Parcours Art Nouveau / Art Décoratif, la ligne mise à nue : Etape 1
1895 : Le Castel Béranger, Hector Guimard, 14 rue Jean de la Fontaine
Les débuts d’Hector Guimard et du mouvement Art Nouveau :
Le Castel Béranger est un immeuble de rapport, de trente-six appartements, construit entre 1895 et 1898 à la demande de la veuve Fournier. Pour cette commande, Hector Guimard dessine une première fois les plans de l’immeuble avant de partir en voyage d’études au Royaume-Uni et en Belgique découvrir le mouvement Art and Craft, équivalent du mouvement Art Nouveau en France. A cette occasion, il rencontre l’architecte Victor Horta qui lui donna ce conseil « Laissez fleurs et feuilles et gardez la tige ». Autrement dit, il s’agit d’assouplir la structure et de dépasser la seule question de la décoration. Cette rencontre va avoir une influence certaine sur Hector Guimard, alors âgé de 27 ans. A son retour à Paris, il dessine une nouvelle fois les plans du Castel Béranger et s’inscrit pleinement dans le mouvement Art Nouveau.
Ce bâtiment est l’un des premiers dessinés par Guimard et sera récompensé par le prix de la plus belle façade de Paris en 1898. Cette distinction va grandement participer à la notoriété de l’architecte qui dessinera plus tard les pavillons du métropolitain (entrée du métro). Hector Guimard va largement tirer profit du Castel Béranger, notamment en terme de communication. En plus d’installer son agence au 14 rue Jean de la Fontaine, l’architecte va publier un livre regroupant les plans et dessins d’architecture et de décoration de l’immeuble.
Façade :
Le style Art Nouveau s’exprime dans les références au végétal, ainsi qu’au règne animal. On peut, par exemple, citer ici : l’ancre de chaînage en forme d’hippocampe, les prises d’air en forme de crabes, le dauphin dans le portail ou encore les motifs décoratifs des garde-corps des balcons.
La dissymétrie de la façade, ainsi que l’utilisation d’une grande diversité de matériaux font en partie référence à l’influence de Viollet le Duc. La façade n’est pas lisse; elle trouve son expression dans le volume avec la présence de nombreux redans où chaque partie correspond à un matériau spécifique. En effet, l’angle est en brique rouge, on retrouve ailleurs de la brique plus ou moins vive, de la brique vernissée en saillie ou encore de la meulière. Les éléments métalliques, dont la couleur d’époque a été restaurée, garantissent une certaine unité de la façade. Cet immeuble est une œuvre totale ; Hector Guimard a dessiné tous les éléments de décor intérieur (cheminées, lambris, vitraux, poignées de portes ou de radiateurs, papiers peints...).
Lexique :
Linteau : Elément monolithe qui ferme le haut d’une baie et soutient la maçonnerie située au-dessus de l’ouverture, reportant sa charge vers les jambages, piédroits ou poteaux.
Redan : Désigne une retraite, partie d’une élévation en retrait sur le nu général.