« La pierre écrite » ? Quelques bonnes gens du pays nous avaient mis la puce à l’oreille : « C’est un simple coin de framboises qui nous a toujours intrigués ». On est donc allé la voir, cette fameuse « pierre écrite » qui hante les esprits et enflamme les imaginations depuis des générations. On y est allé et, par Champollion, quelle découverte! C’est à l’altitude 1.100 qu’elle se cache. Aux abords du chemin des Rabatteurs, sous un épais couvert forestier, il y a un trou qui ne se devine pas aisément. On descend, on retient son souffle… Elle est là ! Une paroi rocheuse de trois mètres de haut sur dix mètres de large. Le temps y a fait son oeuvre, mais en prenant mille précautions on déchiffre, gravés dans le calcaire, des noms, des dates (1699-1710-1808-1897), des initiales, des clochers comtois, des croix pattées, des figures géométriques, des blasons, des motifs encadrés. Comment donc expliquer ces pétroglyphes, ces hiéroglyphes, ces autographes ? Pour Jean Côte, mémoire locale : « Il y a deux versions ». Durant la Guerre de Dix ans (1635-1644), une épidémie de peste s’abat sur la Comté. Pour limiter la contagion, on exile les pestiférés dans des baraquements, les loges. On en aurait ainsi établi en ces lieux. Pour preuve, le chemin des Loges signalé à proximité. Et si c’étaient des prêtres réfractaires ? Vous savez, ces ecclésiastiques hostiles à la Constitution civile du clergé. A la Révolution, on les massacre, on les déporte. Beaucoup préfèrent la clandestinité. Approvisionnés par des gens du village, certains se seraient réfugiés dans cet abri rocheux en y laissant une trace… écrite ! Une sorte de pierre réfractaire. Combien de temps sont-ils restés, sachant qu’il y a facilement un mètre cinquante de neige là-haut ? Alors, peste ou prêtres ? « La pierre écrite » fait parler. On penche plutôt pour les prêtres réfractaires. A force de pencher, la vérité finira-t-elle par tomber un jour ? « La pierre écrite » révélera-t-elle bientôt son secret ? Mystère.
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