1.Le mémorial australien
La construction de l'église en 1850 avait sérieusement diminué la superficie du cimetière qui se situait juste à côté (coin de la Rue de la Terrière et de la Rue du Haras ou Voirie Neuve).
C'est en 1906 que le cimetière a été transféré à cet emplacement : (Rue de la Terrière).
La présence britannique:
En août 1916 les Britanniques installent un "CCS" (Casualty Clearing Station) dans le château, poste d'évacuation avancé, qui reçoit les blessés et les malades jusqu'en février 1917.
Le premier soldat britannique est enterré le 2 août 1916 dans la partie Est du cimetière qui ne compte alors que peu de sépultures.
Les garnisons australiennes:
Du début avril à fin juillet 1918, Allonville est une des bases arrière de l'armée australienne.
Cette période correspond à la grande offensive allemande avec Amiens comme objectif.
Parmi les 78 tombes de soldats du Commonwealth, (1ère Guerre mondiale) 19 témoignent d'un épisode dramatique, connu comme étant celui de la perte du plus grand nombre de soldats australiens au cours d'une si courte attaque.
La nuit du 30 au 31 mai 1918, vers 1h15 du matin des obus sont tirés en direction du village visant les campements de soldats australiens qui séjournaient soit sous tente dans le parc du château, soit dans les granges du Haras (aujourd’hui exploitation agricole au bout de la Voirie Neuve).
Plusieurs centaines de soldats sont regroupés dans l'attente de leur retour au front prévu ce 31 mai à 6 heures du matin.
Plus de 100 camions sont stationnés dans la cour du Haras où se trouvent également d'importants stocks d'armes, de munitions et de carburant.
Un obus touche une des granges tuant 13 soldats et en blessant 56, un second détruit une autre grange faisant 12 victimes dont 5 morts, un soldat britannique sera également tué portant à 19 le nombre de morts inhumés dans le cimetière d'Allonville.
Douze autres soldats mourront des suites de leurs blessures après avoir été évacués dans des postes plus éloignés. (Longueau, Vignacourt, Crouy St Pierre, Rouen, Birmingham)
(Le 31 mai 1918, 463 soldats et 25 officiers du 14ème Bataillon d'Infanterie Australien rejoignirent le front vers 10 heures.)
La "Croix du Sacrifice":
C'est en mai 1917 que fut créée une organisation alors appelée "Imperial Word Graves Commission" chargée d'enregistrer les informations concernant les tombes des soldats de l'Empire Britannique. (Elle deviendra en 1960 : Commonwealth World Graves Commission -CWGC-)
En novembre 1918, les décisions suivantes furent prises
- les corps ne devaient pas être rapatriés
- les "mémoriaux" (pierres tombales) ne devaient pas présenter de distinction de classe entre les soldats.
(Le cimetière de Forceville en Amiènois achevé en 1920 servit de modèle pour les autres cimetières du Commonwealth.)
La "Croix du Sacrifice" imaginée par l'architecte R Blomfield, croix de pierre blanche avec une épée de bronze pointe en bas s'élève au-dessus des rangées de pierres tombales uniformes. Elle se retrouve dans tous les cimetières du Commonwealth pour rappeler le sacrifice des soldats morts pour défendre la liberté.
Martial Louis
Sources : Archives Départementales de la Somme
AWM (Australian War Museum)
CWGC (Commonwealth War Graves Commission)
2. Athanase Fossé
Sous cette dalle reposent Athanase Fossé et sa femme, Clémentine. Son père, Barthélémy, en médaillon de bronze, habitait la Ruelle avec son épouse. C’est là que naît le petit Athanase le 7 janvier 1851. Gamin, avec son couteau, il taille dans la craie des figurines. Une habilité manuelle qui convainc son père qui lui permet, à quatorze ans, chaque jour, à pied, de se rendre à Amiens à l’école des Beaux-arts. A 23 ans Athanase s’installe à Paris où il épouse son modèle, Clémentine. A 25 ans il expose le buste en plâtre de Th. Caudron, remarqué par la finesse du beau visage de ce sculpteur picard ; œuvre actuellement conservée au Musée d’Amiens.
A Allonville même vous pourrez découvrir le « monument aux morts » dont il fit don à la commune et lui faisant face « Souvenir de la nuit du 4 décembre 1851» qui illustre un poème de Victor Hugo. Dans l’église « l’Apothéose de Jeanne d’Arc », un haut relief montrant Jeanne sortant des flammes ardentes du bûcher, étonnamment délivrée par la mort.
Athanase Fossé est avant tout allonvillois. Son âme de paysan le ramène au pays. Souvent, l’été venu, il quitte Paris, ferme son atelier rue Chevert dans le 7ème arrondissement pour donner le coup de main aux moissons et retrouver famille et amis. Athanase est l’homme généreux qui en 1920 offre à son village le monument aux morts. Il ne peut demeurer insensible à cette douleur tragique partagée par tant de monde dans son village. Il les connaît tous ces jeunes hommes qui sont morts au champ d’honneur, il sait la douleur des sœurs, des veuves et des mères qui les pleurent. C’est donc à une femme jeune qu’il confie la mission d’exprimer cette peine ineffable. D’une palme en berceau tenue en bout de bras la « Mère Patrie » protège ceux que l’on ne reverra jamais plus. Mais aussi de son bras, lasse, elle tient comme à regrets, la couronne funéraire! Le poids du sacrifice qui déhanche légèrement l’épaule de la pleureuse pèse…A vous peut-être de l’interpréter et ainsi de saisir l’intime pensée d’Athanase!
Sur les deux pilastres qui encadrent l’entrée du cimetière vous remarquerez, en bas relief, deux couronnes funéraires identiques à celle que tient la pleureuse du monument aux morts.
En 1923, c’est sur un char tiré par deux chevaux que, Firmin, le mari de sa nièce, transporta son cercueil de la gare d’Amiens jusqu’à sa dernière demeure.