Il nous faut remonter au temps où les Romains avaient conquis la Gaule; la région où se trouve Ranton est traversée par la Dive, petite rivière qui coule lentement et qui, autrefois avait transformé la vallée en un marais profond et dangereux.
A cette époque lointaine il était difficile, même périlleux de passer dans ce marécage; c'est sans doute à cause de cela qu'un autel fut érigé en l'honneur de Jupiter, que les voyageurs invoquaient pour que son intervention superieure les aidât à traverser le marais; voilà pourquoi il y eut un lieu appelé "Passage de Jupiter" en latin "Passus Jovis" ce qui explique le nom actuel de la commune de Pas-de-Jeu.
Quand les Dieux du paganisme s'effondrèrent sous la poussée du Christianisme la statue de Jupiter fut renversée; la légende nous raconte que c'est Saint Martin lui même qui aurait renversé l'autel de Jupiter pour le remplacer par un autel dédié à la Sainte Vierge, et c'est à Marie que les nouveaux Chrétiens érigèrent une statue pour sanctifier et protéger les voyageurs en marche à travers le difficile passage.
Mais au cours des siècles l'autel de Marie tomba en ruine et la statue resta enfouie sous les ruines du sanctuaire antique; c'est un travailleur des champs qui la découvrit un jour et qui la porta dans sa demeure; sommes nous ici dans l'histoire ou dans la légende? qui le saura? On raconte que la statue disparut et revint à l'endroit où le travailleur l'avait trouvée, et cela par trois fois! Marie retournait au bord du marais, n'était-ce pas un signe de la volonté céleste?
L'antique oratoire Gallo-Romain fut relevé de ses ruines; à tavers les siècles une modeste chapelle continua d'attirer les foules sous le titre "Notre Dame de Pitié" ou "La Bonne Dame de Ranton"; les pélerins venaient de tout le pays Loudunais mais aussi de la Touraine et de l'Anjou, et cette grande vénération, attestée par les pélerinages ne cessa pas jusqu'à la révolution.
Vint la tourmente révolutionnaire; le sanctuaire fut pillé et vendu au nom de la Nation; Monsieur Haward de la Blotterie eut la pieuse inspiration de racheter le pauvre sanctuaire qu'il a rendu au culte après les tristes jours qu'on venait de traverser; il abandonna le terrain nécessaire à la construction de la futur église à la condition de pouvoir y faire établir la sépulture de sa famille; un enfant du pays, le Révérend Père Briant, né à Curçay et qui avait été guéri miraculeusement après un pélerinage à la Bonne Dame à l'age de dix sept ans entreprit la reconstruction du modeste sanctuaire; son action aboutit à la bénédiction de la nouvelle chapelle (choeur et transept)en 1867 puis, la construction terminée, à la consécration le 17 septembre 1871, du sanctuaire actuel qui attire toujours les foules.
Saint Louis serait parait il venu, lors de son séjour à Curçay en 1227, prier au pieds de Notre Dame de pitié.
Louis XI aurait lui aussi à son passage au château de Limon en 1470, fait un pélerinage à la Bonne Dame.