Une demeure défensive

Le manoir, construit en granit et en moellons, est une demeure défensive qui contrôlait la Pointe d'Arradon. Il desservait l'Île aux Moines, mais le chemin d'accès est aujourd'hui disparu. Pendant la guerre de Cent ans, le seigneur Rédoret abritait les paysans le temps d'une attaque. Ce statut défensif explique les murs épais, les petites ouvertures et les deux archères percées sur la façade. C'es au XVe siècle, à la Renaissance, que les fenêtres à meneau firent leur apparition.

Le privilège du seigneur

Sous la toiture, sur une longueur de 28 mètres, 100 boulins sont percés pour l'élevage des pigeons, on en trouve 100 autres de l'autre côté. « Les trous de boulins sous le toit sont des nids de pigeons disposés sur plusieurs rangées, c'était le privilège du Seigneur que de pouvoir élever des pigeons pour nourrir les paysans lors des journées de corvée »,explique le propriétaire.

Les seigneurs s'étaient mis d'accord entre eux, pour limiter la quantité de nids de pigeon à la surface cultivable. Ce privilège était calculé selon le « Journal de terre », correspondant à la surface de terre qu'un homme pouvait travailler en une journée, soit 1/2 ha pour un boulin. Si un seigneur créait plus de boulins que cette loi prévoyait, les autres seigneurs « se faisaient pigeonner ».

Une architecture de qualité

La charpente est d'origine. Sur le toit, deux cheminées ont été construites à l'identique, elles ont la particularité d'être à souches polygonales, presque rondes. « Pour l'époque, les aménagements étaient modernes, les cheminées dans les chambres sont encastrées, et on peut remarquer l'existence passée de latrines au rez-de-chaussée et à l'étage »,souligne le propriétaire.

Une alliance avec le château de Kerran

« Aa XVe siècle, la seigneurie est tombée en quenouille (1), Perrine Redoret, Dame de Kerhat épouse vers 1480 Jean d'Arradon, mariage patrimonial qui permit de rattacher le manoir de Kerrat, au château de Kerran », précise-t-il. Le manoir devint la métairie du château. Ce n'est qu'à partir des années 1975 qu'il n'eut plus d'activité de fermage. Depuis, le travail de restauration se fait en étroite collaboration avec l'architecte des bâtiments de France, le Conservateur des monuments historiques de Bretagne, et la mairie d'Arradon.

source:journal ouest france du 27 avril 2015