Le 19 novembre 1687, un arrêté de Colbert autorise Berthelot, fermier des poudres et salpêtres à bâtir un moulin à poudre au lieu dit Pont-de-Buis, près de Châteaulin. La production commence en octobre 1688 et le 30 mai 1692, quatre moulins travaillent et pourraient produire “78 milliers par mois”.
Plusieurs raisons ont contribué à choisir le site du vallon de Pont de Buis pour installer ce moulin à poudre. Tout d’abord la proximité de Brest. Pont-de-Buis est situé à une quarantaine de kilomètres de Brest. Jusqu’en 1688, la marine s’approvisionne surtout à Saint Jean d’Angely dont l’éloignement rend difficile les livraisons et l’approvisionnement.
Ensuite l’accessibilité de Pont-de-Buis, la Douffine, rivière qui traverse le hameau, soumise au rythme des marées, se jette dans l’Aulne qui lui même se jette dans la rade de Brest. Ainsi le transport des matériaux par mer est facilité ; les bateaux, de taille de moyenne, peuvent accéder au moulin à marée haute.
Enfin, les conditions sont idéales pour y fabriquer de la poudre : la rivière a une chute d’eau suffisante pour faire tourner un moulin à poudre et la zone est boisée, le charbon de bois étant un composant de la poudre noire.
Aux XVII et XVIIIèmes siècles, la poudrerie ne se développe pas ou peu. Réputée dangereuse, les gens ont peur de venir y travailler. On sait toutefois qu’elle occupe une superficie de 36 152 mètres carrés, qu’elle est close de murs de quatre mètres de haut, même le long de la rivière, sur une longueur de neuf cent quarante mètres. Elle comporte deux moulins, un grenier, un séchoir, un atelier d’époussetage et plusieurs magasins d’entreposage.
A partir de 1840 et pendant presque vingt ans, une vaste opération d’agrandissement et de modernisation de la poudrerie est engagée. Le cours de la Douffine est modifié, le grand barrage est construit, le canal de dérivation, neuf ou dix usines, des ateliers….
L’essor de la poudrerie continue jusqu’à la première guerre : vers Stanguéonic, le champ et le tir et le magasin à poudre sont construits. Des bâtiments sont construits à la gare, un quai de déchargement notamment et un téléphérique.
En 1877, un quai est construit dans le port de Ty Beuz ; en 1890, une halte est établie au passage à niveau du Drenit sur la ligne Quimper-Landerneau.
Après l’armistice, l’activité de la poudrerie diminue naturellement pour reprendre au début des années 1920. Et le 1er septembre 1939, la poudrerie emploie 863 ouvriers et 241 ouvrières pour produire environ 1 300 tonnes de poudres par mois.
Le 18 juin 1940, l’activité de la poudrerie est arrêtée, les Allemands arrivent quelques jours plus tard et mettent la poudrerie sous séquestre. Une centaine de personnes est gardée pour l’entretien du matériel de l’établissement dont une partie est démontée par ordre du gouvernement de Vichy et envoyée dans les poudreries travaillant pour les Allemands.
La poudrerie est libérée le 1er août 1944. Sa libération donne lieu à quelques combats entre maquisards et Allemands.
Son activité reprend en février 1945, les ouvriers licenciés en 1940 sont en partie réembauchés. L’activité n’est plus aussi intense et pour palier à cette baisse de la production elle diversifie ses activités, entreprend des travaux de menuiserie pour la Marine, des moulages d’objets en matière plastique, la confection de répartiteurs de têtes de câbles pour les PTT (activité à l’origine de la création de Matra communication, aujourd’hui Novatech). Parallèlement, la poudrerie répond aux commandes dites “off-shore”, temporaires. Dès 1957, il faut débaucher du personnel et jusqu’en 1966 les effectifs ne cessent de diminuer. Des menaces de fermeture planent sur la poudrerie. Finalement, en 1973, la poudrerie de Pont-de-Buis est rapportée au nouvel établissement : la Société Nationale des Poudres et Explosifs et cela grâce au développement de la production de poudres de chasse et à l’intervention d’élus locaux pour défendre leur entreprise, notamment Madame Suzanne Ploux.
L’entreprise connaît un nouveau développement brutalement interrompu par l’explosion du 7 août 1975 qui fait 3 victimes et des dizaines de blessés. L’ampleur des dégâts fait craindre une fermeture de l’établissement mais rapidement le Ministère de la Défense décide de reconstruire.
La poudrerie répond alors aux normes les plus modernes, en matière de sécurité notamment. Dans les années 80, elle récupère ses parts de marchés sur les poudres de chasse. En 1984 elle produit les premiers générateurs de gaz et en 1987 elle commence une activité “lacrymogène”et arrête la production de poudres militaires. Parallèlement en 1992, Livbag, filiale de SNPE et d’Autoliv s’installe à Pont-de-Buis sur des terrains de la poudrerie. Elle est spécialisée dans la fabrication de générateurs de gaz pour les prétenseurs de ceintures et les airbags de voiture.
Depuis 1996, la poudrerie est rattachée à une filiale de la SNPE, Nobel Sport.
André LE GALL; “La fabrication des poudres et la poudrerie de Pont de Buis 1750- 1815 “; SNPE 1988 – ” La poudrerie de Pont de Buis, 3 siècles d’histoire “- 1988 “50 ans d’histoire, Pont-de-Buis lès Quimerc’h – 1949-99 ” Association 50 ans d’histoire – Causerie faite à la réunion du Lions Club de Brest le 6 septembre 1965- archives de la poudrerie-archives de la poudrerie