Je dédie toutes ces caches à Bernard G., descendant de l'une des plus vieilles familles du village de St Germain qui a toujours cherché à connaitre et partager l'histoire du village, village qui fut toujours modeste et sans prétention comme le fut son récit de 80 pages qu'il eut la gentillesse de me confier…
Saint Germain ? Et bien il y a la légende transmise au fil des générations. L'Evêque d'Auxerre, Germain, rendant visite au Prieuré de St-Nicolas-Des-Bois (à quelques kilomètres d'ici), s'est reposé, on ne sait combien de temps (plusieurs jours peut être), en un point où il y avait une chapelle. Quand l'Evêque fut canonisé, elle prit le nom de Saint-Germain.
Le moulin de Saint Germain, situé près de la rivière Lamadeleine appartenait à la famille Monnier depuis 1812. Mais, vers 1850, M. Monnier Pierre François est obligé de le vendre. Ce moulin sera démoli en 1856 ainsi que la maison du meunier et remplacé par un tissage mécanique de coton, propriété des frères Bumsel domiciliés à Belfort.
Le moulin fonctionnait avec l'eau du ruisseau de Bourg et une petite dérivation de la rivière. Le débit n'est pas suffisant pour faire tourner ce tissage qui tout de suite prend de l'expansion puisqu'en 1862 les propriétaires achètent 70 ares de terrain communal pour agrandir les bâtiments et installer une teinturerie.
C'est aussi en 1862 que les fils Bumsel modifient le canal d'alimentation de l'usine ; ils font un barrage de prise d'eau dans la rivière Lamadeleine, à la sortie du village d'Anjoutey et sur leur propriété, ils font un réservoir donnant une chute d'eau de 7 mètres environ. Dans les tissages mis en mouvement par les cours d'eau, il faut travailler au rythme des saisons car le débit est peu important en été et en hiver le canal est souvent gelé. La solution à ces problèmes d'énergie est d'ajouter un moteur auxiliaire aux turbines. C'est pourquoi le 24 mars 1862, après avoir reçu du Préfet les autorisations et arrêtés concernant les précautions d'emploi et les nuisances de fumée, les frères Bumsel installent dans leur tissage mécanique une chaudière à vapeur dont la puissance est de 25 chevaux.
Cette machine consomme beaucoup de charbon, les premières années, les voituriers allaient chercher de la houille directement aux mines de Ronchamp. Mais avec l'avènement du chemin de fer, le charbon arrive par la gare la plus proche. En 1870 ce sont environ trente ouvriers tisserands qui oeuvrent sur une cinquantaine de métiers. D'après un décret du 9 septembre 1848, la journée de travail dans les tissages est fixée à 12 heures, la semaine à 6 jours et l'année compte 310 jours ouvrables ! Il faudra attendre 1885 pour voir la semaine ramenée 6 heures. Les enfants gagnent 60 centimes par jour, les femmes 1 franc 10 et les hommes 1 franc 80. Puis, à partir de 1892, les enfants ne pourront plus être employés avant 12 ans. Mais bien souvent le jour de la visite, le Directeur cachait les enfants trop jeunes pour les soustraire au contrôle de l'inspecteur du travail…
