Un peu d’histoire
Stéphane Gachet qui a publié un livre relatant de nombreuses anecdotes ayant marqué l’histoire de la pratique sportive sur le secteur de Questembert, Malestroit Josselin, Elven, Ploërmel nous adresse cette histoire concernant les courses hippiques de Questembert, tirée de son ouvrage (*)
"Fondée en 1887, la Société des courses de Questembert est née quelques années après celles de Langonnet (1838), Vannes (1843), Lorient (1867), Pontivy (1880), Malestroit (1884). Elles précède celles de Muzillac et Ploërmel (1904), Mauron (1912), Auray (1914), Carentoir (1918) et Locminé (1936)
Avant la guerre 1939-1945, les courses de Questembert se courent selon une tradition ancienne le second dimanche de juillet, sur l’hippodrome de Tour-Han. Leur succès est réel, qui conduit les organisateurs à doter le champ de courses de nouvelles tribunes pour le public, les propriétaires de chevaux et la presse, en 1927. Cette année là, les engagements, très nombreux, s’élèvent à 74.
Comme sur d’autres hippodromes, la journée des courses de Questembert est, dans l’entre-deux guerres, l’un des événements les plus importants de la commune, dont l’éclat est rehaussé par la présence de toutes les personnalités locales – du député au maire, en passant par le clergé – et l’animation musicale assurée par l’Harmonie de la Bogue d’Or. Le soir, un feu d’artifice offert par la municipalité de Questembert est tiré sur la place du Marchix, suivi d’un bal très animé à la salle des fêtes.
En juillet 1938, les festivités sont cependant assombries par un accident mortel, attristant la fin de la quatrième épreuve, le prix du Gouvernement, qui se disputait au galop. Au moment où les chevaux arrivaient, Jean Guyot, cultivateur, demeurant près de Kerhervé, en Ambon, décide de traverser la piste ; aux injonctions de ses voisins qui lui disaient d’attendre, il répondit qu’il « avait ben l’temps » et s’engagea sur le terrain. A l’instant même, les chevaux débouchaient en trombe ; le premier, l’évita de justesse, mais Guyot se jeta littéralement dans les jambes du second qui culbuta avec son cavalier. Frappés de stupeur, les spectateurs horrifiés rompirent aussitôt les barrages et se précipitèrent autour du malheureux qui gisait inanimé, le visage couvert de sang. Le docteur Frostin, de Questembert, après un examen sommaire du blessé, toujours dans le coma, et craignant une fracture du crâne, lui fit une piqûre et demanda qu’on le conduisit d’urgence à l’hôpital de Vannes. Pendant ce temps, le docteur Gaspais, de Questembert, donna les soins au jockey, M. Langlois, que l’on avait transporté au pesage après sa chute. Très fortement commotionné, ce dernier eut l’épaule gauche démise et une fracture de la clavicule. Quant au cheval « Sans-Tache », sa monture, un galopeur de beaucoup d’avenir, âgé de 3 ans et dont la valeur était déjà considérable, il s’était fracturé l’épaule et devra être abattu ; M. Paul Danion, châtelain de Rocarant, en Bohal, bien connu des turfistes du secteur, en était le propriétaire.
En 1939, le bail des terrains composant l’hippodrome de Toul’han arrive à expiration. Après différentes recherches, le choix de la société des courses se porte sur un superbe pâturage d’environ 13 hectares, d’un seul tenant, situé sur le plateau de Kerjégo, à 1800 mètres de Questembert."
(*) "Naissance des sports dans le Morbihan" aux éditions Les Oiseaux de Papier