Cette cache fait partie du "HV tour, les 200 communes de la Haute-Vienne".
[HV tour #115] Peyrilhac
Alors que pour l'Académie Française le village se défini comme une "agglomération rurale; groupe d'habitations assez important pour former une unité administrative, religieuse ou tout au moins pouvant avoir une vie propre", en Limousin il prend un sens plus restreint en tant que "habitat formé de plusieurs maisons, réparti plus ou moins en réseau sur l’espace paroissial (puis communal)" ce qui correspond plus à la définition du hameau ("Groupe d'habitations rurales situées à l'écart d'un village et administrativement rattachées à une commune").
Les démembrements des grandes "villae" gallo-romaines (de quelques centaines d'hectares) du temps des Carolingiens, a conduit à la formation de "manses" (à l'origine de tous les villages nommés "mas") c'est-à-dire des territoires d'exploitation (de quelques dizaines d'hectares) concédé par un maitre de domaines ce qui a contribué à la dispersion de l'habitat en Limousin.
Ces villages sont regroupés administrativement autour d'un bourg paroissial, un des villages souvent pas plus important que les autres mais qui abrite l'église, les commerces et la place du marché.
Exemple de paroisse avec tous ses villages
Le village, le plus souvent construit sur une hauteur, est peuplé par une seule "famille" : celle de l'exploitant avec ses ascendants et la famille de ses descendants mais aussi parfois des « comparsonniers ». Il comporte au maximum une dizaine de bâtiments.
Dans l'architecture agricole, les bâtiments peuvent être classés en deux types : la "maison des hommes" (le logis) et la "maison des animaux" (la grange-étage). Ces deux "maisons" souvent jointives font l'objet d'une évolution permanente qui entraine de fréquentes inversions. Le chaume qui couvrait ces maisons jusqu'à la fin du XIXème siècle a été remplacé par tuile mécanique.
Le logis est très souvent composé d'une seule pièce de plain-pied. Une seule porte toujours ouverte apporte la lumière (à l'origine, il était rare d'avoir une petite fenêtre). Toute la famille dort, vit et travaille dans cette pièce au sol en terre battue (le dallage du sol n'est arrivé qu'à la fin du XIXème siècle) autour de la cheminée. Le lit est positionné sous l'escalier qui donne accès au grenier dans lequel est stocké la réserve de paille ou de foin.
La grange-étable classique du Limousin est aussi de plain-pied : elle est divisée en trois parties :
- un grand portail ouvrant à deux battants donne accès à un hall de stockage du matériel agricole ;
- de part et d'autre du hall sont disposées les étables légèrement en contrebas afin de faciliter l'approvisionnement des mangeoires. Des ouvertures sur le hall en bois (les cornadis) permettent aux bêtes de passer la tête pour atteindre la mangeoire. Au dessus de ces étables, des barges permettent d'accueillir la réserve de paille et foin.
Exemple de grange-étable accolée au logis
A côté du logis, se trouvaient :
- les airages [lou chapusadour] qui permettent d'entreposer le bois de chauffage, le fumier et le matériel agricole ;
- le couderc, enclos planté d'arbres fruitiers (pêcher, poirier, pommier, figuier) qui accueille les porcs (avec la porcherie [lou crechou] et la soue) et les poules (avec le poulailler [lou jalinher] avec parfois un pigeonnier [lou pijonier]) ;
- le jardin potager [l’ort]: en plus des plantes de subsistance (chou, topinambour, rave, fève puis pomme de terre), on y trouvait souvent un laurier-sauce, des arbustes à fruits, des plantes médicinales ou décoratives voire un buis, un sureau ou une noisetière (ou coudrier). Des plants de vigne ou des ruches pouvaient être présentes mais aussi, comme on dit en Limousin, « entre lou re vai de pe », — là où le roi va à pied — [lou chijadour] ;
- le clédier [lou cledie] qui permet de faire sécher les châtaignes ;
- le fournil [lou fourniaud];
- le puits [lou pou];
- le lavoir ;
- la pêcherie qui sert moins de réserve de poissons qu’à laver le linge, irriguer les prés et aussi à rouir le chanvre ou les perches de châtaigniers destinées au tressage de paniers.
Le couderc et le jardin étaient réservés aux habitants du logis mais les autres éléments pouvaient être mis en commun avec les autres habitants du village.
Carte d’état-major des alentours de Peyrilhac (1830-1855)
Le Puy Dieu est un des 56 villages de la commune de Peyrilhac (L'Age, Banèche, Baraugout, La Béraudie, La Boisserie, Boissournet, Les Borderies, Le Boucaret, Le Breuil, Les Bruyères, Les Cadophies, Le Camp, La Cantine, La Châtaigneraie, Chauvour, Chavaignac, Conore, Le Dejai, L’Étang de Conore, La Font-du-Breuilh, Les Fosses, Fôt, Fourcelas, Gaudonneix, Les Grenouilles, La Lande, Laurière, Lauriget, Lavaud, Maison-Neuve, Le Mas d'Aixe, Le Mas de la Vie, Le Mas du Bost, Mont-Cocu, Le Montezour, La Mothe, Le Moulin-de-la-Roche, Les Pâquerettes, La Petite-Roche, Le Pic, Le Picou, Pompadour, La Prade, Le Puy-des-Elies, Le Puy-Dieu, Puy-Seru, Le Queyroix, La Roche, Trachaussade, La Tuilière, Vaugoulour, Le Verger, La Vergne-Jourde, les Vergnes).
Il présente une structure un peu originale pour un village du Limousin avec ses bâtiments séparés, sa jolie fontaine qui remplace le puits et le lavoir mais aussi sa tour-pigeonnier. Au XIXème siècle, il y avait un étang dans la boucle de la route.
Si vous venez en voiture, attention où vous vous garez car les bâtiments du village sont habités. Vous pouvez aussi venir par le chemin de randonnée depuis le bourg de Peyrilhac.
Sources :
- Maurice Robert "La maison et le village en Limousin, habitat rural et communauté paysanne" (1993) 404 pp.
- Jean Tricard (dir.) "Le village des Limousins. Études sur l’habitat et la société rurale du Moyen Âge à nos jours" (2003) 352 pp.