Kéréon tient son nom de l’enseigne de vaisseau Charles-Marie Le Dall de Kéréon.
Le phare de Kéréon se situe dans le passage du Fromveur, sur la roche de Men-Tensel (“la Roche-Hargneuse”). Il est l’un des deux seuls phares en France à ne pas porter le nom de l’endroit où il se trouve avec le phare d'Eckmühl qui se trouve à la pointe de Penmarc'h.
L'évènement qui a accéléré la décision de construire un phare à cet endroit est le naufrage du vapeur anglais Drummond Castle en juin 1896 sur l'écueil des Pierres Vertes (ouest de l'archipel de Molène), faisant 243 victimes. Le service des Phares, mesurant l’importance d’éclairer d’avantage les écueils bordants le passage du Fromveur, a élaboré un projet dans lequel il était prévu de construire quatre tourelles en béton sur les roches de la Jument, des Pierres-Vertes, Leur Vras et Men-Tensel. Cependant, la donation d’un membre de la Société géographique de Paris modifie le projet de la Jument où un véritable phare sera édifié. En 1907, le Service des phares autorise la construction d’une seconde tourelle à Men-Tensel. Pendant deux ans, les ouvriers vont laborieusement construire une base de maçonnerie sur la Roche Hargneuse. Fin 1909, la base est presque achevée, la construction de la tourelle doit débuter l’année suivante. Mais en janvier 1910, le Service des phares reçoit une lettre de Mme Jules Labaudy, petite nièce d’un révolutionnaire guillotiné pendant la Révolution, Charles-Marie le Dall de Kéréon.
« Ayant appris que le ministère des Travaux publics était sur le point de commencer l’exécution d’un phare sur la roche de Men-Tensel située à l’Ouest de l’îlot de Loedoc, passage du Fromveur, et désirant honorer la mémoire de mon grand-oncle Charles-Marie Le Dall de Kéréon, par une contribution à l’érection d’un édifice de cette nature, j’ai l’honneur de vous proposer d’y concourir pour une somme totale de 585 000 francs. » écrit-elle dans sa lettre.
Cette donation va modifier le projet en profondeur. Les ingénieurs, qui ont retenu la leçon des erreurs commises lors de la construction de la Jument (nb : mal-façons liées au temps imparti (7 ans) pour construire le phare et bénéficier de la dotation de M. Potron), décident d’en faire un véritable monument. Les travaux sont difficiles sur cette roche proche du courant et battue par les vagues. La Grande Guerre va encore accentuer ces difficultés, entraînant notamment des pénuries de matériaux et une forte inflation qui verra le budget du phare rallongé par deux fois. Mis en service le 25 octobre 1916, la dépense pour construire le phare de Kéréon s’est élevée à 975 000 francs. Ce qui en fait le phare le plus coûteux construit en France. L’intérieur est un véritable chef d’œuvre : on trouve des mosaïques sur les parois de l’escalier, les chambres des gardiens sont lambrissées et la salle d’honneur a été magnifiée par des boiseries en chêne de Hongrie et un parquet marqueté d’une rose des vents en ébène et acajou, symbole des Phares et Balises.
Jean-Pierre Lecoq dans la salle d'honneur. Les gardiens mettaient systématiquement des patins à leurs pieds pour ne pas abîmer la marqueterie. Image collection. Chasse Marée
Les gardiens prenaient extrêmement soin de leur phare, "palace des enfers", dans lequel la vie n’était cependant pas de tout repos. En 1989, pendant une impressionnante tempête, une vague a éclaté les deux fenêtres de la cuisine où les gardiens regardaient la télé, balayant tout le mobilier sur son passage avant de s’engouffrer dans la cage d’escalier. L’hélicoptère a mis trois jours avant de pouvoir treuiller quelqu’un avec du matériel pour réparer.
Kéréon sera automatisé en 2000 mais sera gardienné pendant encore quelques années. La dernière relève a eu lieu le 29 janvier 2004, devant de nombreuses télévisions. Il est en effet le dernier phare en mer à avoir été automatisé.
Non loin de la cache, vous trouverez l’unique cromlech d’Ouessant : un cercle de pierres dressées. Il daterait de la fin du Néolithique, vers 3000 avant J-C, et a été restauré par des archéologues en 1988. Il est entouré par deux tranchées d’extraction de pierres.
Tu connais désormais l'histoire de Kéréon. Pars sur les sentiers d'Ouessant à la cherche des quatre autres phares de l'île en suivant le circuit L'île aux phares.
A noter
Merci de ne pas mettre de billets de bateau dans la boite, ils forment une bouillie de papier au bout de quelques jours avec l'humidité.
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