Dans ce modeste oratoire, dont on ne connaît pas la date de construction, se loge actuellement une statue de plâtre. Celle-ci remplace une vierge à l’enfant pour qui cet oratoire avait été érigé à une date indéterminée. Pour la placer à l’abri des vandales et des « marchands du temple », « Notre-Dame auxiliatrice » (celle par qui on a recours) a été installée dans l’église d’Allonville. Cette statue de la vierge, sculptée dans le bois, mesure un mètre de haut. En son dos à été évidée une trappe dont on ignore la fonction et dans laquelle on n’a trouvé ni message ni objet. Selon la tradition, cette vierge aurait été offerte par des espagnols au XVIII° siècle. L’histoire locale nous rappelle que les « espagnols » ont longuement séjourné au nord de la Somme au XVI° jusqu’au début du XVII° siècle. Entre Charles Quint et François 1er d’abord la très large marécageuse vallée de la Somme, difficile à traverser, fut une frontière très convoitée et les moments de paix ne furent guère que des trèves. La reprise d’Amiens en 1597 par Henri IV ne brise pas les ambitions espagnoles. Richelieu marquera le coup d’arrêt définitif de cette « occupation ». Cette histoire mouvementée fut vécue dans la douleur par les populations du Plateau picard nord. Est-ce un retour de pillage pour une rédemption espérée? Quand histoire, légende et tradition se mêlent et embrouillent à plaisir, il nous faut humblement reconnaître notre incompétence à identifier l’origine de cette statue que vous pourrez découvrir sur la tribune de l’église Saint-Jean Baptiste rue de la Terrière. Maintenant à droite de cet oratoire se dessine encore un chemin totalement inusité et interdit au public. Légèrement creux, il rejoint la route départementale et au-delà le chemin du prêtre vers le cimetière de Cardonnette où se situait son ancienne église. Généralement les oratoires, ou les croix, marquaient les limites d’un village. Sous le tertre herbu, à votre droite, un « Blockhaus », vestige de Seconde Guerre mondiale. Le Bois du parc du château fut une base militaire importante que l’aviation anglaise pilonna ou mitrailla à plusieurs reprises. Le village en subit les « dégâts collatéraux » : granges éventrées, maisons soufflées, château en ruines jamais reconstruit, entonnoirs de bombes aujourd’hui comblés dans les bois alentours. En 1944, les soldats anglais ont libéré un village meurtri mais heureux de sortir enfin de cinq années de cauchemar.
