de pêche. On y exploitait même le sable pour la construction, alors que les mares servaient à abreuver le bétail.
Les eaux courantes étaient considérées pour la boisson comme supérieures à celle d’Abbeville et on venait « prendre les eaux » à Saint-Riquier !
Enfin l’eau servait au brassage de la bière et à la fabrication du pain, éléments majeurs de la nourriture d’autrefois.
Source : https://www.societe-emulation-abbeville.com/2014/03/05/l-eau-%C3%A0-saint-riquier/