Le Château de Juvigny
Extrait de "Chateaux et Manoirs de Champagne"
Philippe SEYDOUX - Editions de la Morande
De l'ancien château de Juvigny, enjeu de combats sous Charles VI, au cours de la Guerre de Cent ans , les douves constituent le vestige le plus visible. Passée au XVIème siècle aux Dorigny, la terre fut acquise en 1631 par Jean Clozier, commissaire ordinaire des Guerres et conducteur de la cavalerie légère, qui fit élever une chapelle dans l'église et mourut en 1660.
Egalement prénommé Jean, son second fils passa avec Nicolas Petit, architecte à Reims, un marché en date du 3 février 1702, pour desmolir le chasteau de Juvigny et le rebastir, moyennant 41 et l0s par toise de maçonnerie, sous réserve de la fourniture des matériaux nécessaires. Mort le 22 juin de la même année, il laissa à son neveu Charles Roland, conseiller au parlement de Paris (+ 1722), le soin de mener à bien les travaux.
Passé en 1780 à Pierre-Florimond de Fraguier, président à la chambre des Comptes de Paris -qui fit restaurer l'église par l'architecte Durand -le domaine fut acquis sous l'Empire par Alexandre Godart, qui devint maire de Châlons - il y fit preuve de talents d'urbaniste et se retira à Juvigny où il s'attacha à améliorer les techniques de culture (+ 1856). Il appartient aujourd'hui aux enfants de Henri Hénimann (+ 1998), descendant direct de ce dernier, les familles Caubère et Fournis.
Comme la plupart de ceux des environs de Châlons, le château de Juvigny, situé à l'extrémité du village, est une demeure paisible et dépourvue de toute ostentation. Sur ses façades de craie taillée se détachent discrètement les cordons rectilignes et les chaînes harpées en pierre dure qui soulignent les angles et les travées. Simple en profondeur, le corps de logis se développe entre deux ailes dont la saillie, sur la cour d'honneur, correspond aux escaliers latéraux, l'un en bois, l'autre doté d'une rampe en fer forgé (c.l770). A ce parti, hérité du XVIIème siècle, appartient également le dessin des portes latérales, ménagées sous une imposte et un tableau encadré de volutes.
Deux corps de dépendances - vraisemblablement rehaussés d'un étage sous la Restauration - se développent de part et d'autre de la cour, jusqu'aux hauts pavillons qui encadrent l'entrée. Sur la droite, un porche conduit à la cour de ferme, située sur le terre-plein qui porte le château. Ses bâtiments brique et pierre (c. 1830) se prolongent au-delà des douves.