Pour nos historiens parisiens, l'histoire, c'est l'histoire des francs, la vie à la cour, les intriques, la guerre contre l'Angleterre. Nos anciens ne percevaient ces évènements qu'avec un faible intérêt. Leur première préoccupation, c'était la bouffe et la récolte ! La mort de Saint-Louis, l'assassinat d'Henri IV, la petite vérole du Roy, ce n'était qu'une rumeur lointaine couverte par le murmure du vent dans les champs de céréales!!!. Nos anciens étaient confrontés, à la famine, épidémies, invasions, saccages des dragons, ainsi qu'aux relations de plus en plus conflictuelles avec le seigneur…
Château de Moussac.
Le premier château est au XIIème siècle un fief des comtes de Toulouse, érigé sur le rocher, dominant le Gardon formant presqu’un lac à l’endroit où la Droude se déverse. Place stratégique, appréciée du chemin de Régordane au croisement des voies de communications et cours d’eau, entre Cévennes et Garrigues, elle a séduit les celtes et les Volsques, y ont laissé tout autour de nombreux vestiges.
Reconstruit vers 1300 par les évêques d’Uzès sur celui des comtes de Toulouse, dont on rencontre encore des pans de murs, des grandes constructions castrales qui suit la prise en mains de la région par le pouvoir royal : tours puissantes, murailles épaisses de près de deux mètres, meurtrières, murs à bossages donnant un aspect farouche aux constructions, et pouvant résister aux projectiles de l’ennemi.
Les évêques sont confrontés en cette période, sous le règne de Philippe le Bel, jusqu’aux bûchers des templiers de l’inquisition cathare, dès la chute des moines soldats qui s’installent juste en face de Moussac, en effet les âmes noires du roi que sont Guillaume de Nogaret et Guillaume de Plaisians remerciés pour leur sale besogne, ont été nantis de vastes fiefs à la porte de Moussac : à Boucoiran où ils font dresser la plus haute tour du Gard, où Nogaret installe sa résidence tandis que Plaisians choisit Vézénobres.
La guerre de 100 ans loin d’épargner Moussac lui fait subir les pires outrages quand le village tombe aux mains des Tuchins en 1382. Les consuls du village demandent aux évêques la protection des murs du château, tandis que l’impôt de plus en plus lourd pour soutenir l’effort de guerre.
Une grande salle de plus de 60 m² au premier étage des traces polychrome du décor mural d’origine sont encore décelables mais c’est surtout sur le mur Est, contre la grande baie centrale que subsiste un joyau de la peinture du XIVème. Une fresque a miraculeusement traversé plus de 700 ans de guerres, pestes, troubles religieux et révolutions, cachée dans un repli de mur, protégée par un aménagement domestique qui remonte à la renaissance, on peut y voir le diable conseillant le seigneur. Les évêques recevaient et rendaient la justice. Un cachot occupe encore le cul de basse fosse de la tour nord.
C’est l’époque où les papes sont français. Parmi eux, au milieu de XIVème siècle, Guillaume Grimoard, d’origine cévenole est d’abord vicaire général d’Uzès. Il vécut pendant quelques temps au château de Moussac avant de prendre l’habit blanc de pape sous le nom d'Urbain V de 1362.
En 1629, la région est aux mains du duc de Rohan qui poursuit jusqu’à ce moment-là une guerre victorieuse contre le roi Louis XIII pour garder les places de sûretés garanties aux protestants par Henri IV quelques décennies auparavant. Le château de Moussac est un dispositif de défense du duc lui garantissant le libre passage entre les deux capitales protestantes que sont Nîmes et Alès.