Pour éloigner les indésirables, chacun sa technique.
Les grilles de nos châteaux sont parfois « agrémentées » à cet effet d’artichauts .
Et oui, c’est le terme employé en ferronnerie pour désigner l’élément ouvragé en fer forgé destiné à interdire un accès, en général en complément d’une grille. Il se présente sous la forme d’une succession de pointes plus ou moins complexes, ce qui lui vaut son nom par comparaison avec la plante. Le terme serait employé à partir du XVIIIe ou du XIXe siècle.

Quant à l’artichaut de nos assiettes, il a été « importé » en France au XVIème siècle par Catherine de Médicis, qui en raffolait, au grand dam de son entourage, qui, dans la continuité du moyen-âge, associait à cette plante des vertus sulfureuses, ie aphrodisiaques. Ainsi, sur les marchés pouvait-on entendre : "Artichauts, artichauts, c'est pour monsieur et pour madame, pour réchauffer le cœur et avoir le cul chaud !".
Il parait aussi que Louis XIV était un grand amateur d’artichauts, si bien qu’on pouvait en trouver à l’époque cinq espèces différentes au Potager du Roi : le Blanc, le Vert, le Violet, le Rouge et le Sucré de Gênes.
Pour ceux qui se demandent quelle est l’étymologie de l’expression : « avoir un cœur d’artichaut », vous avez le choix : certains font le lien avec la propriété soi-disant aphrodisiaque. Dès lors, il s’agirait d’avoir le cœur trop tendre et le donner à autant de personnes qu'il y a de feuilles sur un artichaut.
Une autre explication me séduit plus : Le travail des forgerons était connu comme "l'art du chaud". Or l'espérance de vie n'était pas celle d'aujourd'hui. Selon la légende, les forgerons souffraient d'insuffisances cardiaques, d'où l'expression "avoir un cœur d'art du chaud" pour parler d'une personne au cœur fragile. Le bouche-à-oreille se serait ensuite chargé de transformer le "cœur d'art du chaud" en "cœur d'artichaut".
Et voilà la boucle bouclée.
Ah, si, il n'y a pas que les rois et les reines à apprécier l'artichaut. Comme dirait Coluche : "Les artichauts, c'est un vrai plat de pauvre. C'est le seul plat que quand t'as fini de manger, t'en as plus dans ton assiette que quand t'as commencé !
A vous d’aller égayer par votre visite un artichaut méconnu, isolé et peut-être un peu triste.