L’archéologie du paysage se situe au carrefour entre l’histoire et la géographie. Elle se caractérise par des prospections au sol permettant de repérer d’éventuels indices archéologiques (fragments de tuiles, de mortier, de terre cuite, tessons de poterie, charbon de bois, scories1, etc.) et des éléments du paysage témoignant de l’occupation et de l’exploitation du terrain par l’homme (présence de fossés, talus, réseau hydraulique, végétation spécifique, etc.).
Depuis plusieurs années, un prospecteur agrémenté parcourt ainsi la forêt de Chambord à la recherche des traces d’occupation humaine. Il a retrouvé d’anciens parcellaires forestiers, chemins, maisons ou fermes, mais aussi des mottes castrales2, tumuli3, loges de bûcheron ou sites d’extraction de minerai de fer. Ses prospections ont permis de découvrir de nombreux vestiges archéologiques dont certains datent du Néolithique.
1 Résidus minéraux provenant de la réduction du minerai de fer (le site de Chambord abrite plusieurs sites d’extraction et de transformation du minerai d’époque gallo-romaine ou médiévale).
2 Ouvrage de défense médiéval ancien, souvent considéré comme un château fort primitif.
3 Eminence artificielle composée de terre et de pierres, circulaire ou non, recouvrant une sépulture.
UN PEU D’HISTOIRE :
En 1547, des Maîtres de la Chambre des comptes de Blois rédigent, à la demande du Roi Henri II, un procès-verbal de visite des fermes du parc de Chambord. En arrivant sur le site des Brosses, ils notent que le lieu est inhabité et « fort ruyné ». Il y a bien une maison mais ses huisseries ont été emportées ! Elle nécessite d’importantes réparations pour être de nouveau logée. Cependant, un jardin et des terres agricoles (environ 2 à 3 ha) y sont régulièrement entretenus par le métayer de La Gabillière (située à proximité de la porte de Muides). Les envoyés du Roi projettent de faire réparer le lieu pour y réimplanter une métairie. Le site est ensuite continuellement habité et entretenu par des fermiers, jusqu’au début du XIXe siècle. Les derniers travaux de réfection des lieux ont lieu en 1801. En 1804, un état des lieux attribue à la ferme 28 ha de terres et 4 de prés. La métairie est abandonnée vers 1806, au moment où ses terres sont réunies à celles de la Gabillière.
QU’EN DIT L’ARCHEOLOGIE ?
Après le deuxième parking, une zone boisée abrite les vestiges archéologiques de bâtiments, entièrement démolis. De nombreux fragments de mortier, tuiles, tomettes, briques, poteries et des pierres sont les témoins de l’occupation humaine du site. Les épandages de restes sont si nombreux qu’il y eut probablement plusieurs unités d’habitation.
Comme dans la plupart des anciens lieux habités, la végétation qui y pousse est très spécifique. Les détections archéologiques, notamment dans les milieux forestiers, sont souvent favorisées par l’examen des plantes. C’est même un pan important de l’archéologie du paysage. Il s’agit de repérer des espèces anthropogènes qui poussent hors de leur milieu naturel ou sont surreprésentées. Elles ont indirectement été favorisées par l’homme, son habitat et ses activités (un lieu habité, cultivé enrichit le sol de phosphates et nitrates qui favorisent la pousse de certaines plantes). Cette technique de prospection permet de retrouver des fermes datant des trois derniers siècles. Sur le site des Brosses, comme dans les autres sites anciennement habités du parc de Chambord, on trouve une concentration d’aubépines, d’orties, de fusains d’Europe ou encore d’arbres fruitiers sauvages.
Enfin, comme souvent, les « anomalies » botaniques sont associées à des « anomalies » topographiques. On peut observer ici des successions de dômes et de dépressions dans le sol, caractéristiques des anciens quartiers d’habitation « fossilisés ». L’une des dépressions pourrait témoigner de la présence d’une mare, essentielle pour l’homme et ses bêtes.
L'HISTOIRE D'UN VESTIGE DE CACHE ?
L'archéologue qui fut chargé de la prospection du site des Brosses eut la surprise de découvrir une lettre assez bien conservée. Sous ces quelques mots d'amour, apparue une énigme qu'il eut du mal à déchiffrer. Aider le à résoudre cette énigme et trouver la cache...
