Cette cache fait partie de la série SFAM.
Se dressant le long de la frontière entre la France et l'Italie, le Secteur Fortifié des Alpes Maritimes constituait de 1924 à 1940 la partie sud de la Ligne Maginot et controlait ainsi l'accés à toutes les vallées.
Lors des combats de juin 1940, ces fortifications contribuèrent à stoppper les offensives des armées italiennes. Nous avons choisi de vous faire découvrir les principales fortifications, vestiges de ce proche passé.
Sous-secteur de l'Authion
La Redoute de la Pointe des Trois Communes
La construction :
L'annexion du Comté de Nice en 1860 donne à l'Authion toute son importance stratégique. L'Italie conserve des territoires dans les hautes vallées en Tinée, Vésubie et Roya où les communes de Tende et de la Brigue garantissent le contrôle du col de Tende. L'Authion fait ainsi face à l'Italie et offre un formidable panorama sur la nouvelle frontière. Mais vers 1870 les relations avec le voisin transalpin se dégradent et les autorités militaires françaises décident de faire du massif un camp retranché.
Dès 1887, la construction de routes militaires permet aux troupes de se déployer à l'Authion. Afin d'appuyer la défense mobile, 2 forts, modèle Seré de Rivières sont mis en chantier sur les éperons de la Forca et des Millefourches à partir de 1883.
Pour compléter la défense de l'Authion, un 3è ouvrage est établi entre 1897 et 1899 (ou 1900 suivant certaines sources) sur l'emplacement d'une ancienne batterie sarde.
Détails de l’ouvrage :
De petites dimensions, la redoute est bâtie en hauteur et entourée d'un fossé. Elle est composée de 2 étages. C'est le premier fort des Alpes-Maritimes où maçonnerie en pierre et béton armé sont associés. C'est donc un prototype qui illustre l'évolution des techniques de fortification.
L'exiguïté du site et les aléas météorologiques font de ce chantier une véritable prouesse technique. Le bétonnage nécessite 176 heures de travail ininterrompues du 10 au 17 septembre 1898, 2 équipes se relayant toutes les 8 heures.
4550 barres d'acier sont incorporées dans le béton pour améliorer la résistance de l'ouvrage. On notera que par souci d'économie, seules les côtés exposés aux tirs italiens sont renforcés par du béton.
La façade sud est faite de pierres de taille, fenêtres, pont-levis et fossé, donnant au fort son caractère unique !
Il existait un projet de modification de la redoute pour l'adapter aux standards Maginot. Celui-ci prévoyait d’araser les étages supérieurs et de convertir les créneaux du bas pour trémies FM. Ce projet du 9 Février 1938, n'est resté qu'au stade du papier.
Effectif :
Le fort, de part sa petite taille pouvait tout de même accueillir 60 hommes. Son armement étaient composés de fusils et de mitrailleuses.
Positionnement, utilisation et postérité :
La redoute des Trois Communes occupe une des pointes stratégiques de l'Authion et contrôle la vallée de la Roya et de la Vésubie. Située au point culminant du massif de l'Authion à 2080 mètres d'altitude, elle tire son nom de sa position, à l'intersection exacte du ban de trois communes : La Bolléne Vesubie, Breil sur Roya et Saorge.
Elle surveille la crête de l'Ortiguier qui conduit au col de Raus et à l'ancienne frontière est assure la protection de deux autres forts construits sur l'Authion : la Forca et Mille Fourches.
En 1940, le massif de l'Authion constitue un véritable barrage à la progression de l'offensive italienne. Les combats se limitent à quelques accrochages et à des duels d'artillerie, au cours desquels l'éclaireur-skieur Jean Rigot, du 75è Bataillon d'Artillerie de Forteresse, perd la vie sur les pentes du Capelet Supérieur. Il est le premier tué de l'Armée des Alpes.
Le 12 avril 1945 la Pointe des Trois Communes, occupée par les allemands, est prise sous l'action d'un char de combat, parvenu devant l'ouvrage. La rédupération de l'Authion fût primordiale pour restituer l'ancienne frontière avec l'Italie. Cet ultime sacrifice, à quelques semaines de l'armistice, verra le décès de 273 combattants et de 728 blessés dans les rangs français.