Sur le plateau de Malzéville se trouve un petit bâtiment religieux nommé la gueule du loup. Donner un nom à un bâtiment est une façon de rendre hommage à ce nom. Pourquoi alors honorer un animal que les hommes craignent ? Ce mystère trouve son origine dans une légende vieille de 600 ans
Jeanne de Vaudémont était une jeune fille vive et espiègle, très aimée par son oncle le bon duc René, qui l’élevait comme sa fille dans le palais ducal de Nancy. Jeanne de Vaudémont se languissait. Le tissage de sa tapisserie l’ennuyait. Ce qu’elle préférait, c’était les longues promenades dans les prés et les bois. Seulement, toujours accompagnée, elle n’avait jamais connu la liberté totale. Le duc René, craignant milles dangers pour sa nièce de 16 ans, lui avait interdit de sortir. C’est donc derrière une fenêtre que Jeanne regardait la nature déployer ses atouts.
Pourtant, profitant d’un moment de somnolence de sa suivante, Jeanne se glissa hors de sa chambre et réussit à quitter le palais ducal. Au dehors, la vie renaissait.
En voyant passer Jeanne, richement vêtu et sans escorte, les paysans la regardèrent avec curiosité, les plus hardis lui adressant même la parole.
« C'est la demoiselle de Vaudémont ! » disaient-ils. Les plus hardis l'interpellèrent :
« Où allez-vous, demoiselle ? Prenez garde au loup qui rôde dans le bois de Malzeville ! »
Jeanne n’eut que faire des avertissements. Elle s’enfonça dans les bois et finit par perdre son chemin. Puis, un bruit. Un craquement derrière elle. Et un second.
Un loup se dit elle, les paysans m’avaient prévenu.
Elle se retourna craintivement et ne vit pas un loup, mais un homme. Un homme sale, hirsute, puant, un rictus plein de haine sur le visage et surtout une épée à la main.
« Me reconnais-tu, Jeanne de Vaudémont ? Je suis Armand de Dieulouard. Ton oncle m’a banni, mais je tiens enfin ma vengeance. Si le duc veut revoir sa nièce bien-aimée il lui faudra payer. Je demanderai une rançon en échange de ta vie !
Jeanne se voyait déjà séquestrée au cœur de la forêt, à la merci du bandit. Mais, en un instant, le visage d’Armand se figea puis se couvrit d’effroi. Il tenta se protéger le visage lorsqu’une énorme masse lui bondit dessus, lui faisant perdre l’équilibre. C’était un loup qui venait de mettre à terre le sieur de Dieulouard et le combat fut vite expédié. Une fois Armand immobile, il se mis à le dévorer. Le loup se retourna vers Jeanne qui perdit connaissance.
Le souffle de la bête réveilla la belle. Le loup, couché à côté de Jeanne, la réchauffait alors que le froid gagnait le bois. Le regard de l’animal était sans cruauté et Jeanne se laissa aller à caresser le loup. Elle n’avait pas peur car son regard n’avait rien de cruel
Le duc René était parti avec ses hommes à la recherche de Jeanne quelques heures plus tôt. Entendant les voix, le loup s’éclipsa juste avant que la petite troupe n’arrive. Les hommes trouvèrent Jeanne, et à peu de distance, le banni Armand de Dieulouard, gisant, sans vie et défiguré.
Jeanne raconta l’histoire à son oncle. En reconnaissance de la bienveillance du loup, Jeanne demanda à René d’interdire les chasses au loup et de construire une chapelle qui s’appellerait la Gueule du Loup. Cette chapelle existe encore aujourd’hui.