Le 27 octobre 1972, un Vickers Viscount de la compagnie Air Inter reliant Lyon à Clermont-Ferrand disparaît des écrans de contrôle. Il est environ 19 h 20 quand l'avion percute les sapins du bois de la Faye, à la limite de Viscomtat et de Noirétable. La catastrophe fait 60 morts
Vendredi 27 octobre 1972, 18 h 35. À l’aéroport de LyonBron, le Viscount décolle. Direction Clermont-Ferrand. La plupart des soixantetrois passagers poursuivent en suite leur route vers Bordeaux. De violentes bour rasques de vent secouent l’appareil. Il est environ 19 h 20 quand, dans la vallée de la Durolle, en lisière du bois de la Faye, des cultivateurs entendent un avion voler à très basse altitude.
Soudain, le centre de coordination des secours d’AixenProvence, qui suit le Viscount, n’en voit plus la trace sur ses écrans de contrôle. Le plan Sater (acronyme de sauvetage aéroterrestre) est déclenché. Deux mille hommes sont mobilisés. Des informations invérifiables circulent.
À 22 h 15, M. Crocombette, qui vient d’entendre à la radio qu’un avion s’est égaré, fait le rapproche ment avec le passage anormalement bas, quelques heures plus tôt, d’un appareil près de sa ferme. Il se rend à la brigade de Noirétable et apporte son témoignage au brigadier chef. Les premières équi pes de secours prennent le chemin de la montagne des bois de Faye, lesquels s’étendent à cheval sur les communes de Noirétable et de Viscomtat.
Il pleut à verse. Par les chemins de débardage, dont la pente devient de plus en plus raide, les sauveteurs qua drillent le bois, côté Puy-de-Dôme et côté Loire. Vers 1 h 40, l’une des équi pes conduites par le jeune étudiant Alain Rejony, in fatigable coureur de bois, s’approche du sommet du pic Picot, à quelque 1.000 mètres d’altitude. Des écharpes de brouillard essoufflent un peu plus les sauveteurs. Brusquement, une forte odeur de kérosène se ma nifeste. Alain, le plus jeu ne et le plus rapide, par vient le premier au sommet.
À gauche de la pierre Beille, véritable borne entre les deux limites des départements de la Loire et du Puy-de-Dôme, des sapins ont été étêtés sur une longueur de plusieurs dizaines de mètres. Paysage d’apocalypse Dans la lueur de sa torche, Alain Rejony distingue un, puis deux éléments métalliques. Le train d’atterrissage avant de l’appareil est encastré entre deux sapins. Une hélice est fichée dans le sol, côté Loire. À deux cents mètres de là, dans une lar ge clairière, gisent les res tes du fuselage du Vis count. Les sauveteurs se hèlent et convergent vers l’épave autour de laquelle sont éparpillés des corps dénudés, mutilés. Dans ce paysage d’apocalypse, le silence résonne.
Extrait du Journal La Montagne du 23/10/2012