Sur le plan du camp retranché de Toul de 1895, figure le parc aérostatique du Clos Saint-Urbain entre la côte Barine et le Mont-Saint-Michel. Le hangar du parc pouvait recevoir deux ou trois ballons sphériques du type 1884. Le parc est aujourd’hui classé.
Pour la mise en oeuvre du ballon en campagne il fallait : les voitures-tubes contenant l’hydrogène comprimé nécessaire au gonflement des ballons ; les huit tubes d’une capacité de 36 m3 et de 4 mètres de long ; le treuil à vapeur tiré par six chevaux. Le treuil pouvait se déplacer avec un ballon en ascension. Il ramenait le ballon à la vitesse de 2 mètres par seconde ; une voiture d’agrès avec les cordages et les accessoires annexes suivait.
Un parc était constitué d’un treuil appelé la « bouillotte », d’une citerne, d’une voiture d’agrès, de voitures-tubes. En campagne, le parc devait disposer de 300 litres d’eau et d’un m3 de charbon. « C’est la bouillotte qui fait ascensionner la saucisse ! » disaient les anciens...
Les ordres d’ascensionner sont donnés par le capitaine en fonction du bulletin météorologique journalier. Si les conditions sont bonnes, les travaux « pour être en l’air » commencent. S’activent donc les « employés » mécaniciens, les téléphonistes, les conducteurs et autres « tire-ficelles », comme les arrimeurs qui s’occupent du ballon. La première opération est « de renflouer du gaz ». Au commandement « Détachez les cordes de campement. », les hommes lâchent les cordes.
Commence alors le bruit du frottement du cordage contre l’enveloppe. « Décrochez les sacs de lest. », le ballon se libère et se balance au bout des cordes. « À moi », le ballon est amené au lieu d’ascension. L’observateur embarque dans la nacelle. Souvent vêtu d’une peau de bique, il porte un passe-montagne. Ses mains gantées portent la carte annotée par ses soins, au cou pendent ses jumelles. Il embarque son arme et ses cartouches sans oublier un thermos de thé ou de café bouillant. Dans des poches étanches fixées contre les flancs de la nacelle, l’observateur range les documents nécessaires à sa mission ainsi que des appareils comme un anémomètre et un altimètre.
La liaison téléphonique est vérifiée.
Observateur ?
« Prêt ».
Téléphone ?
« Prêt ».
Parachute ?
« Prêt ».
Treuil ?
« Prêt ».
À X mètres « Larguez »
... En fin de mission « Ramenez ».
Le mécanicien rembobine le câble.
Arrivé au sol, l’observateur fait son compte rendu.
En « sentinelles des airs », c’est vrai qu’ils ont vu des choses, nos observateurs, entre ciel et terre dans les environs de Nancy et de Toul.