Un grand merci à tontonlou pour m'avoir aidé dans la création de cette Earthcache.
La plaine de Caille
Caille est une commune française située dans le département des Alpes-Maritimes. Le village est en bordure d’une vaste plaine, la magnifique plaine de Caille, où l’agriculture et l’élevage étaient jadis très présents. C’est un exemple méditerranéen de bassin karstique, souvent cité comme l’un des plus beaux de France. Il est de forme conique, incliné d'est en ouest, et long d'environ cinq mille mètres jusqu'au village d'Andon.
On remarque que cette plaine est une vaste dépression fermée, entièrement cernée par la montagne. Aucune vallée ne s'en échappe. Cette dépression correspond à une plaine glaciaire que l’on dénomme poljé. C’est-à-dire un bassin d’effondrement, de l’ère tertiaire. Ce phénomène est très courant dans les terrains karstiques, il est le même qui amène la formation des dolines mais à plus grande échelle.
On remarque la forme en cuvette à fond plat. Les terrains sont composés en partie d’argile et de marnes provenant de la dissolution du calcaire. Ces terrains sont imperméables.
Le ruisseau qui traverse la plaine disparaît sous terre dans un petit gouffre. Les eaux sont drainées vers un point bas L’eau n’a d’autre choix pour s’écouler que se frayer un chemin dans les profondeurs du sol par cette faille naturelle appelée ponor. Les eaux ainsi drainées ressortiront, par un réseau souterrain, plus bas dans la Siagne, une vingtaine de kilomètres plus loin.
À 10 km au sud-est, un poljé identique est visible à Caussols.
Comment ce paysage s’est-il formé ?
C’est une longue histoire qui remonte à quelques 60 millions d’années, à l’ère tertiaire. À cette époque, la plaine n’existait pas. Il y avait simplement un massif calcaire soumis à l’action des eaux de ruissellement. Au cours de millions d’années, l’eau de pluie trace des sillons dans le calcaire, se faufile dans la roche soluble. Des failles se créent peu à peu, permettant l’infiltration des eaux en profondeur et la formation de véritables rivières souterraines.
Sous l’action de ces eaux souterraines, les voûtes cèdent et des effondrements à grande échelle se produisent.
Le massif s’affaisse et laisse la place à une plaine, qu’on appelle poljé. Le poljé est donc un bassin d’effondrement résultant de l’érosion de la roche calcaire par des eaux souterraines.
Mais l’histoire de la plaine de Caille n’est pas finie. A la faveur d’un changement climatique, les failles qui parcourent le bassin d’effondrement sont peu à peu obstruées sous l’effet de l’érosion des pentes des massifs environnants, tapissant le fond de la plaine d’argile imperméable.
Un lac peut ainsi se former, Au fil des siècles, avec l’établissement d’un climat plus sec, de nouvelles infiltrations, l’apport de cailloutis torrentiels, le niveau du lac s’abaisse à tel point qu’il n’est plus qu’un marécage insalubre.
Mais lorsque les pluies sont très abondantes, il arrive que ces couloirs souterrains soient saturés, l’eau ne peut plus s’écouler par l’embut et c’est l’inondation.
De cette longue histoire de sa formation géologique, Caille conserve encore de nombreuses traces, notamment des grottes situées tout autour de la plaine à flanc de colline, ces cavités naturelles creusées par l’érosion
Les canaux du marais de Caille
Autrefois, la partie basse de la plaine était un marécage. Les inondations et les épidémies liées à une humidité persistante étaient fréquentes.
En 1877, une terrible épidémie de fièvre typhoïde emporta sur Caille, six jeunes cultivatrices et cultivateurs âgés de 24 à 35 ans. Ce n'est qu'à partir de 1903, suite à un rapport adressé à l'inspecteur d'hygiène départemental que le projet d'assainissement du marais de Caille a vu le jour.
On fit construire, en 1907, une série de canaux de drainage pour évacuer les eaux par l’embut. Bien visibles, ces canaux furent améliorés plusieurs fois par la suite.
Inondation du poljé de caille
Les formes karstiques, doline, ouvalas, poljé, ponor et embut
Les phénomènes de poljés, dolines et ouvalas sont de même nature. On a une cuvette étanche en raison de la présence d’argiles et un exutoire, ponor pour le poljé, embut pour la doline. Lorsque l’exutoire ne peut évacuer l’intégralité de l’eau, il déborde et un lac temporaire se forme. Le phénomène est bien visible à petite échelle. Ces formations sont caractéristique des milieux karstiques.
Les dolines sont les formes élémentaires des terrains karstiques. Elles dessinent des cavités circulaires ou elliptiques, de dimension réduite, dont l'observateur discerne d'un coup d'œil les contours et les limites.
La doline se forme par dissolution du calcaire par l’eau de pluie. Mais le calcaire comporte toujours quelques % d’argiles insolubles. Il va donc se créer une dépression correspondant à la disparition du calcaire. Dans une doline on aura toujours un au fond argileux et fertile, constitué d’argiles de décalcification et un exutoire appelé embut par où s’écoule l’eau.
Ouvala est un mot d'origine serbe. Ils résultent de la coalescence de plusieurs dolines entrant en contact et donnant une dépression aux contours sinueux ressemblant à une rosace irrégulière. Ce sont les ouvalas. On peut les comparer à d'immenses écumoires au tond bosselé.
Les poljés dépassent en dimension les ouvalas. Ils représentent donc les plus grandes formes karstiques. Bassin allongé de grandes dimensions, généralement large de quelques centaines de mètres, longue de plusieurs kilomètres et fermée par des versants rocheux escarpés. Les eaux sont évacuées par un trou relié à une nappe phréatique, au fond du poljé, appelé ponor.
Le sol plat d'un poljé est recouvert de résidus de la solution de calcaire. Ces zones peuvent constituer la seule partie arable de la friche rocheuse dans une région karstique. Historiquement, ces zones appartenaient à la monarchie et aux monastères, car elles sont très fertiles, apportant une richesse et une économie agricole.
Les poljés sont caractérisés :
- Par des inondations temporaires et périodiques.
- Par l'horizontalité de banquettes calcaires en contre-bas des versants et sur lesquelles se dressent des buttes coniques, les hum.
- Par une plaine alluviale très plane et de faible épaisseur installée au fond du poljé.
Un ponor est un orifice naturel situé au fond d'un poljé par lequel l’eau de surface disparaît, cours d'eau ou eau de pluie, et devient souterraine. Il n'y a généralement qu'un seul ponor actif par poljé. Le mot est le terme international pour perte s'il s'agit d'un cours d'eau. En France, c’est farfois le terme embut, de l’occitan entonnoir, qui est utilisé pour désigner un ponor.
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