LA BATAILLE DE VERDUN
« Verdun est le cœur de la France » Guillaume II / empereur d’Allemagne
La bataille de Verdun est la plus longue et la plus sanglante des batailles de la première guerre mondiale. « L’enfer de Verdun » dure 10 mois, de février à décembre 1916, pendant lesquels l’horreur de la guerre des tranchées atteint un paroxysme jamais égalé. La guerre des tranchées atteint un paroxysme jamais égalé.
le contexte
Les allemands envisagent de reprendre l’initiative sur le front occidental. C’est pourquoi ils préfèrent temporiser leurs actions à l’est pour ne pas s’enfoncer trop profondément en Russie. Quant aux anglo-français, ils prévoient une grande attaque sur la Somme. Elle est censée percer définitivement les lignes ennemies. Le général allemand Falkenhayn projette quant à lui une offensive écrasante sur un saillant du front français : la ville de Verdun. Il prévoit d’anéantir les troupes françaises sous un déluge d’artillerie. Il lancera ensuite son infanterie pour achever d’occuper le terrain. Le but de Falkenhayn n’est ni plus ni moins que de saigner à blanc l’armée française. Pour les allemands, le secteur de Verdun présente trois avantages majeurs. D’abord, cette zone est un saillant français de la ligne de front. Il s’enfonce significativement du côté allemand. De fait, la zone est déjà entourée de trois côtés à la fois par les forces du Kaiser. De plus, elles disposent dans le secteur d’un bon réseau logistique routier et ferroviaire. Les français n’ont qu’une route et une voie ferroviaire pour acheminer leurs renforts. Ensuite, les français ont prélevé de la zone de nombreuses troupes et beaucoup de matériel. De plus le réseau de forts qui ceinture la zone de défense française (dont Douaumont et Vaux) est vétuste et très peu adapté à la guerre moderne. Et la couverture défensive de la zone est rendue très compliquée par la rivière Meuse, un obstacle naturel contraignant. Falkenhayn connait parfaitement toutes ces faiblesses. Il entend bien les exploiter très rapidement pour atteindre ses objectifs en infligeant un maximum de pertes à ses ennemis. Enfin, le secteur se trouve très près du carrefour ferroviaire de Metz. C’est un très important nœud stratégique pour les français. Sa prise ou sa neutralisation pourrait rapidement paralyser leurs déplacements et leur approvisionnement. Les allemands amassent un matériel et un nombre de troupes considérables. Ils regroupent plus de 1200 pièces d’artillerie de tous calibres. Ils rassemblent près de 20 divisions d’infanterie, Il faut de plus ajouter à cela toute la logistique nécessaire, des munitions – plus de 2 500 000 obus – jusqu’au ravitaillement.
Le déclenchement
Le lundi 21 février 1916, vers 7h du matin, un déluge de feu et d’acier s’abat sur les lignes françaises. La bataille de Verdun est engagée. En deux jours, près de 2 millions d’obus sont tirés sur un front de quelques kilomètres et ceci pour infliger le plus de dégâts et de pertes possibles au français. En quelques heures, toute la végétation disparaît et laisse place à un paysage lunaire apocalyptique. A 16 heures, plus de 60 000 soldats allemands s’élancent sur six kilomètres, près du bois des Caures. Et menacent ainsi directement les lignes de liaisons et de ravitaillement françaises. Les pertes côté français sont déjà terribles.
Le traumatisme des premières heures
On peine aujourd’hui à se figurer de manière réaliste le calvaire des soldats français qui sont retrouvés écrasés et déchiquetés par cet enfer d’acier et de feu. En conséquence du terrible bombardement allemand des tout premiers jours de l’offensive, les défenses françaises sont complètement disloquées et broyées. D’ailleurs, très vite, dès le 25 février, les troupes d’assaut allemandes s’emparent du fort de Douaumont. La perte est rude pour les français qui voient leur principal point d’appui potentiel tomber, les allemands ne sont plus qu’à 5 km de Verdun et se rapprochent inexorablement. Mais c’est là que le plan de Falkenhayn va commencer à s’enrayer. En effet, l’intense préparation d’artillerie allemande révèle vite ses inconvénients. Le terrain est devenu lunaire car parsemé de cratères d’obus gigantesques et obstrué de débris et d’obstacles en tout genre, les allemands voient leur progression considérablement ralentie par les résultats trop destructeurs de leurs propres bombardements…
La bataille de Verdun et la résistance inouïe des soldats français
Tandis que l’infanterie du Kaiser essaie tant bien que mal d’avancer dans un terrain totalement ravagé et presque impraticable pour les armements lourds, l’incroyable se produit. Dans les positions françaises dévastées, des survivants surgissent çà et là. Ils ne sont que quelques poignées, sans ordres, sans moyens de communiquer, sans ravitaillement et complètement hébétés par les bombardements. Pourtant, dans un sursaut de survie complètement surréaliste, ces soldats qui ne sont plus que des fantômes résistent avec un courage et une abnégation inouïe. Utilisant les reliefs du terrain détruit et les multiples obstacles, ils parviennent, là où ils se trouvent, à exploiter les difficultés de progression des allemands et leur infligent ainsi des pertes terribles.
Les justes décisions du général de Castelnau
Le général de Castelnau doit bloquer l’avance allemande. Dès le 24 février, de Castelnau jette ces troupes dans la fournaise en rationalisant leur déploiement avec beaucoup de sens tactique. Le 25 février, Joffre décide l’envoi de la 2ème armée française au complet. À sa tête, un certain général Pétain qui se voit bientôt confié le commandement de toutes les opérations de la zone. L’avancée allemande est stoppée. Dès le 26 février, l’échec de la percée éclair allemande marque la fin de la première phase des combats.
La voie sacrée : l’artère vitale de la bataille de Verdun
Pétain prend la défense du secteur à bras le corps. Pour couvrir les fantassins, il met en place le plus rapidement possible de l’artillerie lourde, récupérée et acheminée tant bien que mal. En outre, pour parvenir à maintenir ses lignes, il réorganise toute la logistique française. Il fait renforcer les lignes de chemin de fer et aménagé la route départementale qui relie Verdun à Bar-Le-Duc. Un flot ininterrompu de camions est ensuite organisé nuit et jour dans les deux sens de circulation, Ainsi, chaque semaine, plus de 90 000 hommes et 50 000 tonnes de matériel, munitions et vivres sont transportés sur cette route que des hommes pavent et entretiennent sans interruption. C’est pourquoi cette artère se révèle tellement stratégique et vitale pour les français. À tel point qu’elle est vite baptisée « la Voie Sacrée ».
La reprise en main de Pétain
Pour assurer une combativité maximale de ses troupes, Pétain organise également des repos et des relèves fréquentes des unités. Au final, près de 70% des soldats de l’armée française participeront à la bataille de Verdun. C’est ainsi que la première phase de la bataille de Verdun se termine, début mars. La défense française n’est pas brisée. Bien au contraire, les français sont prêts à tout pour résister : « On ne passe pas ! ». Malgré l’évidence de son échec, Falkenhayn va s’entêter envers et contre tout. Et c’est pourquoi le massacre va encore durer dix mois, jusqu’en décembre 1916. Dix mois interminables pendant lesquels les soldats des deux camps vont s’étriper dans un véritable enfer.. Ne règnent plus que la barbarie, la sauvagerie, les gaz de combat, la terreur des lance-flammes, les traumatismes des bombardements, la boue, le feu, l’acier brûlant et le sang. Et partout, l’odeur insoutenable des cadavres en décomposition…
La bataille de Verdun : dix mois d’enfer…
En conséquence de la résistance acharnée des français, les troupes allemandes sont finalement repoussées sur leurs positions de départ. Plus que tout, des deux côtés le gain de terrain est totalement… nul. En conclusion, une gigantesque boucherie pour rien. On estime les pertes, tués, blessés ou disparus, à près de 380 000 côté français et près de 340 000 côté allemands. Plus de 22 millions d’obus ont été tirés. D’ailleurs, 80% des pertes dans les deux camps sont dues directement à l’artillerie. Cet affrontement inhumain dont on peine à imaginer la violence reste le plus long et l’un des plus dévastateurs de la Première Guerre mondiale. La bataille de Verdun devient pour les français le symbole national de la résistance et du courage… De l’horreur, aussi.