Situé sur la commune de Fontaine-le-Pin dans le Calvados, La commanderie de Voismer fut fondée par Roger de Gouvix et son fils Guillaume, dans le vallon de Voismer (valus Vimerii). Elle est connue par une illustration de Guillaume Le Tellier, architecte de la belle église de Caudebec (Seine-Maritime), natif de Fontaine-le-Pin. Il mourut à Caudebec en 1484. L'inscription existant dans la chapelle de la Vierge de l'église de cette ville où il fut inhumé, établit incontestablement le fait annoncé.
La commanderie de Voismer fondée, comme nous l'avons dit, par les seigneurs de Gouvix vers 1148, fut construite à l'extrémité d'un petit vallon, dont les eaux vont se jeter dans la Laize, à 1 kil à l'Ouest/Sud-Ouest de l'église. Elle fut mise sous le patronage de saint Julien.
Quoique la charte primitive de sa fondation ne subsiste plus, elle se trouve cependant en partie relatée dans celle de confirmation faite en 1201 par Robert de Gouvix, fils et petit-fils de Guillaume, ses auteurs. Leurs diverses donations sont en outre confirmées dans un acte de partage fait par ce même Robert avec son frère Raoul de la succession qui leur était échue par la mort de leurs oncles Raoul et Roger de Gouvix (Aclum in curia Domini Régis Francorum Philippi apud Cadornum).
Suivant le cartulaire de Saint Cyr de Friardel, Hugues d'Orbec donna en 1206 aux Frères de la milice du temple de Voymer, en présence de Jourdain, évoque de Lisieux, la moitié du patronage de Saint Pierre de Cerqueux, ainsi que toutes les terres de son domaine et celles qu'il tenait de Booleiz de Lancia. Enfin par une autre charte, ce même évoque, du consentement de son chapitre, confirma non salement la première donation de Hugues d'Orbec, mais il y ajouta encore celle de deux gerbes de la dîme de Cerqueux qu'il affranchit de tous les droits épiscopaux.
Les bâtiments à usage de ferme n'ont rien d'intéressant mais la chapelle existe encore et remonte au temps de sa fondation. Les fenêtres en étaient cintrées, sans colonnes, garnies d'un tore qui les encadre depuis le haut jusqu'au bas. Des modulons bien conservés supportent la corniche.
A l'intérieur, les colonnes ont des chapiteaux godronnés qui avaient été peints. Nous ne savons si cette chapelle a jamais été voûtée, mais on avait disposé les colonnes pour recevoir les arceaux d'une voûte, et il entrait dans le plan de l'architecte d'en faire une. Peut-être d'ailleurs la voûte a-t-elle été détruite lorsque, dans les derniers temps, les chevaliers de Malte s'étaient emparés de la nef et l'avaient enclavée dans la maison, très peu importante, qui leur servait de manoir. Alors on a fait un plafond droit à la chapelle qui se compose du chœur de l'ancienne. Plusieurs pierres tombales existent dans cette chapelle abandonnée et servant de hangar. Les inscriptions de ces sépultures sont en caractères modernes ultérieurs à l'occupation templière.
Quand la destruction de l'Ordre arriva, un commandeur et deux Templiers furent arrêtés ici, en même temps que les autres Templiers du bailliage à Caen, le 13 octobre 1307. Ils comparurent devant une commission composée de quatre dominicains et deux chevaliers nommés pour les interroger et les juger. On avait fait précédemment un inventaire de leur mobilier. Cet inventaire existe, en original, au trésor des chartes. Gautier de Bullex, chevalier, originaire du diocèse d'Amiens, Henry des Retours et Christophe de Louviers, furent les trois derniers Templiers de Voismer. En 1307, Gautier de Bullex fut brûlé à Paris. L'abbé de La Rue croit que c'est le seul commandeur des cinq Templerie du Calvados qui ait été supplicié. Le chevalier de Bullex se rétracta, à Paris, sur les aveux qu'il avait fait à Caen, et déclara que la torture les lui avait arrachés ainsi qu'à ses confrères. Les chevaliers de Malte héritèrent des biens que possédaient les Templiers en ce lieu.
Attention ne vous aventurez pas trop loin, la commanderie est aujourd'hui une propriété privée.