Aujourd’hui installé dans le chœur de l’église Saint-Pierre de Passa, ce panneau appartenait, probablement à l’origine, à un retable destiné à une chapelle dédiée à saint Jean l’Evangéliste, située aux alentours du village, aujourd’hui disparue. Comme le panneau consacré à saint Pierre et conservé dans le même lieu, il fut réemployé à plusieurs reprises, ce qui contribua à son altération et à la perte de certaines parties. Il servit tout d’abord de porte au maître-autel actuel de l’église, puis fut encadré et accroché dans le chœur.
Ce panneau relate deux scènes de la vie de saint Jean l’Évangéliste. La scène inférieure illustre l’épisode qui précède son martyre où, le saint, vêtu d’un drapé rouge à l’antique, comparé devant l’Empereur Domitien. La scène supérieure se situe juste après le martyre : ayant refusé de sacrifier aux dieux, saint Jean fût jeté dans l’eau bouillante devant la Porte Latine à Rome. Il en ressorti indemne, plus jeune et auréolé sous les yeux du bourreau de l’Empereur.
Les personnages figés, la maladresse des compositions, mêlés à un goût prononcé pour l’antiquité – visible dans l’architecture, le traitement plastique et les drapés de certains personnages – permettent de rapprocher ce panneau du style initié en Catalogne par les peintres gironencs Pere Mates et Francesc Espinosa dans la première moitié du XVIe siècle. Le représentant de cette école en Roussillon fut Jaume Forner qui réalisa notamment en 1527 le retable de Notre-Dame-de-las-Gradas (Marcevol), et qui poursuivit sa carrière à Barcelone.