Le "Pont des Fées" reliant le Morthomme et le Saint-Mont et rejoignant le plateau du Fossard par le Sentier des Moines, a été inscrit sur l'inventaire supplémentaire des monuments historiques par arrêté du 4 février 1988.
Long d’une centaine de mètres et haut d’une douzaine, il est constitué de milliers de rochers.
On y a retrouvé des vestiges gallo-romains et d’époques postérieures mais son origine reste mystérieuse.
Parmi les légendes qui circulent sur ce lieu ,l’ une raconte qu’il y a fort longtemps vivait au "château" du Saint-Mont (c'est le nom actuel de la montagne) le seigneur Aimery que tous les habitants du voisinage tenaient en haut estime. Son nom était vénéré dans toutes les chaumières, sa bonté envers les humbles, sa générosité pour les pauvres et les malades étant connues dans tout le pays.
Par contre, sur la montagne voisine, le Morthomme servait de refuge à un méchant sorcier du nom de Marlus, que tout le monde craignait pour ses pillages et ses crimes ; il répandait la terreur partout.
Un soir que Marlus s'apprêtait à piller un pauvre bûcheron malade, Aimery intervint, livra bataille et chassa le misérable. Furieux le sorcier lui voua une haine terrible et jura de tirer vengeance de son échec.
Quelques temps après cette aventure Aimery épousa en l'église de Remiremont la princesse Aliénor, aussi aimable que belle. Des fêtes brillantes suivirent la cérémonie. Tous les habitants étaient heureux de participer au bonheur de leurs bienfaiteurs. Le soir des noces, laissant leurs invités, les jeunes époux gagnèrent le château d'Habend. Tout à coup, la jeune épouse disparut, enlevée par l'infâme Marlus qui l'enferma dans une ruine du Morthomme, appelée la Tour des Corbeaux.
Le seigneur Aimery voulut courir au secours de sa jeune femme ; mais il ne disposait que d'un seul passage franchissable pour aller la délivrer. Il s'agissait d'un étroit sentier, qui plongeait dans la vallée pour, sur l'autre versant, gravir la pente escarpée du Fossard, toute cette montagne étant recouverte de végétation épaisse, de buissons, de ronces acérées et de rochers à pic, entre lesquels il était pratiquement impossible de passer. Pour se préserver le brigand Marlus faisait garder le ravin par un effrayant dragon, monstre gigantesque, aux yeux flamboyants, à la gueule armée de crocs, aux pattes terriblement griffues.
Aimery ne pouvait rien entreprendre vers le repaire du brigand sans risquer d'être dévoré. Il alla demander du secours et revint avec une bande d'hommes armés. Peine perdue, les flèches se brisaient sur la carapace du dragon menaçant; toutes les tentatives demeuraient infructueuses, alors que, dans la Tour des Corbeaux, la pauvre Aliénor se mourait de peur et de chagrin.
Désespéré, Aimery pensait se jeter dans l'étang de Xennois, lorsqu'une fée bienfaisante prit en pitié le pauvre époux et s'en vint lui offrir son aide en exigeant la promesse qu'il ne révélerait jamais ce qu'il verrait, moyennant quoi, le lendemain , au jour, il pourrait voler au secours de sa princesse.
La fée appela ses compagnes et tout au cours de la nuit, elles étalèrent pierre sur pierre pour construire un pont grâce auquel Aimery put aller au secours de sa femme sans emprunter le sentier gardé par le dragon. Le soleil commençait à peine à rosir le ciel derrière la Chèvre Roche qu'Aimery se précipita, traversa le profond ravin, grâce au pont construit en une nuit, courut à la Tour des Corbeaux, délivra sa femme et l'emporta dans ses bras jusqu'à son château où protégés par les fées ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants.
Le monstre voyant qu'il avait été joué se mit à pousser des hurlements affreux qui alertèrent son maître. Furieux, celui-ci prit son lourd glaive et d'un coup bref lui trancha la tête ....
Depuis cette époque il n'y a plus de dragons dans les Vosges et on peut toujours voir actuellement le pont construit en une nuit par les fées…