C'est au début du XIIIe siècle qu'un anonyme rédigea l'histoire de Robert le Diable. Il reprenait sûrement les éléments d'une tradition orale.
Selon la légende, la femme du duc de Normandie, Inde, désespérant d'avoir un enfant, en eut un avec Satan. Ainsi naquit Robert le Diable. L'enfant grandit et devint une terreur pour ses compagnons et pour la contrée. Jusqu'au jour où, adolescent, sa mère lui avoua son origine diabolique.
Robert changea alors d'attitude. Il quitta la Normandie et se fit passer pour un fou, selon les conseils d'un ermite. À Rome ou à Byzance, il se fit remarquer par l'empereur qui l'intègra à sa cour. L'exilé s'illustra dans trois batailles contre les Sarrasins et sauva ainsi l'empire. L'empereur lui offrit la main de sa fille, mais il refusa, préférant mener une vie d'ermite.
Un personnage historique ?
Château de Robert le Diable.
Robert le Diable a donné son nom à un château, situé à Moulineaux, près de Rouen, en bordure de l'autoroute A13. Mais aucune preuve de sa construction par ce personnage n'existe.
Il est en tout cas difficile de croire que Robert corresponde à un personnage qui ait vraiment existé. Le récit comporte tellement peu de références historiques et quand il y en a, elles se révèlent incohérentes.
Certains auteurs ont cru y voir Robert le Magnifique, duc de Normandie et père de Guillaume le Conquérant. Leur vie a en effet des points communs : une adolescence turbulente, un séjour à Constantinople auprès de l'empereur, des violences contre le clergé suivies d'une assimilation au diable, un repentir apparemment sincère et un pèlerinage expiatoire (le personnage littéraire va à Rome, tandis que Robert le Magnifique se rend à Jérusalem), enfin une mort édifiante. Cependant, des divergences importantes existent : Robert n'a pas eu de mère nommée Inde, il n'a pas renoncé au duché de Normandie pour devenir ermite, etc. D'autres auteurs ont établi quelques parallèles avec Robert II de Bellême, un seigneur normand dépeint comme cruel. Quoi qu'il en soit, même si on peut être tenté de concilier interprétation historique et vision légendaire en se fondant sur des analogies, celles-ci restent très fragiles.