Georges P. est né à Etueffont en 1856, il n'avait jamais quitté son village. Il y est devenu plus qu'alcoolique et vivait de braconnage tout comme son neveu Prosper, ils connaissaient tous ces bois comme leur poche.
Ils allaient souvent braconner du côté de Saint-Nicolas sur les vastes terres de M. Keller, un riche industriel Belfortain. Celui-ci employait pourtant deux gardes-chasses... mais l'un était le cousin des bracos et l'autre, un certain Marchal, ne faisait pas peur. En 18 ans, il n'avait dressé que 5 procès verbaux.
Le 21 mars 1912 était organisée une battue au sanglier, dans la vallée de Saint-Nicolas, à laquelle participaient tous les chasseurs de la région. Ce qui permis aux 2 compères de traquer légalement pour une fois. Mais Marchal, par manque de confiance à décidé de les suivre tout au long, ce qui agassait nos 2 compagnons. Ils décidèrent d'attirer Marchal dans un piège, ils grimpèrent sur les hauteurs de Saint-Nicolas, juste où vous vous trouvez, et tirèrent un coup de fusil. Marchal accouru:
"Ah, cette fois, mes gaillards, je vous tiens!
- Mais non, Marchal, tu n'y es pas du tout. Nous ne chassons pas!
- Mon oeil! Et vos fusils, ils sont là pour la décoration?
- Tu peux nous croire. Tiens, fouille-nous. Je te met au défi de trouver la moindre pièce de gibier.
- D'accord. Tiens, pour faire la paix, bois un peu de cela."
Et Georges.P tendit une gourde pleine d'eau de vie de prune au garde, qui ne se fit pas prier.
Les trois hommes redescendirent vers le hameau de Saint-Nicolas. Et alors que le garde Marchal suivait le chemin, un peu en avant des 2 compères, Georges P. saisit le fusil et tira dans la nuque de Marchal qui s'effondra, tué sur le coup.
L'oncle et le neveu ne prirent pas la peine de t'enterrer, ils se contentèrent de le porter à une dizaine de mètres du chemin. La disparution du garde ne se fit pas attendre et les recherche commencèrent rapidement. Inquiets, les assassins décidèrent de déplacer le corps vers les eboulis de Neuberg, côté Alsacien donc à lépoque, allemand. Un endroit vraiment inaccessible.
Cinq semaine plus tard, Georges P. fut arrêté par les gendarmes mais pas pour le meurtre mais pour attentat à la pudeur, il avait attiré dans une grange la Zozotte, la simplette du village, pour lui faire subir des attouchements. Les parents portèrent plainte.
Derrières les barreaux, le braconnier fut privé d'alcool et tenta vite de corompre les gardiens en avouant le crime contre une bouteille et l'endroit du cadavre contre une autre.
Le juge lui demande:
"Mais pourquoi l'avez vous tué?
-Bah, ma foi...
-Tout de même... Vous lui en vouliez bien pour une raison quelconque.
-Non, il ne m'avait jamais rien fait de mal, Marchal.
-Alors, je veux comprendre, Pourquoi ce crime? Cet assassinat, même.
-Ben, j'en sais rien."
Et ni le juge ni son avocat, maître Chiffert, ne devaient en tirer rien de plus.
Ils arrêtèrent également le neveu qui prit 20 ans de bagne en Guyane.
La santé de Georges P. s'était tellement dégradée à cause de l'alcool qu'il n'a même pas pu assister à son procès. Les jurés de Besanon jugèrent inutile de déranger le nourreau Deibler. Ils le condamnèrenet aux travaux forcés, considérant que l'on pouvait laisser faire la nature. Et de fait, quand la guerre de 1914 eclata, quelques mois plus tard, Geaorges P. avait déjà achevé sa triste existence.